AP-HP : feuille de route 2011 de la DG

29 décembre 2010

Les prin­ci­paux éléments du dis­cours de Madame Mireille FAUGERE, Directrice Générale de l’AP-HP le 14 décem­bre 2010

Le 30 sep­tem­bre der­nier, quel­ques jours après mon arri­vée, j’ai ren­contré l’ensem­ble de la com­mu­nauté de l’AP-HP, repré­sen­tants de la com­mu­nauté médi­cale et para­mé­di­cale, mem­bres de la CME et pré­si­dents de CCM, direc­teurs de groupe et leurs pro­ches col­la­bo­ra­teurs, repré­sen­tants des direc­tions cen­tra­les, et des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les.

Depuis j’ai pour­suivi mes échanges avec un grand nombre d’acteurs et de par­te­nai­res de l’AP-HP. Le moment est venu de vous dire les prio­ri­tés pour 2011, et plus lar­ge­ment les ambi­tions et les orien­ta­tions que je sou­haite mettre en œuvre avec vous.

Je vous l’avais dit en arri­vant, et je vous le confirme, notre ins­ti­tu­tion est remar­qua­ble par l’ampleur de ce qu’elle repré­sente. La qua­lité de nos per­son­nels, le nombre de nos patients, le volume de nos publi­ca­tions et de nos inves­tis­se­ments est tout à fait sin­gu­lière. Ce carac­tère excep­tion­nel est source de notre fierté, et je sais à quel point nous y tenons tous. Nous sommes le numéro un de l’hôpi­tal public uni­ver­si­taire en Europe, et je vous pro­pose que nous gar­dions cette posi­tion dis­tinc­tive. Nous devons cepen­dant reconnaî­tre que nous sommes cri­ti­qués, par­fois injus­te­ment mais pas tou­jours. On nous dit que nous n’allons pas assez vite dans la mise en place des réfor­mes atten­dues, que nos équipes ne sont pas assez sou­dées, que nos stra­té­gies ne sont pas assez lisi­bles.

Aujourd’hui le temps presse, et les défis sont impor­tants : nous devons impé­ra­ti­ve­ment nous adap­ter à notre envi­ron­ne­ment. Nos mala­des chan­gent, leurs besoins sont dif­fé­rents. Nos pra­ti­ques pro­fes­sion­nel­les évoluent et simul­ta­né­ment, nous cons­ta­tons des ten­sions sur la démo­gra­phie médi­cale, et un fort tur­no­ver du per­son­nel soi­gnant. Si notre force est d’être pré­sents sur un vaste ter­ri­toire, la dis­per­sion est l’une de nos fai­bles­ses. Cette dis­per­sion est coû­teuse, car elle nous demande de main­te­nir des équipes très spé­cia­li­sées dans un nombre de sites trop impor­tant.

Dans le même temps, vous le voyez chaque jour, la concur­rence s’est bien ins­tal­lée.
Dès que nous avons un point de fai­blesse, ou dès qu’une acti­vité rému­né­ra­trice appa­raît le sec­teur privé se posi­tionne de façon offen­sive. Nous devons nous défen­dre davan­tage.

Nous devons également faire face à une contrainte finan­cière d’une ampleur sans pré­cé­dent qui pèse à la fois sur nos dépen­ses de fonc­tion­ne­ment et sur notre capa­cité d’inves­tis­se­ment. Sortir du défi­cit est le seul moyen de retrou­ver la pos­si­bi­lité d’inves­tir.

Je vous pro­pose donc d’avoir comme stra­té­gie de « Faire pré­fé­rer l’AP-HP ».

D’abord à nos patients, en nous mobi­li­sant davan­tage sur la qua­lité – au-delà de la qua­lité et la sécu­rité des soins qui sont nos fon­da­men­taux, le juge de paix de toutes nos actions. Les enquê­tes réa­li­sées auprès des usa­gers mon­trent bien que, plus nous nous éloignons de l’acte médi­cal stricto sensu, moins les appré­cia­tions sont bonnes. Je sou­haite que nous pro­po­sions des par­cours de soins adap­tés aux nou­veaux besoins de nos patients, avec des solu­tions en amont et en aval de l’hôpi­tal. Nous savons qu’en ten­dance, le temps passé à l’hôpi­tal se réduit, et l’accom­pa­gne­ment en dehors de nos murs devient déci­sif.

