Loi sur la « fin de vie » : les soignants doivent être entendus
21 avril 2024
Alors que la commission spéciale de l’Assemblée Nationale se réunit pour de premières auditions sur le projet de loi relatif à la fin de vie (euthanasie et suicide assisté), des collectifs de soignants, non conviés aux débats, ont fait part de leur totale incompréhension, dans la lettre ci-dessous :
Madame la Présidente,
Monsieur le Rapporteur Général,
Mesdames et Messieurs les Rapporteurs,
Alors que les auditions de la commission spéciale sur le projet de loi « fin de vie » vont débuter dans les prochaines heures, nous tenions à vous faire part collectivement de notre incompréhension quant à l’absence de nos organisations au sein de la liste des personnes et structures interrogées.
Nos associations, sociétés savantes et fédération n’ont pas eu l’occasion d’être convoquées pour donner leur regard sur ce texte. Pourtant :
– L’implication directe des gériatres et des médecins intervenant dans le secteur médico-social dans le processus envisagé d’aide à mourir est spécifiquement mentionnée aux articles 10 et 16 du projet de loi. La grande majorité des personnes qui meurent aujourd’hui en France relèvent de la gériatrie. Un quart des Français meurent en EHPAD.
– Les professionnels de la cancérologie sont également directement impliqués, un quart des décès en France étant les conséquences d’un cancer.
– L’implication directe de l’évaluation psychiatrique ou psychologique dans le processus envisagé « d’aide à mourir » est spécifiquement mentionnée aux articles 6 et 8 du projet de loi. Pour autant, les organisations de psychologies et psychiatrie ne sont pas considérées.
– Les professionnels de la dialyse sont également au premier rang : grand âge, nombreuses comorbidités, mortalité aussi élevée qu’en cancérologie ou en réanimation : 15 à 20% par an.
– Les professionnels infirmiers sont particulièrement concernés par les soins et l’accompagnement de nos concitoyens en fin de vie. En outre, leur implication directe dans le processus envisagé « d’aide à mourir » est spécifiquement mentionnée aux articles 5, 8, 9, 10, 11 et 12 du projet de loi
Nous sollicitons donc officiellement et formellement une audition pour chacune de nos organisations. Les soignants que nous représentons seront les premiers concernés par le projet de loi, et seront tenus de mettre en œuvre ses dispositions.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Madame la Présidente, Monsieur le rapporteur Général, Mesdames et messieurs les rapporteurs, en l’expression de notre respectueuse considération.
Pour le CNP de Gériatrie : Olivier Guérin
Pour MCOOR : Gaël Durel
Pour la SFGG/ Sophie Moullias
Pour le SNGC : Anne-David Bréard
Pour la FFAMCO – EHPAD : Xavier Gervais
Pour l’AFSOS : Stéphanie Traguer
Pour la FFIDEC : Anne-Hélène Decosne
Pour la SFNDT : Luc Frimat
Pour le CNP Infirmier : Evelyne Malaquin-Pavan
Pour l’ANFIPA : Sophie Chrétien
Pour le SNPI : Thierry Amouroux
Pour la SMP : Raphaël Gourevitch
Pour Claromed : Jean-Louis Samzun
https://twitter.com/infirmierSNPI/status/1782494630744846814
Voir également :
– Loi sur la « fin de vie » : les soignants veulent être entendus à l’Assemblée
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/loi-sur-la-fin-de-vie-les-soignants-veulent-etre-entendus-a-l-assemblee-20240421
– Avis du CNPI sur la préservation de la terminologie « Soins palliatifs »
https://www.syndicat-infirmier.com/Avis-du-CNPI-sur-la-preservation-de-la-terminologie-Soins-palliatifs.html
– Fin de vie : les soignants « extrêmement choqués de ne pas être entendus »
https://www.genethique.org/fin-de-vie-les-soignants-extremement-choques-de-ne-pas-etre-entendus/