Appel pour faire de la santé une priorité politique pour la présidentielle

11 décembre 2021

Cent per­son­na­li­tés du monde de la santé signent un appel pour faire de la santé une prio­rité poli­ti­que pour la pro­chaine élection pré­si­den­tielle (dont Thierry Amouroux porte-parole du syn­di­cat Infirmier SNPI ⁦CFE-CGC).

"La fin de la poli­ti­que sera le bien pro­pre­ment humain », selon Aristote. Dans cette période très poli­ti­que des six pro­chains mois, nous appe­lons tous les can­di­dats à la pré­si­den­tielle 2022 à inclure le bien pro­pre­ment le plus humain, la santé, dans le débat démo­cra­ti­que.

Notre modèle de santé, pensé au milieu du siècle der­nier, est en phase de déli­te­ment pro­grammé, repré­sen­tant un gâchis monu­men­tal de res­sour­ces humai­nes et une menace d’affai­blis­se­ment dura­ble d’un pilier civi­li­sa­tion­nel de la France. La crise de l’hôpi­tal public est le miroir de la crise de l’ensem­ble de notre sys­tème de santé. Ayant été à l’épicentre du sys­tème de santé du XXe siècle, l’hôpi­tal porte les stig­ma­tes les plus visi­bles d’une crise sys­té­mi­que qui s’étend et s’aggrave depuis plu­sieurs années.

La triple tran­si­tion démo­gra­phi­que, épidémiologique et tech­no­lo­gi­que, en marche depuis le début du nou­veau mil­lé­naire, impose la concep­tion d’un nou­veau modèle, qui s’ins­crit dans la conti­nuité, mais trans­forme struc­tu­rel­le­ment le modèle actuel. Ce der­nier s’effrite dans sa pro­messe d’un accès aux soins pour tous, ce qui n’est même plus suf­fi­sant pour bien pro­té­ger aujourd’hui. Le nou­veau modèle de santé doit viser l’accès à la santé glo­bale, dans tous ses déter­mi­nants médi­caux et non médi­caux, appor­ter une réponse per­son­na­li­sée aux besoins de santé des citoyens et réus­sir la démo­cra­ti­sa­tion de la santé.

Si nous lan­çons cet appel, c’est que, face à cette urgence, le risque est élevé que cette cam­pa­gne poli­ti­que fasse l’impasse sur ce thème. L’ana­lyse des pro­gram­mes des can­di­dats décla­rés et la teneur des pre­miers débats confir­ment ce risque.

Depuis 20 ans, chaque gou­ver­ne­ment apporte sa pierre au rafis­to­lage du modèle de 1945

Le besoin de refonte du sys­tème de santé, de la for­ma­tion des soi­gnants et de l’uni­ver­sité de la santé est à par­ta­ger par tout le spec­tre poli­ti­que, ce qui est loin d’être le cas. Depuis 20 ans, chaque gou­ver­ne­ment apporte sa pierre au rafis­to­lage du modèle de 1945, pré­fé­rant faire l’autru­che face à la réa­lité. Le Ségur de la santé est un pan­se­ment pour pro­lon­ger la survie du sys­tème mais sans effet sur sa trans­for­ma­tion.

Cette trans­for­ma­tion de notre sys­tème de santé paraît mis­sion impos­si­ble pour le pou­voir poli­ti­que, qui pré­fère donc le silence. Cet immo­bi­lisme est entre­tenu par une mino­rité de blo­cage com­po­sée des déten­teurs d’une rente du sys­tème actuel. Cette rente peut être poli­ti­que (pou­voir d’influence) ou finan­cière. Cette mino­rité est l’arbre qui cache la forêt d’une attente forte de chan­ge­ment parmi la majo­rité des acteurs.

Si nous lan­çons cet appel, c’est qu’il existe en effet un consen­sus large pour refon­dre un sys­tème de santé qui réponde aux défis contem­po­rains tout en res­pec­tant nos valeurs répu­bli­cai­nes et les prin­ci­pes fon­da­men­taux qui ont forgé le modèle actuel.

