Personnel soignant : « On devient des machines, au détriment des patients »

20 janvier 2008

Article paru dans LIBERATION.FR le 07.01.08.

Charge de tra­vail de plus en plus lour­des, manque de reconnais­sance, heures supl­lé­men­tai­res impayées... Les infir­miè­res voient leurs condi­tions de tra­vail se dégra­der.

Témoignage de Cathie Erissy, res­pon­sa­ble de la Section SNPI CFE-CGC de l’AP-HP, et élue au Comité Technique d’Etablissement (CTE) du CHU Saint Louis :

Cathie, infir­mière depuis 24 ans, en poste en pneu­mo­lo­gie et onco­lo­gie tho­ra­ci­que à l’hôpi­tal Saint-Louis à Paris.

« Comme pour les méde­cins, notre pro­fes­sion est un sacer­doce. Tous les jours on déborde sur nos horai­res. On arrive un peu plus tôt le matin, on repart plus tard le soir, d’autant que le plan­ning ne pré­voit pas de "che­vau­che­ment" pour la trans­mis­sion avec l’équipe qui prend la relève.

Il faut men­dier auprès de la direc­tion pour essayer de récu­pé­rer quel­ques heures. C’est au bon vou­loir des ser­vi­ces. Quant aux fameux comp­tes épargne-temps, c’est un piège. J’ai accu­mulé 70 jours dessus, mais on ne peut pas me les rendre, puis­que on ne peut pas être rem­pla­cées étant donné le manque de per­son­nel. Si l’une d’entre nous a une urgence fami­liale et ne peut vrai­ment pas venir, c’est tout de suite un drame. Même quand la direc­tion accepte la dis­cus­sion, on se heurte tou­jours à un mur : pas de per­son­nels, pas de moyens... Nos supé­rieurs ont les poings liés.

La charge de tra­vail est de plus en plus lourde : aujourd’hui, avec la nou­velle tari­fi­ca­tion, ne vien­nent à l’hôpi­tal que ceux qui ont besoin de beau­coup de soins. Le per­son­nel est fati­gué, cer­tains sont à bout, ce qui n’arrange pas les rela­tions pro­fes­sion­nel­les ni fami­lia­les. Il ne faut pas s’étonner quand on dit que c’est l’une des pro­fes­sions où le taux de divorce est le plus élevé !

La nou­velle géné­ra­tion a l’air de se pro­té­ger plus, les nou­vel­les infir­miè­res sont sou­vent plus indi­vi­dua­lis­tes. Le don de soi, c’est un peu fini. Mais pour elles le choc est vio­lent, et en géné­ral elles par­tent assez vite. »

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