COVID 19 : urgence à avoir des purificateurs d’air dans les écoles
24 mai 2022
TRIBUNE. Scientifiques, acteurs de la lutte contre le Covid (dont le SNPI), enseignants, parents d’élèves lancent un appel à Emmanuel Macron pour qu’il lance un effort de purification de l’air dans les écoles, afin de lutter contre le Covid-19.
« ‘Un effort massif de purification de l’air dans les écoles, les hôpitaux, les maisons de retraites, les lieux publics’, dont les premiers résultats devraient “tomber avant la fin de cette année” a annoncé Emmanuel Macron lors d’un meeting à Marseille, avant le deuxième tour de l’élection présidentielle. Nous, parents, scientifiques, acteurs de la lutte contre le Covid-19 exhortons le Président de la République à démarrer au plus vite cet effort, pour assurer à nos enfants une rentrée scolaire en sécurité et être prêts collectivement pour l’avenir.
En France, les enfants sont très peu vaccinés, y compris ceux à haut risque de formes graves dont la couverture vaccinale ne dépasse pas 10%, et seulement environ 15% des adolescents ont effectué leur rappel. Près de deux tiers de l’ensemble des décès et des hospitalisations pédiatriques depuis mars 2020, a eu lieu au cours de la vague Omicron, caractérisée par des contaminations massives dont nous ignorons encore les effets à long terme. En outre, plus de 10 % des plus de 80 ans ne sont toujours pas vaccinés, et seuls 57 % des dialysés ont eu le rappel.
Si l’amélioration de la couverture vaccinale est cruciale, elle ne suffit pas à elle seule, comme le rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Aucune mesure n’est efficace à 100 %. Pour minimiser les contaminations, le seul principe valable est celui de la prévention combinée contre un virus qui circule toujours et a tué, en France, plus de 20 000 personnes durant les 4 premiers mois de 2022 ; si ce rythme se maintenait, à la fin de l’année le nombre de décès serait similaire à celui des deux dernières années précédentes. Sans oublier les personnes, de tout âge et condition, touchées par un Covid long, qui peut être parfois invalidant, et les autres conséquences de la pandémie.
La virulence et la contagiosité des futurs variants restent imprévisibles. A peine classé « variant préoccupant », BA.5 a commencé sa diffusion au Portugal et les experts s’attendent à sa prochaine propagation dans le reste de l’Europe, avec potentiellement une nouvelle vague au cours de l’été. Ainsi l’OMS, pour qui le Covid-19 demeure une « urgence de santé publique de portée internationale », vient de recommander aux Etats de renforcer la riposte nationale à la pandémie et d’appliquer des mesures de santé publique essentielles incluant le « renforcement de l’aération dans les espaces clos, même dans des périodes de circulation faible du SARS-CoV-2 ».
Depuis la reconnaissance de la transmission par aérosol du SARS-CoV-2, la qualité de l’air intérieur est devenue un enjeu majeur de santé publique, et la purification de l’air, une mesure incontournable de la prévention combinée. De nombreux pays y consacrent d’ambitieux programmes :
– en Australie, le gouvernement fournit aux écoles des purificateurs d’air, installe des ventilations mécaniques, et donne aux directeurs des guides sur les meilleures pratiques de ventilation. Le programme d’“Assurance Qualité de l’Air Intérieur” du New South Wales consacre 100 millions de dollars pour environ 2 200 écoles, équipées, entre autres, de 19 000 purificateurs.
– Purificateurs livrés aux écoles aussi en Nouvelle Zélande où des pédiatres se rendent dans les classes pour expliquer aux enfants et au personnel que le Covid-19 se transmet dans l’air et comment utiliser les détecteurs de CO2.
– Aux Etats-Unis, le gouvernement a lancé le Clean Air in Buildings Challenge, pour que les exploitants de bâtiments améliorent la qualité de l’air intérieur en utilisant les fonds de l’American Rescue Plan, dont 122 milliards de dollars pour les écoles.
– Nos voisins Belges ont aussi lancé un grand plan national pour la ventilation : la mesure du CO2 deviendra obligatoire dans de nombreux lieux publics et un label indiquera la qualité de l’air aux visiteurs.
En France, seules quelques collectivités territoriales ont eu recours à l’aide de l’Etat pour équiper les écoles et établissements scolaires en capteurs de CO2. La date limite de la demande a été à nouveau repoussée, à la fin de l’été, mais sans aucune communication pour en rappeler la possibilité et l’importance aux 80% d’écoles toujours pas équipées en janvier. Le budget, entre 20 et 80 millions d’euros, pour près de 60 000 établissements scolaires, est largement insuffisant. Rapporté aux élèves, il est de 40 à 10 fois inférieur à ce qu’a investi l’Irlande, par exemple. Rien n’est prévu pour la purification de l’air, ni pour la pédagogie nécessaire à expliquer la transmission par aérosols et sa prévention. La France est un des pays qui a le moins investi sur la qualité de l’air intérieur.