Faire pré­fé­rer l’AP-HP à nos per­son­nels, et plus par­ti­cu­liè­re­ment aux méde­cins, passe par l’enga­ge­ment dura­ble de l’AP-HP dans de puis­sants pro­jets de recher­che et d’ensei­gne­ment. La dimen­sion uni­ver­si­taire de l’AP-HP devra être visi­ble par­tout. Un impor­tant tra­vail sur les dépar­te­ments hos­pi­talo-uni­ver­si­tai­res sera à mener dès 2011, et ce en arti­cu­la­tion avec la réflexion sur l’orga­ni­sa­tion des pôles. Nous ne bais­se­rons pas la garde sur la recher­che. Et elle sera pré­sente aussi sur des ter­ri­toi­res comme Mondor et Avicenne

Je vou­drais que l’on fasse pré­fé­rer l’AP-HP aux per­son­nels soi­gnants dont une des carac­té­ris­ti­ques est un fort turn over, et aux per­son­nels tech­ni­que et admi­nis­tra­tif. Nous pour­sui­vrons donc notre poli­ti­que sociale et la pro­mo­tion pro­fes­sion­nelle.

Faire pré­fé­rer l’AP-HP à ses per­son­nels c’est aussi tra­vailler à un dia­lo­gue social de qua­lité. Nous avons entamé des dis­cus­sions avec les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les sur ce point. Mon objec­tif est que nous arri­vions à nous com­pren­dre, à cons­truire, à accom­pa­gner les per­son­nels dans les trans­for­ma­tions, et par­ti­cu­liè­re­ment dans la mise en place du fonc­tion­ne­ment des grou­pes hos­pi­ta­liers.

Et puis il faut faire pré­fé­rer l’AP-HP à nos par­te­nai­res, tutel­les, uni­ver­si­tés et élus. Sur ce point, la ques­tion de notre répu­ta­tion compte pour beau­coup. Vis-à-vis de l’Agence Régionale de Santé, nous devons faire la preuve de notre capa­cité à faire évoluer rapi­de­ment notre offre de soins dans un cadre ter­ri­to­rial. Je sou­haite donc que 2011 voie la conclu­sion des par­te­na­riats entre le Cash de Nanterre et Louis-Mourier, entre Henri-Mondor et le Chic, et que nous défi­nis­sions une vraie poli­ti­que de ter­ri­toire sur le 93.

Pour faire pré­fé­rer l’AP-HP, je m’engage sur une méthode simple « écouter, concer­ter, déci­der, mettre en œuvre ». Je ne sou­haite aucune bru­ta­lité, mais je serai extrê­me­ment déter­mi­née dans la mise en œuvre.

2011 sera, au sens propre du terme, une année extra-ordi­naire. Nous avons à faire vivre les grou­pes hos­pi­ta­liers et à cons­ti­tuer les pôles. Les chefs de pôle seront choi­sis d’ici la fin du prin­temps, grâce au tra­vail fait par les mem­bres de la CME, sur pro­po­si­tion de son pré­si­dent et du doyen Uzan. Ils auront un rôle essen­tiel dans la mise en œuvre du plan stra­té­gi­que. Je sou­haite mettre en place les condi­tions d’une véri­ta­ble co-cons­truc­tion avec la com­mu­nauté médi­cale et, à la fin de l’année 2011, je pro­po­se­rai des sémi­nai­res réu­nis­sant les 12 direc­teurs de grou­pes hos­pi­ta­liers et les 12 pré­si­dents de CME loca­les aux­quels les 7 doyens pour­ront se join­dre. D’autres élections très impor­tan­tes, qui concer­nent le per­son­nel non médi­cal, doi­vent également avoir lieu. Nous avons com­mencé à en parler avec les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les.

