Nouveau coronavirus Covid-19 : conduite à tenir en France

25 janvier 2020

Actualisation au 6 avril 2020
Repérer et prendre en charge un patient suspect d’infection à nouveau Coronavirus 2019

Cet arti­cle date du pre­mier pic. Pour l’actua­lité de décem­bre 2020, voir https://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Vaccins-Covid-19-stra­te­gie-HAS-de-prio­ri­sa­tion.html

Les symp­tô­mes décrits évoquent prin­ci­pa­le­ment une infec­tion res­pi­ra­toire aiguë (fièvre, toux), mais des dif­fi­cultés res­pi­ra­toi­res et des ano­ma­lies pul­mo­nai­res détec­ta­bles radio­lo­gi­que­ment sont également décrits, ainsi que des formes plus sévè­res.

La mala­die débute après 2 à 14 jours d’incu­ba­tion (en moyenne 3 à 7 jours) par des signes cli­ni­ques peu spé­ci­fi­ques (toux, fièvre ≥ 38° ou sen­sa­tion de fièvre, dys­pnée, fati­gue, ano­rexie rhi­nor­rhée, myal­gies, cépha­lées, pha­ryn­gite). D’autres signes appa­rais­sent ensuite dans cer­tains cas : vomis­se­ments, diar­rhée, cépha­lées, ver­ti­ges, conjonc­ti­vite. L’ana­lyse actua­li­sée des don­nées épidémiologiques met en lumière l’étendue du spec­tre cli­ni­que de l’infec­tion, allant de formes asymp­to­ma­ti­ques jusqu’aux formes les plus graves. La symp­to­ma­to­lo­gie res­pi­ra­toire reste au pre­mier plan. Les formes sévè­res repré­sen­tent 13 à 17% et la léta­lité est de 2 à 3% des cas décla­rés en Chine.

Le niveau de conta­gion : chaque malade infec­te­rait entre deux et trois per­son­nes, soit plus que la grippe (1,3), mais net­te­ment moins que la rou­geole (plus de 12) et com­pa­ra­ble au SRAS (3). La mala­die est béni­gne dans 80% des cas, grave dans 15% des cas et néces­site un pas­sage en réa­ni­ma­tion dans 5% des cas (entre 2 et 3% de léta­lité).

A ce jour, il n’existe pas de trai­te­ment spé­ci­fi­que au Covid-19 dis­po­ni­ble, et le trai­te­ment est essen­tiel­le­ment symp­to­ma­ti­que.

Les patients avec des mala­dies chro­ni­ques préexis­tan­tes telles que l’hyper­ten­sion, mala­dies car­dio­vas­cu­lai­res, dia­bète, mala­dies hépa­ti­ques, mala­dies res­pi­ra­toi­res sem­blent plus sus­cep­ti­bles de déve­lop­per des formes sévè­res, de même que les per­son­nes âgées.

La mala­die se trans­met par les pos­tillons (éternuements, toux). On consi­dère donc que des contacts étroits (1 mètre) sont néces­sai­res pour trans­met­tre la mala­die. Le port du masque chi­rur­gi­cal est recom­mandé pour les per­son­nes mala­des symp­to­ma­ti­ques pour éviter de dif­fu­ser la mala­die par voie aérienne.

Une ana­lyse a été menée pour évaluer le niveau d’expo­si­tion de ces per­son­nes contacts aux cas confir­més. Certains contacts ont été consi­dé­rés comme étant sus­cep­ti­bles de donner lieu à une trans­mis­sion du virus. Les per­son­nes concer­nées ont été infor­mées et une conduite à tenir leur a été trans­mise. Celle-ci consiste à :
- un suivi actif durant 14 jours après le der­nier contact avec le cas ;
- appe­ler le 15 en cas de symp­tô­mes, en évitant de se rendre direc­te­ment chez un méde­cin ou dans un ser­vice d’accueil des urgen­ces ;
- pren­dre sa tem­pé­ra­ture 2 fois par jour, tous les jours ;
- porter un masque chi­rur­gi­cal en cas d’appa­ri­tion des pre­miers symp­tô­mes de fièvre ou de signes res­pi­ra­toi­res.

Il est pro­ba­ble que ce coro­na­vi­rus soit simi­laire à celui des autres coro­na­vi­rus humains, qui sont géné­ra­le­ment trans­mis lors de contacts étroits après l’inha­la­tion de gout­te­let­tes infec­tieu­ses émises lors d’éternuements ou de toux par le cas ou après un contact avec des sur­fa­ces fraî­che­ment conta­mi­nées par ces secré­tions.

