Réactions des kinés sur le décret d’actes

27 juillet 2008

LETTRE OUVERTE A
Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN, Ministre de la Santé

Les trois Syndicats des Masseurs-Kinésithérapeutes des Bouches-du-Rhône (FFMKR 13, SNMKR et OK) appre­nant avec stu­peur les pro­jets rete­nus dans le cadre de la future loi « Patient, Santé, Territoire », se per­met­tent de vous appe­ler, Madame le Ministre, à un temps de réflexion sup­plé­men­taire

La poli­ti­que libé­rale ten­dant à envi­sa­ger des « mis­sions de santé », délé­ga­tions auto­ri­tai­res de com­pé­ten­ces pro­fes­sion­nel­les à des tiers, sous formés, sous res­pon­sa­bi­li­sés, dans les domai­nes de la Santé publi­que, néces­si­tant, pour se retrou­ver en confor­mité avec la loi, l’abro­ga­tion des décrets de com­pé­ten­ces (décret n° 2000-577 du 27-06-2000 paru au J.O. n° 149 du 29-06-2000, page 9767), ne sau­rait rece­voir notre aval, ni même entrer dans un quel­conque accord cadre négo­cia­ble.

En effet, la Profession de Masseur-Kinésithérapeute exerce son art :
-  dans un cadre régle­menté garan­tis­sant les moyens tech­ni­ques et la portée thé­ra­peu­ti­que de ses inter­ven­tions, vali­dées médi­ca­le­ment et scien­ti­fi­que­ment en rap­port notam­ment avec les arti­cles L.4161-1, L.4321-1, L.4321-2 et L.4381-2 du Code de la Santé Publique ;
-  avec une prise en compte de la res­pon­sa­bi­lité, de la déon­to­lo­gie et de l’éthique, inhé­ren­tes à toute inter­ven­tion de Santé Publique ;
-  avec une effi­cience économique de santé, aussi bien par l’enca­dre­ment de ses tarifs que de ses modes de prise en charge dans le sein de l’Assurance Maladie et du budget social de la Nation, que par la portée économique de ses inter­ven­tions contri­buant à réin­sé­rer la popu­la­tion han­di­ca­pée dans le monde du tra­vail ;
-  avec une effi­cience sociale indé­nia­ble, s’adres­sant, par ses indi­ca­tions mul­ti­ples, à l’ensem­ble de la popu­la­tion, enfants, ado­les­cents, adul­tes actifs ou retrai­tés et vieillards dépen­dants.

Permettre demain, par la dis­pa­ri­tion du décret de com­pé­ten­ces, qui cana­lise et struc­ture ces inter­ven­tions thé­ra­peu­ti­ques, l’inter­ven­tion de nou­veaux per­son­nels dits de « santé » ren­drait de plus en plus floues la réa­li­sa­tion de mis­sions de santé et ouvri­rait la porte à toutes sortes de déri­ves dont la popu­la­tion « malade », « han­di­ca­pée », « trau­ma­ti­sée », subi­rait iné­vi­ta­ble­ment les consé­quen­ces péjo­ra­ti­ves.

La seule raison « économique » ne sau­rait jus­ti­fier des mesu­res por­tant atteinte à une éthique indis­pen­sa­ble à des soins de qua­lité.

C’est pour­quoi, Madame le Ministre, nous vous deman­dons de pré­ser­ver la qua­lité des soins récla­mée par tous les Français à tra­vers la péren­ni­sa­tion d’un Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute étayé par des com­pé­ten­ces incontour­na­bles que nous ne sau­rions accep­ter de gal­vau­der quel­les que soient les exi­gen­ces économiques, en favo­ri­sant une sous-trai­tance de nos mis­sions.

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