SIDIIEF : appel pour une filière LMD en sciences infirmières

24 mai 2012

1.800 infir­miè­res de la fran­co­pho­nie, réu­nies à Genève pour le congrès du SIDIIEF, deman­dent l’inté­gra­tion de leur for­ma­tion à l’ensei­gne­ment supé­rieur aux trois cycles d’études, Licence/Master/Doctorat (LMD).

Fortes de l’appui d’une cen­taine d’orga­ni­sa­tions, ces infir­miè­res pro­ve­nant de 25 pays et mem­bres du Secrétariat inter­na­tio­nal des infir­miè­res et infir­miers de l’espace fran­co­phone ont mas­si­ve­ment adopté une décla­ra­tion, laquelle lance un appel offi­ciel aux gou­ver­ne­ments des pays de la Francophonie afin :
- qu’ils ins­tau­rent un sys­tème d’ensei­gne­ment uni­ver­si­taire cou­vrant les 1er, 2e et 3e cycles d’études en scien­ces infir­miè­res ;
- qu’ils sta­tuent sur le niveau uni­ver­si­taire de bache­lier/bache­lor ou de licence en scien­ces infir­miè­res comme condi­tion d’entrée à la pro­fes­sion infir­mière ;
- qu’ils invi­tent l’Organisation inter­na­tio­nale de la Francophonie (OIF) à sou­te­nir prio­ri­tai­re­ment les pays d’Afrique par des méca­nis­mes de coo­pé­ra­tion ins­ti­tu­tion­nelle, natio­nale, intra et inter régio­nale, visant à mettre en place la for­ma­tion uni­ver­si­taire en scien­ces infir­miè­res.

Il faut savoir qu’en dépit du rehaus­se­ment de la for­ma­tion uni­ver­si­taire des infir­miè­res et d’un accès gran­dis­sant aux 2e et 3e cycles, une grande hété­ro­gé­néité per­siste dans les pro­fils de for­ma­tion dans les pays de la Francophonie, par­ti­cu­liè­re­ment en Afrique. Une impor­tante étude réa­li­sée en 2010 par le Centre d’inno­va­tion en for­ma­tion infir­mière (CIFI), de l’Université de Montréal (Canada/Québec), a bien démon­tré ces dis­pa­ri­tés.

La pré­si­dente du SIDIIEF et pré­si­dente de l’Ordre des infir­miè­res et infir­miers du Québec, Gyslaine Desrosiers, rap­pelle qu’au cours des der­niè­res années, « les gran­des orga­ni­sa­tions inter­na­tio­na­les comme le Conseil inter­na­tio­nal des infir­miè­res, l’Organisation de coo­pé­ra­tion et de déve­lop­pe­ment économiques et l’Organisation mon­diale de la Santé (OMS), ont inter­pellé les pays afin qu’ils inves­tis­sent davan­tage dans la for­ma­tion infir­mière et sou­tien­nent une meilleure uti­li­sa­tion de leurs com­pé­ten­ces ». Elle ajoute que « comme les méde­cins et les infir­miè­res repré­sen­tent les deux pro­fes­sions sur les­quel­les repose le sys­tème de santé, en temps de pénu­rie, il importe de redé­fi­nir leurs façons de tra­vailler et de créer des modè­les inno­vants ».

Les infir­miè­res enten­dent affron­ter les grands défis liés à la santé dans le monde, notam­ment la prise en charge de la chro­ni­cité, les trou­bles men­taux, le vieillis­se­ment des popu­la­tions, la per­sis­tance des mala­dies trans­mis­si­bles, la mor­ta­lité mater­nelle et infan­tile, les habi­tu­des de vie nui­si­bles et les iné­ga­li­tés en santé. Aussi, elles consi­dè­rent urgent de rendre acces­si­bles les soins de santé et de com­bler les iné­ga­li­tés dans ce domaine.