Enfants

L’épidémie semble épargner en grande partie les enfants, tant en inci­dence de la mala­die (cas confir­més) qu’en pro­por­tion de formes graves dans l’épidémie chi­noise., Les don­nées ita­lien­nes confir­ment à ce jour le peu de cas pédia­tri­ques, avec seu­le­ment 8 cas confir­més sur les 650 pre­miers cas.

Si la mala­die est moins fré­quente, c’est que pro­ba­ble­ment les formes asymp­to­ma­ti­ques ou pau­ci­symp­to­ma­ti­ques sont pré­do­mi­nan­tes, mais elles contri­buent pro­ba­ble­ment à la dif­fu­sion de l’épidémie. C’est la raison pour laquelle la fer­me­ture des écoles a été l’une des pre­miè­res mesu­res prises pour limi­ter l’exten­sion de l’épidémie dans cer­tains pays ou régions. C’est également pour cela que les mesu­res d’hygiène (gestes bar­riè­res) sont indis­pen­sa­bles et doi­vent aussi concer­ner les enfants à chaque fois que pos­si­ble.

Plusieurs hypo­thè­ses sont sou­le­vées pour expli­quer cette gra­vité moin­dre chez l’enfant :
- Les enfants sont sou­vent infec­tés par d’autres coro­na­vi­rus qui don­nent des mala­dies béni­gnes : immu­nité croi­sée ?
- Les récep­teurs au coro­na­vi­rus des cel­lu­les res­pi­ra­toi­res des enfants pour­raient être dif­fé­rents de ceux des adul­tes.
- Les mani­fes­ta­tions pul­mo­nai­res graves du coro­na­vi­rus sont tar­di­ves, sug­gé­rant que les pro­ces­sus immu­ni­tai­res (pos­si­ble­ment dif­fé­rents chez l’enfant) jouent un rôle dans la genèse des lésions.

Conduite à tenir

Si un patient vous contacte, il doit s’adres­ser au Centre 15. Il ne doit pas passer par un ser­vice d’urgen­ces ou une salle d’attente de cabi­net de soins. Le 15 va orga­ni­ser direc­te­ment sa prise en charge avec les mesu­res ci-des­sous, afin d’éviter le contact avec d’autres patients. Des pré­cau­tions d’hygiène doi­vent être mises en place dès la sus­pi­cion du cas, que ce soit en cabi­net de ville ou en milieu hos­pi­ta­lier.

De façon géné­rale, il est rap­pelé que la prise en charge en milieu de soins (visi­tes, consul­ta­tions,…), d’un patient pré­sen­tant des signes res­pi­ra­toi­res infec­tieux (en par­ti­cu­lier d’une toux) doit s’accom­pa­gner de la mise en place d’un masque chi­rur­gi­cal anti-pro­jec­tions chez le patient et que le pro­fes­sion­nel de santé doit assu­rer sa pro­tec­tion (masque, lunet­tes et hygiène des mains).

Tous les pro­fes­sion­nels de santé sont sus­cep­ti­bles de pren­dre en charge un cas sus­pect de COVID-19 et doi­vent donc se pré­pa­rer à cette éventualité. L’appel au SAMU-Centre 15 devant tout cas sus­pect doit être sys­té­ma­ti­que pour orga­ni­ser le clas­se­ment du cas et sa prise en charge.

Les équipements néces­sai­res à la mise en place des mesu­res d’hygiène pour la prise en charge d’un cas sus­pect de COVID-19 sont ceux recom­man­dés pour la prise en charge d’un cas sus­pect de mala­die à trans­mis­sion res­pi­ra­toire :
- Pour le pro­fes­sion­nel de santé : appa­reil de pro­tec­tion res­pi­ra­toire (APR) de type FFP2, solu­tion hydro-alcoo­li­que (SHA) pour désin­fec­ter les mains avant et après le soin et dès le retrait des gants, gants non sté­ri­les à usage unique, lunette de pro­tec­tion en plus de l’APR FFP2 pen­dant un soin expo­sant, ther­mo­mè­tre sans contact ou à usage unique pour la véri­fi­ca­tion de la tem­pé­ra­ture du patient.
- Pour le patient : SHA pour désin­fec­ter les mains, masque chi­rur­gi­cal.

Les objec­tifs de ces mesu­res bar­riè­res sont d’une part de dimi­nuer la quan­tité de virus inha­lés (pour beau­coup d’infec­tions, la gra­vité de la mala­die est influen­cée par la quan­tité d’agents patho­gè­nes conta­mi­nants) et d’autre part de ralen­tir la pro­pa­ga­tion de la mala­die.

