L’évaluation infirmière des étudiants infirmiers en stage

L’évaluation infirmière des étudiants infirmiers en stage

8 mai 2024

L’évaluation infir­mière est un aspect cru­cial de la for­ma­tion des étudiants infir­miers en stage. Elle repré­sente bien plus qu’une simple évaluation de com­pé­ten­ces ; elle incarne une oppor­tu­nité d’appren­tis­sage et de crois­sance pro­fes­sion­nelle.

L’évaluation infir­mière dépasse la simple évaluation des tâches tech­ni­ques. Elle englobe une appro­che holis­ti­que qui prend en compte non seu­le­ment les com­pé­ten­ces cli­ni­ques, mais aussi les com­pé­ten­ces rela­tion­nel­les, la prise de déci­sion, la pensée cri­ti­que et la capa­cité à s’adap­ter à des situa­tions chan­gean­tes. L’évaluation infir­mière vise à évaluer la per­for­mance glo­bale de l’étudiant dans son rôle d’infir­mier en deve­nir.

Pour les étudiants infir­miers en stage, l’évaluation infir­mière repré­sente une occa­sion d’appren­tis­sage continu. Les retours d’infor­ma­tion donnés par les infir­miers cli­ni­ciens et les super­vi­seurs per­met­tent aux étudiants d’iden­ti­fier leurs forces et leurs fai­bles­ses, ainsi que les domai­nes néces­si­tant une amé­lio­ra­tion.

Cette rétroac­tion cons­truc­tive favo­rise le déve­lop­pe­ment pro­fes­sion­nel et per­son­nel des étudiants : aider l’appre­nant à appren­dre, l’infor­mer sur ce qu’il sait faire et sur ce qui lui reste à appren­dre pour savoir faire et situer sa pro­gres­sion par rap­port à un objec­tif donné. Les erreurs sont sour­ces d’appren­tis­sa­ges : auto­gé­rer ses erreurs rend véri­ta­ble­ment « auto­nome » et capa­ble d’auto­ré­gu­ler les appren­tis­sa­ges. Le rôle du super­vi­seur est de pré­ser­ver la sécu­rité du patient, et la qua­lité de la for­ma­tion de l’étudiant.

Dès le début du stage, il est impé­ra­tif que les objec­tifs soient défi­nis en fonc­tion des besoins de l’étudiant et des pos­si­bi­li­tés d’appren­tis­sage au sein du ser­vice, pour sélec­tion­ner des situa­tions d’appren­tis­sage signi­fian­tes. Durant le stage, il faut pré­voir plu­sieurs évaluations et réa­dap­ta­tion du projet de stage, pour assu­rer une gui­dance adap­tée aux besoins, en par­ti­cu­lier ne pas tenter de lui appren­dre ce pour quoi l’étudiant n’est pas encore prêt.

L’appre­nant doit s’auto-évaluer pour savoir où il en est. Le dis­po­si­tif d’évaluation doit aider l’appre­nant à se cons­truire pour s’impli­quer dans le pro­ces­sus d’évaluation pour que celle-ci ne soit pas subie (favo­ri­ser l’appro­pria­tion des cri­tè­res d’évaluation cla­ri­fier les atten­tes, l’ins­tal­la­tion d’un lan­gage par­tagé entre évaluateurs et évalués).

Dans sa super­vi­sion cli­ni­que, le pro­fes­sion­nel encou­rage l’étudiant à autoé­va­luer son soin, en iden­ti­fiant les points posi­tifs et les points dif­fi­ci­les, et dis­cute avec lui des amé­lio­ra­tions et cor­rec­tifs appro­priés. Il faut repé­rer et accom­pa­gner de manière bien­veillante, l’étudiant qui n’ose pas dire quand il ne sait pas faire, afin qu’il ne crai­gne pas de mon­trer ses dif­fi­cultés. Lorsque son autoé­va­lua­tion est inexacte, le super­vi­seur peut par une coéva­lua­tion le guider vers une autoé­va­lua­tion plus réa­liste.

L’évaluation infir­mière en stage permet aux étudiants d’appli­quer les connais­san­ces théo­ri­ques acqui­ses en cours, dans un envi­ron­ne­ment cli­ni­que réel. Cela ren­force leur com­pré­hen­sion des concepts théo­ri­ques et les aide à déve­lop­per des com­pé­ten­ces pra­ti­ques essen­tiel­les à leur future car­rière. Les étudiants ont l’occa­sion d’obser­ver et de par­ti­ci­per à diver­ses inter­ven­tions et pro­cé­du­res sous la super­vi­sion d’infir­miers expé­ri­men­tés, ce qui contri­bue à leur déve­lop­pe­ment pro­fes­sion­nel. Suivre plu­sieurs pro­fes­sion­nels de proxi­mité permet d’ana­ly­ser la meilleure appro­che : ce regard cri­ti­que et cons­truc­tif permet de réin­ter­ro­ger les pra­ti­ques du ser­vice.