Après trois ans de tra­vail d’intel­li­gence col­lec­tive avec la majo­rité des sen­si­bi­li­tés pro­fes­sion­nel­les et poli­ti­ques en santé de notre pays, l’Institut Santé vient de pro­po­ser un nou­veau modèle abouti, inti­tulé « L’auto­no­mie soli­daire en santé », dont il a éprouvé le poten­tiel consen­suel. D’autres contri­bu­tions ali­men­tent la réflexion et c’est à tra­vers un large débat démo­cra­ti­que que le nou­veau modèle doit être choisi et ins­tauré dès 2022.

Si nous lan­çons cet appel, c’est que la France dis­pose de toutes les res­sour­ces pour rede­ve­nir une réfé­rence mon­diale dans la santé. Si nous remet­tons en ordre nos ins­ti­tu­tions de gou­ver­nance, l’orga­ni­sa­tion des acteurs et le finan­ce­ment des dépen­ses, nos ser­vi­ces de santé peu­vent retrou­ver en quel­ques mois des per­for­man­ces parmi les meilleu­res au monde. Si nous créons un écosystème favo­ra­ble pour notre recher­che médi­cale et nos indus­tries de santé, la France peut rede­ve­nir en un quin­quen­nat dans le top 5 mon­dial de l’inno­va­tion médi­cale.

Restaurer un sys­tème de santé solide

Enfin, si nous lan­çons cet appel, c’est que res­tau­rer un sys­tème de santé solide est un gage de nom­breux effets posi­tifs pour le pays. L’Histoire l’a déjà prouvé en France et à l’étranger.

En 1883, Otto von Bismarck créait le pre­mier sys­tème d’assu­rance-mala­die obli­ga­toire pour les ouvriers pour ren­for­cer l’unité natio­nale à la suite de la réu­ni­fi­ca­tion de l’Allemagne. En 1945, une alliance entre les gaul­lis­tes et les com­mu­nis­tes créait la Sécurité sociale pour soli­da­ri­ser la société et pro­té­ger les citoyens des ris­ques sociaux. En 1993, Paul Kagamé, après le géno­cide au Rwanda, déci­dait de recons­truire le sys­tème de santé pour apai­ser et redres­ser son pays. Ces trois ini­tia­ti­ves ont été cou­ron­nées de succès.

Trois preu­ves qu’Aristote avait raison. Le bien humain le plus pré­cieux, la santé, se suffit à lui-même pour réus­sir un grand projet poli­ti­que qui ren­for­cera l’unité natio­nale, garan­tira un avenir meilleur aux citoyens de plu­sieurs géné­ra­tions et res­tau­rera la gran­deur de la France dans le monde. Nul doute qu’igno­rer la santé dans le débat démo­cra­ti­que des élections de 2022 serait une faute poli­ti­que lourde de consé­quen­ces !

Source :
 https://www.lepoint.fr/debats/la-sante-doit-etre-une-prio­rite-poli­ti­que-de-la-pre­si­den­tielle-2022--06-12-2021-2455496_2.php
 Appel des 100 pour faire de la santé une prio­rité poli­ti­que à la Présidentielle 2022 !
https://www.opi­nion-inter­na­tio­nale.com/2021/12/09/appel-des-100-pour-faire-de-la-sante-une-prio­rite-poli­ti­que-a-la-pre­si­den­tielle-2022_101703.html

Voir aussi
https://www.lepoint.fr/debats/sante-le-nou­veau-modele-fran­cais-21-10-2021-2448825_2.phpoir

Liste des signa­tai­res :

Saïdi Abdelkader, Chirurgien, Expert en Gestion de Crise, Nouvelle-Calédonie

Catherine Audard, Philosophe, London School of Economics, spé­cia­liste des ques­tions de jus­tice sociale

Thierry Amouroux, Porte-parole Syndicat Infirmier SNPI CFE-CGC

Alain Amzalag, Chirurgien-den­tiste, Paris

Jean-Marc Ayoubi, Chef de ser­vice de gyné­co­lo­gie-Obstétrique hôpi­tal Foch, Professeur à la faculté de méde­cine de l’UVSQ

Perle Bagot, Directrice asso­ciée au Hub Institute (nou­vel­les tech­no­lo­gies)

Giancarlo Baillet, Directeur chez Centre de géria­trie Beauséjour

Marie-Lison Barbier, Médecin Pédiatre

Khaldoun Bardi, Chirurgien Cardio-vas­cu­laire, membre de l’Académie euro­péenne des Sciences et des Arts