Coronavirus COVID-19 : résul­tats du son­dage auprès de 16.383 infir­­miè­­res https://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Coronavirus-COVID-19-78-des-infir­mie­res-des-hopi­taux-man­quent-de-mas­ques-FFP2.html

Conduite à tenir pour les soi­gnants d’un patient classé « cas pos­si­ble » ou « cas confirmé »

Il faut ajou­ter aux pré­cau­tions stan­dard, les pré­cau­tions com­plé­men­tai­res de type « air » ainsi que de type « contact » (pré­cau­tions REB ren­for­cées), selon les moda­li­tés sui­van­tes : 
- Le port d’un appa­reil de pro­tec­tion res­pi­ra­toire (APR) FFP2 en véri­fiant l’étanchéité au visage (réa­li­sa­tion d’un fit check) pour tout soi­gnant avant d’entrer dans le box ou la cham­bre ; 
- La pro­tec­tion de sa tenue pro­fes­sion­nelle par une sur­blouse à usage unique à man­ches lon­gues : cette sur­blouse sera imper­méa­ble si réa­li­sa­tion de soins mouillants ou souillants 
- La pré­ven­tion d’une éventuelle pro­jec­tion dans les yeux par le port sys­té­ma­ti­que de lunet­tes de pro­tec­tion ; 
- Le port d’une pro­tec­tion com­plète de la che­ve­lure (char­lotte, calot cou­vrant, …) ; 
- La réa­li­sa­tion avec une rigueur abso­lue des gestes d’hygiène des mains par fric­tion hydro­al­coo­li­que ;
- Les indi­ca­tions du port de gants à usage unique reste limi­tées aux situa­tions de contact ou de risque de contact avec du sang, des liqui­des bio­lo­gi­ques, une muqueuse ou la peau lésée ; 
- L’élimination de ces équipements de pro­tec­tion indi­vi­duelle (EPI) en DASRI avant la sortie du box ou de la cham­bre, sauf pour les lunet­tes, l’APR et la coiffe (ex. char­lotte) qui seront reti­rés après la sortie du box ou de la cham­bre.

Source : page 13 du Guide métho­do­lo­gi­que Covid-19 https://www.sf2h.net/wp-content/uploads/2020/02/guide_metho­do­lo­gi­que_covid-19_v20022020.pdf

Le minis­tère des Solidarités et de la Santé met à jour les recom­man­da­tions pour les pro­fes­sion­nels de santé sur son site inter­net : https://soli­da­ri­tes-sante.gouv.fr/soins-et-mala­dies/mala­dies/mala­dies-infec­tieu­ses/coro­na­vi­rus/coro­na­vi­rus-PS

Vous trou­ve­rez les recom­man­da­tions actua­li­sées de la mis­sion natio­nale de coor­di­na­tion opé­ra­tion­nelle risque épidémique et bio­lo­gi­que (COREB) sur son site inter­net :
https://www.coreb.infec­tio­lo­gie.com/fr/aler­tes-infos/covid-19_-n.html

Vous trou­ve­rez les dif­fé­ren­tes recom­man­da­tions et vidéos péda­go­gi­ques mises à dis­po­si­tion par la société fran­çaise d’hygiène hos­pi­ta­lière :
https://www.sf2h.net/publi­ca­tions/coro­na­vi­rus-2019-ncov

Important : Avant de réa­li­ser les pré­lè­ve­ments ou un examen cli­ni­que, le soi­gnant assure sa pro­tec­tion en res­pec­tant l’asso­cia­tion de pré­cau­tions com­plé­men­tai­res de type « Air » et de type « Contact » décri­tes dans l’Annexe 3 de l’avis du HCSP du 24/04/2015.

Concernant la désin­fec­tion des maté­riels, les coro­na­vi­rus sont sen­si­bles à l’hypo­chlo­rite de sodium (eau de Javel) à 0,1 %, aux com­po­sés orga­no­chlo­rés à 0,1 %, aux iodo­pho­res à 10 %, à l’éthanol à 70 % et au glu­ta­ral­dé­hyde à 2 %, aux com­po­sés d’ammo­nium qua­ter­naire à 0,04 % et aux déri­vés phé­no­li­ques. Les stra­té­gies de désin­fec­tion de maté­riels et de l’envi­ron­ne­ment actuel­le­ment conseillées sont celles clas­si­que­ment uti­li­sées dans les établissements.

Du fait que le virus Covid-19 soit essen­tiel­le­ment trans­mis par les gros­ses gout­te­let­tes, le risque de conta­mi­na­tion par voie aérienne est estimé à 1m. En revan­che, une trans­mis­sion est pos­si­ble par les mains et les objets (le virus pou­vant sur­vi­vre quel­ques heures sur les sur­fa­ces) d’où l’impor­tance de l’hygiène des mains et des sur­fa­ces.

