Hausse des évènements indésirables associés aux soins (EIAS)
28 mars 2016
Une conséquence des suppressions de personnel hospitaliers et de la surcharge de travail des soignants, après des années de "plans d’économies", de "plan de retour à l’équilibre" ?
Les événements indésirables associés aux soins (EIAS) augmentent régulièrement ces dernières années. Pire les Événements indésirables graves (EIG) ont doublés en un an en Ile de France.
Ainsi, à l’AP-HP, qui représente 10% de la fonction publique hospitalière avec ses 38 hôpitaux, on est ainsi passé :
– sur l’outil OSIRIS de 39.086 EIAS en 2010, à 57.933 en 2014 (+ 48%).
– de 21 EIG en 2013, à 46 EIG en 2014, et 75 EIG en 2015
Événements indésirables graves (EIG) : Évènement inattendu au regard de la prise en charge dont les conséquences ont un caractère de gravité pour le patient :
– gravité 4 : menace du pronostic vital, passage en réanimation et/ou au bloc opératoire
– gravité 5 : décès
Bilan EIG : quelques exemples
– 6 erreurs de prescription
– 2 chocs anaphylactiques au SAU chez des patients connus comme étant allergiques (1 décès, 2 plaintes)
– 2 erreurs de côté (urologie, orthopédie)
– 2 erreurs de patients (interventions gynécologiques)
– 1 oubli de compresse (intervention de chirurgie digestive)
– 2 greffes (rein, coeur) non réalisées, en raison de « matériel » manquant
– 3 décès associés à l’utilisation des respirateurs , dont 2 lors du transport interne
– 12 suicides dont 9 par défenestration
– 4 décès en SSR / SLD suite à une chute des patients dans les escaliers
Répartition des signalements EIAS par catégories :
– A – Activités médicales et de soins (8.040)
– B – Organisation des soins – Relations avec le patient (27.880)
– C – Vie hospitalière (18.686)
– D – Vigilances (3.327)
Activités médicales et de soins
– Complication liée aux soins 2740 34%
– Médicament : erreur / dysfonctionnement du circuit 1997 25%
– autre (à préciser) 1164 15%
– Complications diagnostiques - exams 1142 14%
– DMS : erreur / dysfonctionnement du circuit 484 6%
– Complication médicale ou chirurgicale inattendue 239 3%
– Complication liée aux activités diagnostiques / examens 138 3%
– Prise en charge de la douleur 136 2%
Le SNPI CFE-CGC conseille aux soignants d’être vigilants, en signalant préventivement les situations difficiles qui peuvent déboucher sur un incident, par une fiche d’alerte lors de chaque situation difficile, pour prévenir par écrit l’administrateur de garde, et les élus du CHSCT d’une situation dangereuse.
Le manque de personnel, de moyens, de repos et d’un cadre de travail correct peut devenir source d’erreur pour n’importe quel soignant. L’infirmière est sans cesse sur le qui-vive, parce qu’à coté des soins à faire, il faut répondre au téléphone, aux patients, aux familles, prendre des rendez-vous, chercher les résultats d’examens, brancarder, commander du matériel, aller chercher des médicaments à la pharmacie, demander au service technique de faire une intervention, envoyer du matériel en maintenance ou réparation, etc.
Le SNPI CFE-CGC incite également les infirmiers salariés qui ne l’ont pas encore fait à prendre sans tarder une assurance "responsabilité civile professionnelle" (déjà obligatoire pour les libéraux), car il est préférable de disposer de son propre avocat qu’être défendu par celui de l’établissement pour éviter, dans des litiges, les conflits d’intérêt.
Si néanmoins un patient a été victime d’un accident ou d’une erreur au cours d’un soin, signe des temps, la HAS, Haute Autorité de Santé, a élaboré un guide d’accompagnement pour vous aider, le « Guide d’annonce d’un dommage associé aux soins » : http://www.syndicat-infirmier.com/Guide-HAS-Annonce-d-un-dommage.html
Plus d’informations :
– Erreurs de médicaments : règles à observer
– Responsabilite juridique de l’infirmière
– Fiche HAS sur l’administration des médicaments
– Les erreurs de medication,
– Les patients paient le prix du manque de personnel et des surcharges de travail,