Chaque fois que le nombre d’infir­miè­res déte­nant un bac­ca­lau­réat ou un diplôme supé­rieur aug­mente de 10 %, les ris­ques de mor­ta­lité ou les com­pli­ca­tions dimi­nuent de 5 %. Par ailleurs, l’OMS estime à 10 % les dépen­ses en santé d’un pays engen­drées par les acci­dents et les événements indé­si­ra­bles dans les ser­vi­ces de santé. Un ratio opti­mal d’infir­miè­res for­mées à l’uni­ver­sité a tout le poten­tiel de deve­nir un béné­fice réel pour les sys­tè­mes de santé.

Pour Jacques Chapuis, direc­teur, Institut et Haute école de santé La Source de Lausanne, vice-pré­si­dent du SIDIIEF et co-membre fon­da­teur du SIDIIEF, « l’évolution de la pra­ti­que infir­mière avan­cée pro­gresse par­tout dans le monde. Elle requiert la mise en place d’une filière uni­ver­si­taire com­plète allant du 1er au 3e cycle d’études en scien­ces infir­miè­res. Par ailleurs, les cher­cheurs en scien­ces infir­miè­res formés au 3e cycle contri­buent à renou­ve­ler les pra­ti­ques soi­gnan­tes et à ren­for­cer la qua­lité des soins ».

Quant à Claire Zablit, doyenne, Faculté des scien­ces infir­miè­res, Université Saint-Joseph de Beyrouth du Liban, pré­si­dente de l’Ordre natio­nal infir­mier du Liban et col­la­bo­ra­trice aux tra­vaux du SIDIIEF, elle met en relief les points sui­vants : « la valeur de l’exper­tise infir­mière a été mise en évidence par la recher­che, notam­ment pour la pré­ven­tion des com­pli­ca­tions et d’événements indé­si­ra­bles pen­dant l’hos­pi­ta­li­sa­tion. La pra­ti­que infir­mière basée sur des résul­tats pro­bants amé­liore la qua­lité de vie des patients et sauve des vies ».

Odette Mwamba Banza, direc­trice des soins infir­miers de la Clinique NGALIEMA en République démo­cra­ti­que du Congo et membre du conseil d’admi­nis­tra­tion du SIDIIEF, déclare : « Les ini­qui­tés fla­gran­tes dont souf­fre une grande majo­rité d’infir­miè­res et d’infir­miers de plus de 20 pays de l’Afrique fran­co­phone en raison de l’absence d’accès à la filière uni­ver­si­taire de 1er, 2e et 3e cycle en scien­ces infir­miè­res frei­nent les ini­tia­ti­ves de santé publi­que, l’inno­va­tion dans les soins et l’atteinte des objec­tifs du mil­lé­naire pré­co­ni­sés par l’ONU. Des experts par­tout dans le monde signa­lent que les soins de santé pri­mai­res impli­quant lar­ge­ment les infir­miè­res cons­ti­tuent une réponse aux défis sani­tai­res ».

Vidéo : http://vimeo.com/42750738

À propos du SIDIIEF

Fondé par l’Ordre des infir­miè­res et infir­miers du Québec (OIIQ) et l’Institut et Haute école de la santé La Source de Lausanne, le Secrétariat inter­na­tio­nal des infir­miè­res et infir­miers de l’espace fran­co­phone est une orga­ni­sa­tion inter­na­tio­nale non gou­ver­ne­men­tale sans but lucra­tif, dotée du statut consul­ta­tif auprès des ins­tan­ces de l’OIF.

Le SIDIIEF est un grand réseau mon­dial fran­co­phone d’infir­miè­res et infir­miers pré­sent dans toutes les régions de la fran­co­pho­nie. Il est cons­ti­tué d’indi­vi­dus, d’ins­ti­tu­tions et d’asso­cia­tions mem­bres visant la qua­lité des pra­ti­ques soi­gnan­tes, l’évolution des pra­ti­ques mana­gé­ria­les, le déve­lop­pe­ment de la recher­che en scien­ces infir­miè­res et la for­ma­tion ini­tiale et conti­nue.

La mis­sion prin­ci­pale du SIDIIEF est de faci­li­ter la dif­fu­sion des savoirs infir­miers et le par­tage des pra­ti­ques dans le monde fran­co­phone, afin de contri­buer à l’amé­lio­ra­tion de la qua­lité des soins et ser­vi­ces offerts aux popu­la­tions.

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