Sophie Beaupère, Déléguée Générale d’Unicancer

Salomon Benchetrit, Chirurgien vis­cé­ral, Lyon

Sandrine Benoit, Directrice des soins

Evelyne Bersier, Docteur en droit de la santé, Membre de la chaire Education santé de l’UNESCO

Frédéric Bizard, Professeur d’économie, ESCP, Président de l’Institut Santé

Carole Bonnier, pro­fes­seur à ESCP Europe, direc­teur scien­ti­fi­que de l’Executive Mastère spé­cia­lisé en mana­ge­ment médi­cal

Pascal Brandys, Président-Directeur Général de Phylex Biosciences

Pierre-Henri Bréchat, Médecin spé­cia­liste en Santé Publique et en Médecine Sociale

Valérie Briole, Médecin Rhumatologue, Présidente URPS-ML Ile-de-France

Thierry Boudemaghe, Chef de ser­vice Information médi­cale, CHU Nîmes

Eric Campion, Chirurgien-den­tiste, Toulon

Patrick Carlioz, Chirurgien pédia­tre, Lyon

Jean-Michel Casanova, Chirurgien, Paris

Didier Castiel, Economiste de la santé, Université Sorbonne Paris-Nord

Annabelle Champagne, Pharmacienne, Dirigeante Wi Pharma

Eric Cheysson, Chirurgien vas­cu­laire, Président de la Chaine de l’Espoir

Laurent Chneiweiss, méde­cin Psychiatre, Paris

Serge Cohen, méde­cin car­dio­lo­gue, ex-Président du CNCF

Alain Coulomb, ancien direc­teur de la Haute Autorité de santé

Philippe Cuq, Chirurgien vas­cu­laire, Co-Président de Avenir Spé- Le Bloc

Azita Daghestani, Responsable déve­lop­pe­ment acti­vité de santé sur Aura

Jean-François Damour, Médecin angio­lo­gue, Ermont

Arnaud Danse, Directeur d’Ophtalmo.TV

Laurent Delaunay, méde­cin anes­thé­siste, Annecy

Alain Deloche, Professeur de chi­rur­gie, co-fon­da­teur de « Médecins du monde », fon­da­teur de l’asso­cia­tion « La Chaîne de l’espoir » ;

Philippe Denoyelle, Chirurgien-den­tiste, Président d’Union den­taire

Bertrand de Rochambeau, Gynécologie-Obstétricien, Co-Président Avenir Spé – Le Bloc

Florence de Rohan-Chabot, Psychiatre, Praticien Hospitalier, Mulhouse

Mélanie Drillet, Infirmière, Paris

Bernard Ennuyer, Sociologue, ensei­gnant cher­cheur, spé­cia­liste du vieillis­se­ment et han­di­cap

René Frydman, Gynécologue-Obstétricien, Professeur des Universités

Christelle Galvez, Directrice des soins, Centre Léon Bérard à Lyon

Patrick Gasser, méde­cin gastro-enté­ro­lo­gue, Co-Président Avenir Spé Le Bloc

Benoit Godiart, Enseignant agrégé en scien­ces médico-socia­les, Université Savoie Mont-Blanc

Olivier Goeau-Brissonnière, Chef de ser­vice, APHP, Président des Fédérations des spé­cia­li­tés médi­ca­les

Sébastien Guérendel, citoyen engagé pour l’inno­va­tion et le numé­ri­que en santé

Michel Guilbeau, Associé fon­da­teur de BG Group

David Gruson, Directeur Programme Sante Jouve, Fondateur ETHIK-IA

Jean-Paul Hamon, Médecin Généraliste, Président d’hon­neur de la Fédération des méde­cins de France

Jean-Luc Harousseau, méde­cin héma­to­lo­gue, Ancien Président de la Haute Autorité de Santé

Richard Hasselmann, Président de Libr’acteurs, Administrateur de l’Institut Santé

Catherine Imbert, Directrice des soins, Lyon

Hubert Johanet, Chirurgien, Secrétaire Général de l’Académie Nationale de Chirurgie

Michel Joly, Directeur Général Gilead France

Nathalie Kerjean-Pons, Pharmacien Hospitalier, chef de ser­vice AP-HP ; Administratrice de l’Institut Santé

Gérald Kierzek, Médecin Urgentiste, APHP

Vincent Lacombe, Président de la cli­ni­que St Exupéry, Toulouse

Laurent Lantiéri, Chirurgien Plasticien, APHP, Professeur à l’Université Paris Descartes