L’évaluation infir­mière bien menée encou­rage les étudiants à pren­dre des ini­tia­ti­ves et à déve­lop­per leur auto­no­mie pro­fes­sion­nelle. En leur per­met­tant de pren­dre des res­pon­sa­bi­li­tés gra­duées et en reconnais­sant leurs réa­li­sa­tions, les évaluateurs favo­ri­sent la confiance en soi des étudiants. Cette confiance est essen­tielle pour leur tran­si­tion vers le rôle d’infir­mier diplômé.

Qu’il soit tuteur ou pro­fes­sion­nel de proxi­mité, le super­vi­seur cli­ni­que se trouve dans une pos­ture de soi­gnant-for­ma­teur-évaluateur qui permet d’ana­ly­ser la réa­lité pro­fes­sion­nelle. La rela­tion entre l’enca­drant et l’étudiant repose sur une col­la­bo­ra­tion basée sur la confiance et le sou­tien mutuel. Les pro­fes­sion­nels doi­vent créer un climat favo­ra­ble à l’appren­tis­sage, encou­ra­ger la par­ti­ci­pa­tion active des étudiants et les aider à cons­truire leur iden­tité pro­fes­sion­nelle. Ils sont également atten­tifs à repé­rer d’éventuelles dif­fi­cultés ou réac­tions émotionnelles chez les étudiants et à leur appor­ter un accom­pa­gne­ment appro­prié.

L’évaluation infir­mière met également en lumière la capa­cité des étudiants à s’adap­ter à des situa­tions cli­ni­ques variées et à faire preuve de pensée cri­ti­que. Face à des défis com­plexes et impré­vus, les étudiants doi­vent être capa­bles de pren­dre des déci­sions éclairées et de four­nir des soins sûrs et effi­ca­ces.

Le com­pa­gnon­nage infir­mier en stage favo­rise également le déve­lop­pe­ment des com­pé­ten­ces rela­tion­nel­les et inter­per­son­nel­les de l’étudiant, ainsi que sa capa­cité à tra­vailler en équipe et à pren­dre des déci­sions cli­ni­ques éclairées. Le juste soin requis pour la per­sonne soi­gnée dans son contexte n’est pas tou­jours le soin décrit dans un pro­to­cole stan­dard. Le tra­vail réel ne res­sem­ble pas tou­jours au tra­vail pro­to­co­lisé : chaque pro­fes­sion­nel cons­truit et met en œuvre ses pro­pres pra­ti­ques. L’évaluation infir­mière offre un cadre pour déve­lop­per ces com­pé­ten­ces cru­cia­les.

La réflexion et l’ana­lyse cri­ti­que sont des com­pé­ten­ces clés que les évaluateurs encou­ra­gent chez les étudiants. Ils les aident à élaborer des réflexions sur le sens de leurs acti­vi­tés pro­fes­sion­nel­les, à ana­ly­ser les pra­ti­ques pro­fes­sion­nel­les et les situa­tions de soins, et à faire évoluer leur pra­ti­que en consé­quence. Les réu­nions de super­vi­sion entre tuteurs sont des moments pri­vi­lé­giés pour par­ta­ger ces réflexions et favo­ri­ser l’amé­lio­ra­tion conti­nue de la pra­ti­que tuto­rale.

Les trans­mis­sions écrites et orales sont un temps qui permet de voir si les étudiants ont fait les liens ou pas. La for­ma­tion infir­mière en stage a pour objet de pro­fes­sion­na­li­ser le par­cours de l’étudiant, avec des appren­tis­sa­ges cen­trés sur les savoirs pro­fes­sion­nels utiles à l’étudiant pour inté­grer son milieu de tra­vail.

En conclu­sion, l’évaluation infir­mière joue un rôle cen­tral dans le déve­lop­pe­ment pro­fes­sion­nel des étudiants infir­miers en stage. Elle favo­rise l’appren­tis­sage continu, ren­force les com­pé­ten­ces cli­ni­ques, pro­meut l’auto­no­mie et la confiance, et encou­rage l’adap­ta­bi­lité et la pensée cri­ti­que. Les évaluateurs jouent un rôle essen­tiel en four­nis­sant des retours d’infor­ma­tion cons­truc­tifs et en gui­dant les étudiants dans leur par­cours de for­ma­tion. En inves­tis­sant dans une évaluation infir­mière de qua­lité, les établissements de santé et les IFSI contri­buent à former la pro­chaine géné­ra­tion d’infir­miers com­pé­tents et bien pré­pa­rés.

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