Selon d’autres études, le coro­na­vi­rus peut per­sis­ter sur les sur­fa­ces et rester infec­tieux à tem­pé­ra­ture ambiante jusqu’à 9 jours. En moyenne, ils sur­vi­vent plutôt entre 4 et 5 jours mais les basses tem­pé­ra­tu­res et l’humi­dité de l’air peu­vent pro­lon­ger leur durée de vie.
https://www.san­te­log.com/actua­li­tes/coro­na­vi­rus-quelle-duree-de-survie-sur-les-sur­fa­ces-conta­mi­nees

DISTRIBUTION DE MASQUES POUR LIBERAUX VIA OFFICINES

Tout méde­cin géné­ra­liste, méde­cin spé­cia­liste, infir­mier diplômé d’Etat, sage-femme, mas­seur kiné­si­thé­ra­peute et chi­rur­gien-den­tiste est invité à se pré­sen­ter à son offi­cine de proxi­mité afin de reti­rer une boite de 50 mas­ques chi­rur­gi­caux du stock Etat. Il devra pour cela pré­sen­ter sa carte pro­fes­sion­nelle sur laquelle figure son numéro RPPS ou ADELI. Il

GEODES : suivre l’évolution de l’épidémie de COVID-19 en France

Santé publi­que France met à dis­po­si­tion, via son obser­va­toire car­to­gra­phi­que GEODES, des indi­ca­teurs de suivi de l’épidémie de COVID-19 par région, dépar­te­ment, sexe et classe d’âge (don­nées hos­pi­ta­liè­res, don­nées des urgen­ces, don­nées SOS Médecins…). Les don­nées sont actua­li­sées chaque jour et arrê­tées à J-1 14h.
- le nombre de per­son­nes actuel­le­ment hos­pi­ta­li­sées
- le nombre de per­son­nes actuel­le­ment en réa­ni­ma­tion
- le nombre de per­son­nes décé­dées depuis le 1er mars 2020
- le nombre de per­son­nes retour­nées à domi­cile depuis le 1er mars 2020
- le nombre d’établissements ayant déclaré au moins un cas depuis le 1er mars 2020
Accédez à l’ensem­ble des indi­ca­teurs dis­po­ni­bles sous GEODES en allant sur
https://www.san­te­pu­bli­que­france.fr/mala­dies-et-trau­ma­tis­mes/mala­dies-et-infec­tions-res­pi­ra­toi­res/infec­tion-a-coro­na­vi­rus/arti­cles/infec­tion-au-nou­veau-coro­na­vi­rus-sars-cov-2-covid-19-france-et-monde

Pour mémoire, le 31/12/2019, l’OMS a été infor­mée par les auto­ri­tés chi­noi­ses d’un épisode de cas grou­pés de pneu­mo­nies dont tous les cas avaient un lien avec un marché d’ani­maux vivants dans la ville de Wuhan, en Chine, le Huanan South China Seafood Market. Le 09/01/2020, un nou­veau coro­na­vi­rus (2019-nCoV) a été iden­ti­fié comme étant la cause de cet épisode. Parmi les pre­miers cas détec­tés à Wuhan, la plu­part tra­vaillaient dans le Huanan South China Seafood Market où des ani­maux vivants sont vendus, ou l’ont fré­quem­ment visité, indi­quant une pro­ba­ble conta­mi­na­tion d’ori­gine ani­male. Le marché a été fermé et désin­fecté le 1er jan­vier, mais la source d’infec­tion n’a pas été for­mel­le­ment iden­ti­fiée à ce jour.

Vous trou­ve­rez en cli­quant sur le lien ci-des­sous les gran­des lignes direc­tri­ces pour la prise en charge des patients Covid-19 (cas confir­més) à sans cri­tère de gra­vité :
https://soli­da­ri­tes-sante.gouv.fr/soins-et-mala­dies/mala­dies/mala­dies-infec­tieu­ses/coro­na­vi­rus/coro­na­vi­rus-PS

Pour plus d’infor­ma­tions, voir :
- le site du minis­tère des Solidarités et de la Santé https://soli­da­ri­tes-sante.gouv.fr/soins-et-mala­dies/mala­dies/mala­dies-infec­tieu­ses/coro­na­vi­rus/
- https://www.san­te­pu­bli­que­france.fr/mala­dies-et-trau­ma­tis­mes/mala­dies-et-infec­tions-res­pi­ra­toi­res/infec­tion-a-coro­na­vi­rus/arti­cles/infec­tion-au-nou­veau-coro­na­vi­rus-sars-cov-2-covid-19-france-et-monde

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