Autre étape en 2011, nous déploie­rons SAP dans le sys­tème d’infor­ma­tion ges­tion. Et nous avan­ce­rons sur le sys­tème d’infor­ma­tion patient pour aller vers un dos­sier patient qui sera moderne et com­plet.

Et puis 2011 sera l’année de la mise en œuvre du plan stra­té­gi­que. Comme l’ont jus­te­ment fait remar­quer de nom­breux mem­bres de la com­mu­nauté médi­cale, la logi­que du sau­pou­drage des moyens a atteint ses limi­tes. Nous avons abso­lu­ment besoin de restruc­tu­rer une grande partie de notre offre, sur la base de pro­jets médi­caux, pour trou­ver les effets de taille cri­ti­que qui nous man­quent aujourd’hui. Si la méthode pour mener ces restruc­tu­ra­tions est impor­tante, le rythme l’est tout autant. Nous devons aller vite sans agir bru­ta­le­ment, et choi­sir dans le plan stra­té­gi­que les pro­jets nous per­met­tant d’avan­cer signi­fi­ca­ti­ve­ment.

Du côté de la direc­tion géné­rale, nous devons pour­sui­vre la réforme du siège.

Sur les inves­tis­se­ments, sujet dif­fi­cile, nous aurons des ten­sions. La quasi-tota­lité de nos capa­ci­tés d’inves­tis­se­ment est prise par les pro­jets du plan stra­té­gi­que pré­cé­dent, dont la réa­li­sa­tion arrive à son terme avec un peu de retard.

Or il nous est très dif­fi­cile de sol­li­ci­ter nos tutel­les pour finan­cer des pro­jets nou­veaux si l’effi­cience des bâti­ments neufs n’est pas démon­trée.

Nous allons donc devoir mon­trer concrè­te­ment les condi­tions d’ouver­ture, d’occu­pa­tion et de ren­ta­bi­lité de nos bâti­ments 2011 et 2012 : ceci est indis­pen­sa­ble à l’établissement de rela­tions de confiance avec l’ARS. Et disons-le nous clai­re­ment, on ne peut pas ima­gi­ner faire des regrou­pe­ments de ser­vi­ces à la condi­tion exclu­sive de cons­truire des bâti­ments nou­veaux.

Nous allons donc nous donner des prio­ri­tés pour 2011 en inves­tis­se­ment. La pre­mière concer­nera tous les pro­jets liés à la sécu­rité, puis nous cher­che­rons les pro­jets per­met­tant un retour rapide en termes d’effi­ca­cité et ceux qui par­ti­ci­pe­ront à l’amé­lio­ra­tion de la vie quo­ti­dienne au tra­vail seront donc prio­ri­tai­res en 2011.

Au-delà des inves­tis­se­ments et des restruc­tu­ra­tions, je sou­hai­te­rais main­te­nant vous faire par­ta­ger quel­ques autres sujets essen­tiels, sur les­quels nous avons du retard à rat­tra­per.

Tout d’abord, l’ambu­la­toire, où nous sommes à la traîne, tandis que le marché est occupé par le privé lucra­tif : nous n’en repré­sen­tons que 12%, sur les 17 gestes mar­queurs iden­ti­fiés par la Sécurité sociale.

Autre sujet d’impor­tance, le taux d’uti­li­sa­tion des blocs opé­ra­toi­res : je sais que les situa­tions doi­vent être étudiées au cas par cas, mais lorsqu’on regarde les sta­tis­ti­ques géné­ra­les de
l’AP-HP, nous voyons que le taux d’uti­li­sa­tion moyen est beau­coup trop faible, compte-tenu de l’impor­tance du coût de ces struc­tu­res. Il en est de même pour les équipements lourds. Or il s’agit d’argent public, il est de notre res­pon­sa­bi­lité de ne pas per­met­tre de gas­pillage.

Coûteux également pour l’ins­ti­tu­tion, les mètres carrés non ou insuf­fi­sam­ment uti­li­sés : j’en ferai la chasse, afin de les récu­pé­rer pour réin­ves­tir.