Eric Laspougeas, Ex Directeur Général délé­gué, Vivalto

Eric Lenfant, Chirurgien-den­tiste, Lyon, Président de l’URPS-ARA-CD

Guillaume Levavasseur, Consultant en Santé, Innovation & Communication digi­tale

Bernard Llagonne, Chirurgien Orthopédiste, Epernay

Marina Lovka, Consultante experte en opti­que oph­tal­mi­que

Philippe Marre, Chirurgien, Président de l’Académie Nationale de Chirurgie

Jérôme Marty, Médecin géné­ra­liste, Président du syn­di­cat Union Française pour une méde­cine libre

Jean-Philippe Masson, Radiologue, Président de la Fédération Nationale des méde­cins radio­lo­gues

Marie Masbou, Pharmacienne d’offi­cine, Albi

Olivier Mercier, Dirigeant d’entre­prise

Raymond Merle, Patient expert, Directeur du Département Universitaire des Patients Grenoble-Alpes (DUPGA)

Pierre Mouton, Chirurgien ortho­pé­diste, Pessac

Arnold Munnich, Pédiatre géné­ti­cien, Professeur des Universités

Nada Nadif, Consultante en mana­ge­ment de la santé

Patrick Négaret, Ancien Directeur géné­ral de la CPAM des Yvelines

Didier Panchot, Chirurgien-den­tiste, Palaiseau

Patricia Paterlini-Bréchot, Professeure de bio­lo­gie cel­lu­laire et d’onco­lo­gie à la faculté de méde­cine Necker-Enfants Malades

Patrick Pelloux, Médecin urgen­tiste, Président de l’Association des méde­cins urgen­tis­tes de France

Olivier Perche, Responsable Affaires Publiques et Accès au Marché

Pascale Pernet, Directrice des Chaires, ESCP

Armelle Péron, Directrice des Soins, Lyon

Christophe Pinson, Pneumologue, Professeur des Universités, CHU Grenoble

Maxence Pithon, Médecin géné­ra­liste, Langeac, Ancien Président de l’Isnar-Img

Christophe Prudhomme, méde­cin urgen­tiste, Porte-parole de l’Association des méde­cins urgen­tis­tes de France

Marie-José Renaudie, Gynécologue, Présidente du syn­di­cat des gyné­co­lo­gues médi­caux

Philippe Rey, Infirmier, Président URPS IDEL AURA

Michael Riahi, Médecin Généraliste, Vice-Président les Généralistes- CSMF

Daniel Rosenweg, auteur et ancien grand repor­ter spé­cia­liste de l’économie de la santé

Alexandre Sage, Chirurgien-den­tiste, Président de Solident

Olivier Saint-Lary, Médecin géné­ra­liste, Professeur des Universités, Président du Collège National des Généralistes ensei­gnants (CNGE)

Philippe Sansonetti, Professeur au Collège de France, Chercheur à l’Institut Pasteur et à l’INSERM

Jean Sibilia, Professeur des Universités, Ancien Président de la confé­rence des doyens des facultés de méde­cine

Ghislaine Sicre, Infirmière, Présidente de Convergence infir­mière

Karem Slim, Chirurgien, CHU Clermont-Ferrand, Président de GRACE

Daniel Solaret, Conseil et exper­tise en sys­tème d’infor­ma­tions santé, Ancien membre conseil de Direction CRAM IDF

Jean-Paul Thonier, Expert en santé au tra­vail

Michel Tsimaratos, Professeur de méde­cine, Chef de ser­vice, APHM

Laurent Vercoustre, Praticien Hospitalier, Le Havre, Philosophe

Philippe Vermesch, Médecin sto­ma­to­lo­gue, Président du Syndicat des méde­cins libé­raux

Michel Vermorel, méde­cin retraité ancien dir Adj HGA ARS Rhône Alpes

Benoit Vignes, Chirurgien uro­lo­gue, Président du Syndicat National des chi­rur­giens uro­lo­gues fran­çais

Jérôme Villeminot, Chirurgien ortho­pé­diste, Haguenau

Serge Zaluski, Médecin Ophtalmologiste, Perpignan, Cofondateur d’Alaxione

Franck Zanibellato, Directeur de cli­ni­que

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