Maladie mentale : guérison ou rétablissement ?

2 mars 2013

La mala­die men­tale est sou­vent consi­dé­rée comme une mala­die
comme les autres. Malheureusement, cela crée une cer­taine
confu­sion entre la gué­ri­son et le réta­blis­se­ment des per­son­nes
attein­tes de mala­die men­tale.

Par réta­blis­se­ment, on entend géné­ra­le­ment l’élimination ou la réduc­tion des symp­tô­mes, ce qui
se pro­duit en effet chez de nom­breu­ses per­son­nes. La recher­che
révèle que 25 à 65 p. 100 des per­son­nes souf­frant d’une forme grave
de mala­die men­tale attei­gnent un réta­blis­se­ment « cli­ni­que »
com­plet.

Cependant, l’hypo­thèse selon laquelle le réta­blis­se­ment
est syno­nyme de gué­ri­son ne tient pas compte du nombre crois­sant
de don­nées de recher­che mon­trant qu’une per­sonne peut
retrou­ver une vie inté­res­sante et satis­fai­sante sans pour autant être
guérie des symp­tô­mes de la mala­die.

Dans le contexte de la santé men­tale, le « réta­blis­se­ment » fait
réfé­rence à la « pos­si­bi­lité de mener une vie satis­fai­sante, pleine
d’espoir et utile, en dépit des inconvé­nients causés par les trou­bles
de santé men­tale ». De tout temps, les patients ont entendu dire
que leur mala­die per­sis­te­rait, voire s’aggra­ve­rait avec le temps.
La recher­che com­mence cepen­dant à mon­trer que le fait de donner
de l’espoir et d’adop­ter une atti­tude favo­ri­sant le réta­blis­se­ment est
essen­tiel pour amé­lio­rer les résul­tats indi­vi­duels, sou­la­ger les
symp­tô­mes et opti­mi­ser l’uti­li­sa­tion des res­sour­ces en matière
de santé.

DES STATISTIQUES ÉLOQUENTES

Selon les esti­ma­tions des scien­ti­fi­ques, plus de 6,7 mil­lions de
Canadiens ont souf­fert d’un pro­blème de santé men­tale en 2011.
La mala­die men­tale se classe dans une caté­go­rie de mala­dies
aux­quel­les on asso­cie un recours impor­tant au sys­tème de santé,
une réduc­tion de la pro­duc­ti­vité et la souf­france humaine.

On estime que la part directe des dépen­ses de santé impu­ta­bles aux
mala­dies men­ta­les au Canada a atteint pas moins de 42,3 mil­liards
de dol­lars en 2011. Les réper­cus­sions impor­tan­tes de la mala­die
men­tale font appa­raî­tre clai­re­ment qu’une appro­che effi­cace visant
à pro­mou­voir le réta­blis­se­ment des patients pour­rait géné­rer des
gains sub­stan­tiels sur le plan indi­vi­duel, social et économique.

Un modèle de réta­blis­se­ment en santé men­tale qui met
l’accent sur le réta­blis­se­ment cli­ni­que et per­son­nel est
impor­tant tant pour les uti­li­sa­teurs des ser­vi­ces que pour leurs
pres­ta­tai­res. Tout en encou­ra­geant l’appren­tis­sage de
l’auto­no­mie, l’entraide et les chan­ge­ments d’atti­tu­des, cette
appro­che sou­li­gne aussi l’impor­tance d’ins­tau­rer des ser­vi­ces
et des trai­te­ments favo­ra­bles et orien­tés vers le réta­blis­se­ment.

Cette appro­che a conduit à la créa­tion de nom­breux ser­vi­ces
et pro­gram­mes d’aide tels que le sou­tien par les pairs et le
main­tien de l’auto­no­mie et favo­risé l’évolution de la rela­tion
cli­ni­cien-patient. Qui plus est, elle ren­force les chan­ge­ments
sociaux en éliminant la stig­ma­ti­sa­tion et l’exclu­sion sociale
des indi­vi­dus.

La recher­che montre qu’en per­met­tant
aux indi­vi­dus de pren­dre le contrôle de leur propre plan de
réta­blis­se­ment, ces der­niers res­tent plus long­temps au sein de la
col­lec­ti­vité, fonc­tion­nent de manière plus effi­cace et ont plus de
chan­ces d’attein­dre leurs objec­tifs de réta­blis­se­ment tels que
mener une vie auto­nome ou accé­der à un emploi. L’appui de la
col­lec­ti­vité joue aussi un rôle impor­tant dans l’atteinte de ces
objec­tifs, y com­pris l’accès à un loge­ment à prix abor­da­ble, à
l’éducation et à l’emploi.

CONCLUSION

Vivre avec une mala­die men­tale peut, dans le pire des cas, s’avérer une
expé­rience dévas­ta­trice, notam­ment lors­que les sys­tè­mes de pres­ta­tion
de ser­vi­ces de santé ren­for­cent le mythe selon lequel il n’y a pas d’espoir
d’amé­lio­ra­tion. Toutefois, un nombre crois­sant de don­nées pro­ban­tes
démon­tre que le retour à une vie satis­fai­sante en dépit des contrain­tes
impo­sées par la mala­die est non seu­le­ment pos­si­ble mais pro­ba­ble.

Les per­son­nes ayant une expé­rience de vie savent depuis long­temps que
l’espoir, l’auto­no­mie et le sou­tien des autres ren­dent le réta­blis­se­ment
pos­si­ble. La pro­mo­tion d’un sys­tème de santé men­tale qui pour­suit
comme objec­tif le réta­blis­se­ment per­son­nel autant que cli­ni­que peut
réduire le coût des ser­vi­ces de santé, amé­lio­rer la qua­lité de vie des
patients, favo­ri­ser leur inser­tion sociale et les aider à mener une vie
pleine et active.

Source : http://www.fcass-cfhi.ca/Libraries/Mythbusters/12-CHSRF-1030-Mythbusters_French_Layout_Web.sflb.ashx

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