Les coopérations interprofessionnelles sont "une mauvaise réponse" aux déserts médicaux

26 décembre 2012

Dépêche APM international du 19 décembre 2012 (NCPLJ006)

Les adhé­rents du Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers (SNPI/CFE-CGC) ont jugé à la "quasi-una­ni­mité" que les coo­pé­ra­tions entre pro­fes­sion­nels de santé cons­ti­tuaient "une mau­vaise réponse aux pro­blè­mes de déser­ti­fi­ca­tion et de démo­gra­phie médi­cale", indi­que mer­credi un com­mu­ni­qué du SNPI.

Lors du congrès du syn­di­cat, qui a eu lieu les 3 et 4 décem­bre 2012, ses mem­bres étaient invi­tés à se pro­non­cer sur les moda­li­tés de mise en oeuvre des pro­to­co­les prévus par l’arti­cle 51 de la loi hôpi­tal, patients, santé et ter­ri­toi­res (HPST) de 2009.

Par ailleurs, un son­dage réa­lisé par le syn­di­cat via inter­net a reçu 87% de répon­ses défa­vo­ra­bles aux coo­pé­ra­tions, sur plus de 13.000 recueillies.

La ques­tion était posée en ces termes : "Vous êtes favo­ra­ble [aux coo­pé­ra­tions], car cela permet de réa­li­ser plus d’actes médi­caux" ou "Vous êtes contre, car c’est juste un trans­fert d’actes sans reconnais­sance". Le syn­di­cat se disait lui-même "par­ti­cu­liè­re­ment réservé" sur l’inté­rêt du dis­po­si­tif "pour les pro­fes­sion­nels, mais aussi pour les patients".

Les répon­ses ont été trans­mi­ses par cour­riel, de façon à éviter les dou­blons. Un seul vote par adresse électronique était comp­ta­bi­lisé.

L’équipe du syn­di­cat a été sur­prise par le nombre de répon­ses, assure le secré­taire géné­ral du SNPI, Thierry Amouroux, dans une réponse écrite à l’APM mer­credi.

"Les infir­miè­res ne sont pas hos­ti­les aux évolutions de leurs pra­ti­ques, mais elles refu­sent de raser gratis. Elles atten­dent des évolutions pro­fes­sion­nel­les, pas de faire des actes en plus pour déchar­ger les méde­cins", résume-t-il.

"Les coo­pé­ra­tions se conten­tent de répon­dre à des besoins précis en actes, petit bout par petit bout, alors qu’elles sou­hai­tent une prise en soins glo­bale", ajoute-t-il.

A la lec­ture des com­men­tai­res des par­ti­ci­pants au son­dage, "l’objec­tif" est, pour Thierry Amouroux "de cons­truire le niveau M" (master), "avec une for­ma­tion diplô­mante qui débou­che sur une nou­velle fonc­tion, consi­dé­rée et payée comme telle".

FONCTION "KLEENEX"

Dans son com­mu­ni­qué, le SNPI fait valoir que la for­ma­tion dis­pen­sée aux infir­miers dans le cadre des coo­pé­ra­tions n’est pas vali­dante, et dif­fère d’un endroit à l’autre.

Il déplore que ces nou­veaux actes soient pra­ti­qués "sans reconnais­sance sta­tu­taire et sala­riale". "C’est d’ailleurs une fonc­tion ’Kleenex’, dans la mesure où si le méde­cin s’en va, le pro­to­cole tombe, et l’infir­mière retourne à la case départ", ren­ché­rit-il.

Il regrette que les agen­ces régio­na­les de santé (ARS) aient "ten­dance à étendre les pro­to­co­les à d’autres régions, alors qu’il n’y a aucune évaluation des résul­tats obte­nus".

Ces pro­to­co­les "per­met­tent juste de régu­la­ri­ser des situa­tions exis­tan­tes, de léga­li­ser de petits arran­ge­ments locaux", et ne com­por­tent "aucune garan­tie pour les usa­gers sur les qua­li­fi­ca­tions et les com­pé­ten­ces des pro­fes­sion­nels impli­qués, ainsi que sur la régu­la­rité et les moda­li­tés de leur exer­cice", ajoute le SNPI.

En juin, le Syndicat natio­nal des infir­miers anes­thé­sis­tes (Snia) avait demandé dans un cour­rier à la minis­tre des affai­res socia­les et de la santé, Marisol Touraine, de "reve­nir sur l’arti­cle 51 de la loi HPST" (cf APM NCPF8003).

Le minis­tère réflé­chit aux moyens de mieux rému­né­rer les pro­fes­sion­nels de santé qui par­ti­ci­pent à des pro­to­co­les de coo­pé­ra­tion, par exem­ple sous forme de primes pour les infir­miers hos­pi­ta­liers, a indi­qué début décem­bre le direc­teur géné­ral de l’offre de soins (DGOS), Jean Debeaupuis (cf APM ABPL4001).

Le déve­lop­pe­ment des trans­ferts de com­pé­ten­ces cons­ti­tue l’une des 12 mesu­res du "pacte" de lutte contre les déserts médi­caux que Marisol Touraine a pré­senté jeudi 13 décem­bre.

Voir également :
- 87% des infir­miè­res hos­ti­les aux coo­pé­ra­tions de l’arti­cle 51 de la loi HPST
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/87-des-infir­mie­res-hos­ti­les-aux.html
- INFIRMIER.COM : 87% des infir­miè­res hos­ti­les aux coo­pé­ra­tions inter­pro­fes­sion­nel­les
http://www.infir­miers.com/votre-car­riere/votre-car­riere/des-infir­mie­res-hos­ti­les-aux-coo­pe­ra­tions-inter­pro­fes­sion­nel­les.html
- ACTUSOINS.COM : Une large majo­rité d’infir­miè­res oppo­sée aux pro­to­co­les de coo­pé­ra­tion
http://www.actu­soins.com/12598/une-large-majo­rite-din­fir­mie­res-oppo­see-aux-pro­to­co­les-de-coo­pe­ra­tion.html
- ESPACEINFIRMIER.COM Les infir­miè­res pas prêtes à coo­pé­rer http://www.espa­cein­fir­mier.com/actua­li­tes/detail/61388/les-infir­mie­res-pas-pretes-a-coo­pe­rer.html
- SANTEMENTALE.FR : 87 % des infir­miè­res hos­ti­les aux trans­ferts d’actes
http://www.san­te­men­tale.fr/actua­li­tes/87pour­cent-des-infir­mie­res-hos­ti­les-aux-trans­ferts-d-actes.html
- SANTELOGCOM : 87% des infir­miè­res hos­ti­les aux coo­pé­ra­tions de l’arti­cle 51 de la loi HPST – SNPI
http://blog.san­te­log.com/2012/12/19/87-des-infir­mie­res-hos­ti­les-aux-coo­pe­ra­tions-de-lar­ti­cle-51-de-la-loi-hpst-snpi/
- EGORA Les infir­miers rejet­tent les coo­pé­ra­tions inter pro­fes­sion­nel­les
http://www.egora.fr/sante-societe/orga­ni­sa­tion-des-soins/156403-les-infir­miers-rejet­tent-les-coop%C3%A9rations-inter­pro­fes­sio
- VEILLE PROSPECTIVE : 87% des infir­miè­res hos­ti­les aux coo­pé­ra­tions de l’arti­cle 51 de la loi HPST

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