2008 : Heures Supplémentaires soldées à l’hôpital !
30 janvier 2008
Les négociations sur la rémunération des heures sup. et des CET dans la Fonction Publique Hospitalière se sont terminées le 29 janvier 2008. Objectivement, le texte est « moins pire » : "le projet du 22 janvier était une insulte à la profession infirmière, celui-ci est simplement limite sur le CET, mais inique et incohérent pour le paiement des heures sup." selon Thierry AMOUROUX, le Président du SNPI CFE-CGC.
Ce protocole comporte deux volets :
1) L’indemnisation des jours épargnés dans un CET
« Chaque agent pourra opter librement pour l’indemnisation et/ou la récupération des jours restant dûs en temps.
S’agissant de l’indemnisation, chaque jour sera indemnisé sur la base d’un forfait de 65 euros brut (catégorie C), 80 euros brut (catégorie B) et 125 euros brut (catégorie A) dans la limite de 50 % des jours épargnés par l’agent sur son CET. » En clair, si vous avez 30 jours sur votre CET, vous pouvez vous en faire payer au plus 15.
Le montant est il correct ?
– Pour la catégorie B, "80 euros brut par jour" correspondent au coût horaire jusqu’à l’IDE de classe normale 4ème échelon. Au-delà, vous acceptez d’être sous-payée !
– Pour la catégorie A, "125 euros brut par jour" correspondent au coût horaire jusqu’au cadre infirmier 7ème échelon, et au cadre supérieur infirmier 3ème échelon. Au-delà, vous acceptez d’être sous-payée !
Attention, ces sommes ne sont pas défiscalisées : faites vos calculs pour éviter de "sauter une tranche" d’imposition !
2) Les heures supplémentaires restant dues au 31 décembre 2007
« L’indemnisation des 14 premières heures est valorisée sur la base de l’indice majoré détenu par l’agent au 31.12.07, dans les conditions prévues à l’article 7 du décret 2002-598 du 25.04.02 modifié. L’indemnisation du solde des heures dues est valorisé sur la base d’un forfait de 13 euros brut. »
Quelles sont les heures concernées ?
Toute journée figurant sur votre carte de situation, qui n’a pas pu être prise en 2007, et qui n’a pas été portée sur un CET.
Le montant est il correct ?
Pour les 14 premières heures, c’est l’application de la réglementation, c’est-à-dire l’indice de l’agent, avec une majoration de 7 %. Nous demandions une majoration de 25 %, comme dans le privé depuis longtemps, et conformément à la loi TEPA entrée en vigueur au 1er octobre 2007.
Pour le solde, il y a deux problèmes de fond :
– pour beaucoup d’agents, cela revient à se faire payer moins cher les heures sup. que les heures normales !
– un montant unique entraîne une inégalité de traitement !
Dans un même service hospitalier, vous aurez ainsi :
– une aide soignante au 2ème échelon (indice 285) a un coût horaire de 8.41 euros, soit une majoration de 54 %
– une IDE au 5ème échelon de la classe sup (indice 515) a un coût horaire de 15.19 euros, soit une baisse de 15 %
– une IADE au 5ème échelon de la classe sup (indice 544) a un coût horaire de 16.04 euros, soit une baisse de 19 %
– un cadre supérieur infirmier au 4ème échelon (indice 581) a un coût horaire de 17.14 euros, soit une baisse de 25 %
Pour le CET comme pour les heures sup., vous avez jusqu’au 30 juin 2008 pour exprimer votre choix (comptez plusieurs semaines avant la parution des textes réglementaires et l’arrivée des fonds dans votre établissement). Attention, ces heures sup. sont "hors loi TEPA", elles ne sont donc pas défiscalisées : faites vos calculs pour éviter de "sauter une tranche" d’imposition !
Au total :
– pour une IDE de classe normale, du 2 et 3ème échelon, vous obtenez une bonne indemnité (majoration de 25 %)
– pour une IDE de classe normale, du 4 au 6ème échelon, vous rejoignez votre coût horaire normal (légèrement majoré)
– par contre, toutes les IDE de classe sup, les infirmières spécialisées et les cadres infirmiers sont perdants : travailler plus pour gagner moins ! C’est totalement incohérent avec le discours du Président de la République !
Or, sur les 23 millions d’heures concernées :
– 7.590.000 concernent les IDE (33 %)
– 1.380.000 concernent les infirmières spécialisées (6 %)
– 1.403.000 concernent les cadres infirmiers (6%)
Comment le Gouvernement peut-il déclarer vouloir ouvrir en février 2008 des négociations sur la reconnaissance universitaire des soignants, et le mois précédent trouver logique de sous payer ces mêmes soignants ? Alors que du fait des départs à la retraite, nous allons vers une aggravation rapide de la pénurie infirmière, le message envoyé vers les soignants est incompréhensible.
Il est incohérent de payer à un même agent une partie selon l’indice, et le reste au forfait !
« Voici 50 ans, certains trouvaient logique que l’ouvrier et le directeur de l’usine perçoivent le même salaire. Depuis, nous avons changé de siècle, et nous considérons que la rémunération doit être fonction du niveau de compétences et de responsabilités. En l’occurrence, cette proposition de nivellement est inacceptable pour des professionnels expérimentés et des cadres de santé ! » précise Thierry AMOUROUX, le Président du syndicat infirmier de la CFE-CGC.
Un courrier a été envoyé le 30 janvier à tous les adhérents du syndicat, qui vont devoir se prononcer d’ici la fin de semaine, de même que les sections syndicales d’établissement : la fédération santé CFE-CGC prendra donc sa décision lundi 4 février, et annoncera ce jour là si elle signe ou non ce protocole.