Pourtant, l’accès à un « environnement sûr, propre, sain et durable » est un droit humain fondamental, reconnu récemment par les Nations Unies. Un droit à « vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé » affirmé depuis des années en France par le premier article de la Charte de l’Environnement. La commission Covid-19 de The Lancet l’a souligné : « il s’agit d’une occasion unique d’apporter des améliorations sanitaires aux bâtiments » et de nombreux pays ont donné la priorité aux écoles dans leurs plans de relance.
Monsieur le Président, la qualité de l’air intérieur est un défi majeur de notre temps. Son incidence sur la santé et le bien-être est avérée et connue depuis des années. En outre, non seulement la pandémie de Covid-19 n’est pas terminée, mais les experts alertent sur les risques que de nouvelles épidémies apparaissent de plus en plus souvent, se propagent de plus en plus rapidement, avec des conséquences néfastes pour la santé et l’économie mondiale. Il est urgent d’agir et de lancer sans plus tarder un plan ambitieux pour l’aération, à la hauteur des enjeux, présents et futurs. Pour ‘vivre avec le virus’ et devenir une grande nation préparée à l’ère des pandémies, il faut s’en donner les moyens ! »
Tribune publiée dans le JDD le 21 mai 2022
– https://www.lejdd.fr/Societe/covid-scientifiques-et-parents-deleves-demandent-un-effort-sur-la-purification-de-lair-dans-les-ecoles-4112785
– https://twitter.com/infirmierSNPI/status/1528034417981198343
Les signataires :
François BOURDILLON, Ancien directeur général de Santé publique France
Mahmoud ZUREIK, professeur d’épidémiologie et de santé publique
Elisa ZENO, Ingénieur de Recherche, PhD, Ecole et Familles Oubliées
Barbara SERRANO, MdC associée à l’Université Paris-Saclay, co-fondatrice du collectif Du Côté de la Science
Virginie COURTIER, chercheuse, AdiosCorona.org
Cristina MAS, Collectif Covid Long Pédiatrique
Guislaine DAVID, cosecrétaire générale et porte-parole du syndicat des enseignants du premier degré SNUipp-FSU
Sophie VÉNÉTITAY, secrétaire générale et porte parole du syndicat des enseignants du second degré SNES-FSU
Catherine NAVE-BEKHTI, secrétaire générale du Sgen-CFDT
Jérôme Marty, médecin généraliste Président UFMLS
Thierry AMOUROUX, porte parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI
Cathie ERISSY, Secrétaire Générale de l’APPI Association de Promotion de la Profession Infirmière
Isabelle BAUTHIAN, écrivaine et vulgarisatrice scientifique
Michaël ROCHOY, médecin généraliste
Thierry BAUBET, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent
Jean-François RUPPRECHT, chercheur
Corinne DEPAGNE, pneumologue
David SIMARD, docteur en philosophie
Cecile Philippe, présidente institut economique Molinari et membre du World Health Network
Dr Anne ROLLAND, pédiatre
Matthieu CHAUVEAU, professeur certifié
Dominique LANG, cadre infirmier en prévention et contrôle de l’infection
Florent TETARD, maître de conférences Lspm CNRS Université Sorbonne Paris Nord
Benoît HALLINGER, économiste
Stéphane DEDIEU, professeur des universités
Céline CASTERA, infirmière
Julien CAZENAVE, citoyen et parent
Laurent ZIMMERMANN, MCF université Paris Cité
Armelle VAUTROT, universitaire, thérapeute, parent
Sylvain BOUCHON, avocat
Nathalie PIAT, développeuse frontend
Arnaud MERCIER, professeur en communication, université Paris Panthéon-Assas
Solenn LESVEN, parent d’élèves
Alain HOMSI, réalisateur
Émilie TRAN, parent
Hélène POIRIER, médecin
Marie FERNET, avocate, parents d’élèves
Claude-Alexandre GUSTAVE, biologiste médical
Pierre LAGNEL, journaliste
Natica BARTKOWIAK, assistante sociale
Laetitia BOUNINI, RPE Maternelle 13 ouest 75014
Philippe MOREAU CHEVROLET, Président de MCBG Conseil
Charlotte JACQUEMOT, chercheuse, Adios Corona
Maxime SAULE, Biologiste médical
Solenn TANGUY, enseignante
Corinne PLANTE, commerçante
Xavier HUGONET, consultant-analyste
Christophe LEFEVRE, médecin de prévention
Christian LEHMANN, médecin généraliste, écrivain
Marie-Anne PANET, médecin généraliste
Laure SOULE, parent
Sylve DENIZET, docteur vétérinaire
Gisèle DASTE, parent d’élève
Diane GARNAULT, psychologue clinicienne et citoyenne concernée
Nicolas RUSSIER, CDS
Yannick FREYMANN médecin généraliste
Marie BARDIAUX-VAIENTE, autrice et historienne
Agnès LIMBERT, auto-entrepreneuse
Christophe LAMARRE, médecin à Roubaix
Brigitte VASSEUR, parent
Sandrine GLAIZAL, fonctionnaire
Christophe PONSOT, ingénieur
Marion PONSOT, assistante d’équipe de recherche
Matthieu CALAFIORE, Médecin généraliste, directeur du département de médecine générale de Lille