Nous avons du retard sur la prise en charge quo­ti­dienne du patient, que nous devrons amé­lio­rer, qu’il s’agisse des rendez-vous, de l’attente, des par­cours…
Le sujet des condi­tions de tra­vail sera prio­ri­taire en 2011. L’absen­téisme est trop élevé, et nous sommes encore par­fois trop désor­ga­ni­sés.

Pour faire ren­trer des euros, nous allons agir sur la fac­tu­ra­tion et la qua­lité du codage. L’argent qui rentre peut être rapi­de­ment réin­vesti dans l’hôpi­tal, c’est moti­vant de se battre pour cela. Nous devons faire plus d’acti­vité, être mieux rému­né­rés pour l’acti­vité que nous fai­sons, et sur­veiller la consom­ma­tion en contrô­lant mieux la poli­ti­que d’achats et de sto­ckage, et la jus­tesse des pres­crip­tions.

Enfin, un tra­vail sera réa­lisé sur le sujet de la géria­trie, qui per­met­tra à l’AP-HP de dire clai­re­ment sa posi­tion.

Pour aider à tout cela, j’ai sou­haité une évolution du siège afin de mieux servir les inté­rêts des grou­pes hos­pi­ta­liers : le siège sera mieux orga­nisé, plus ras­sem­blé, plus musclé. Je sou­haite créer deux direc­tions qui man­quent pour attein­dre nos objec­tifs.
Une direc­tion du pilo­tage de la trans­for­ma­tion, qui sera notre tour de contrôle et notre aiguillon. Elle devra s’assu­rer que les objec­tifs sont atteints par tous. Cette direc­tion est confiée à Sybille Veil. Jean Barraud rejoin­dra son équipe.

Une direc­tion du ser­vice au patient et de la com­mu­ni­ca­tion. Elle veillera à l’amé­lio­ra­tion de tout ce qui accom­pa­gne le patient au quo­ti­dien et qui n’est pas du soin, aux rela­tions avec les asso­cia­tions d’usa­gers et les famil­les, au déve­lop­pe­ment de la qua­lité, et regrou­pera toutes les com­pé­ten­ces de com­mu­ni­ca­tion du siège. Elle sera diri­gée par Hubert Joseph-Antoine qui vient de la SNCF. Isabelle Lesage le rejoin­dra.

Jean-Michel Diebolt rejoin­dra Michel Fournier à la direc­tion de la Politique médi­cale, où il tra­vaillera sur la poli­ti­que des ter­ri­toi­res. Michel Fournier rejoin­dra le direc­toire en jan­vier.
Dominique Giorgi, actuel Secrétaire géné­ral de l’AP-HP, rejoin­dra l’IGAS début 2011. Monique Ricomes, jusque-là Directrice des res­sour­ces humai­nes de l’AP-HP, pren­dra sa suc­ces­sion et devien­dra donc Secrétaire géné­rale. Didier Cazejust rejoin­dra son équipe. Alain Burdet pren­dra l’inté­rim de la DRH, le temps du recru­te­ment.

La direc­tion des inves­tis­se­ments (DITMS) et le dépar­te­ment du patri­moine de la DPFLL intè­grent la Direction des Finances, afin de ren­for­cer la cohé­rence entre budget et inves­tis­se­ments.

Nous serons en phase de pré­fi­gu­ra­tion dès le mois de jan­vier, et l’orga­ni­sa­tion devien­dra défi­ni­tive au cours du prin­temps, après un tra­vail de défi­ni­tion pré­cise des res­pon­sa­bi­li­tés et des com­pé­ten­ces et consul­ta­tions des ins­tan­ces.

Pour conclure, je vous résume mes ambi­tions pour l’AP-HP :
Etre le numéro un de l’hos­pi­ta­li­sa­tion publi­que uni­ver­si­taire en Europe
Etre pré­fé­rés de nos patients, de nos per­son­nels, de nos par­te­nai­res
Se trans­for­mer, pour pou­voir fonc­tion­ner et inves­tir dura­ble­ment dans la moder­ni­sa­tion d’une offre de soins de qua­lité.

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