Masques et profiteurs de guerre : réaction des professions de santé

2 mai 2020

Communiqué du 30.04.20 des Ordres des professions de santé

Les mas­ques tom­bent !

Notre pays connait une crise sani­taire sans pré­cé­dent. Un état de guerre sui­vant les mots du Président de la République. Comme en 1870, il ne devait pas man­quer un bouton de guêtre à nos com­bat­tants. On a vu ce qu’il en a été. Des soi­gnants désem­pa­rés par le manque d’équipement de base et notam­ment les mas­ques.

Nos soi­gnants de la pre­mière ligne ont dû faire face à la pénu­rie. Une mobi­li­sa­tion géné­rale a été orga­ni­sée pour essayer d’amé­lio­rer la situa­tion des per­son­nes les plus expo­sées. Tous les pro­fes­sion­nels de santé ont dû faire face à l’inquié­tude. La leur, de devoir assu­rer leur mis­sion, au nom de l’idéal de santé publi­que qu’ils défen­dent. Celle qu’ils res­sen­taient inten­sé­ment pour leur entou­rage proche avec cette crainte per­ma­nente d’être por­teur d’une conta­mi­na­tion pour ceux qui leur sont chers. Et celles enfin de leurs patients à qui il a fallu expli­quer sans relâ­che qu’on n’avait pas les moyens de les pro­té­ger comme il le fau­drait, soit le contraire même de ce qui fonde nos métiers.

Courageusement, l’ensem­ble des pro­fes­sion­nels de santé ont sou­tenu et assumé sans fai­blir cette ligne. Oubliant les insul­tes, les procès en irres­pon­sa­bi­lité ou incom­pé­tence, les vin­dic­tes ano­ny­mes ou, peut-être pire encore, celles qui ne le sont pas, ils ont tenu la tran­chée.

Aujourd’hui, la cons­ter­na­tion s’allie au dégoût.

Toute guerre a ses pro­fi­teurs. C’est mal­heu­reu­se­ment une loi intan­gi­ble de nos conflits. Comment s’expli­quer que nos soi­gnants n’aient pas pu être dotés de mas­ques quand on annonce à grand ren­fort de com­mu­ni­ca­tion tapa­geuse des chif­fres sidé­rants de mas­ques vendus au public par cer­tains cir­cuits de dis­tri­bu­tion.

Où étaient ces mas­ques quand nos méde­cins, nos infir­miers, nos phar­ma­ciens, nos chi­rur­giens-den­tis­tes, nos mas­seurs-kiné­si­thé­ra­peu­tes, nos pédi­cu­res-podo­lo­gues, nos sages-femmes mais aussi tous nos per­son­nels en prise directe avec la mala­die trem­blaient et tom­baient chaque matin ?

Comment nos patients, notam­ment les plus fra­gi­les, à qui l’on expli­quait jusqu’à hier qu’ils ne pour­raient béné­fi­cier d’une pro­tec­tion adap­tée, vont-ils com­pren­dre que ce qui n’exis­tait pas hier tombe à pro­fu­sion aujourd’hui. 100 mil­lions par ici, 50 mil­lions par là. Qui dit mieux ? C’est la suren­chère de l’indé­cence.

Nul n’aurait repro­ché à des cir­cuits de dis­tri­bu­tion grand public de dis­tri­buer des mas­ques grand public. C’était là un com­plé­ment essen­tiel qui serait venu com­plé­ter uti­le­ment l’arse­nal de défense contre le virus. Derrière le masque, se trouve le vrai visage. Nous, nous gar­de­rons celui de la dignité. Celui-ci ne se retrou­vera dans aucun rayon­nage.

L’heure vien­dra, nous l’espé­rons, de rendre des comp­tes.

En atten­dant, nous allons pour­sui­vre notre mis­sion de pro­fes­sion­nels de santé, car c’est notre enga­ge­ment. Avec néan­moins l’amer­tume de se dire que la res­pon­sa­bi­lité n’est pas la mieux par­ta­gée de toutes les vertus.

Signataires :
Patrick BOUET, Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins
Anne-Marie CURAT, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Sages-Femmes
Patrick CHAMBOREDON, Président du Conseil natio­nal de l’Ordre des Infirmiers
Serge FOURNIER, Président du Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes
Pascale MATHIEU, Présidente du Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes
Eric PROU, Président du Conseil National de l’Ordre des pédi­cu­res-podo­lo­gues
Carine WOLF-THAL, Présidente du Conseil natio­nal de l’Ordre des phar­ma­ciens

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