Mission "Pénibilité au travail" de l’Assemblée Nationale (30.01.08)

25 février 2008

Thierry Amouroux, le Président du syndicat infirmier de la CFE-CGC, a été auditionné le 31.01.08 par la "Mission d’information sur la Pénibilité au travail" animée par le Député Jean-Frédéric Poisson.

La péni­bi­lité du tra­vail infir­mier est de plu­sieurs natu­res (phy­si­que, psy­chi­que, men­tale) :
- aug­men­ta­tion de la charge de tra­vail : dimi­nu­tion de la durée moyenne de séjour, hausse de la gra­vité des cas(du fait du déve­lop­pe­ment des alter­na­ti­ves à l’hos­pi­ta­li­sa­tion, des hôpi­taux de jour, etc.), manque d’effec­tifs
- horai­res per­tur­bant la vie per­son­nelle : tra­vail de nuit, en horai­res alter­nés, en "grande équipe", repos déca­lés ou sup­pri­més, etc.
- manu­ten­tion de mala­des ou de char­ges lour­des,
- expo­si­tion aux pro­duits toxi­ques (pro­duits de chimio, etc.)

La pres­sion psy­cho­lo­gi­que s’est aggra­vée ces der­niè­res années avec :
- la peur des aggres­sions, suite à une hausse de l’aggres­si­vité (par­ti­cu­liè­re­ment aux urgen­ces), et à la média­ti­sa­tion de cer­tai­nes affai­res
- un sen­ti­ment de soli­tude du fait du manque d’effec­tif

Surtout, il y a une véri­ta­ble insa­tis­fac­tion au tra­vail avec la dis­tance entre ce que nous sommes, et ce que l’on nous demande de faire au quo­ti­dien. Il faut cesser de nous amener à enchaî­ner les actes de soins, au dépend du sens qui motive ces soins : l’infir­mière a besoin de penser son action, et non d’être une simple exé­cu­tante d’actes tech­ni­ques. De plus en plus, nous quit­tons le tra­vail en nous sen­tant cou­pa­ble de ne plus pou­voir faire notre tra­vail comme nous aime­rions le faire.

L’infir­mière hos­pi­ta­lière a le sen­ti­ment d’être réduite à une tech­ni­cienne spé­cia­li­sée dans une usine à soins.

Le SNPI CFE-CGC estime que cette péni­bi­lité doit être reconnue à toute infir­mière, qu’elle exerce dans le public ou dans le privé, au tra­vers d’un départ anti­cipé à la retraite.

La loi Fillon de 2003 sur la réforme des retrai­tes à accordé à partir du 1er jan­vier 2008 une majo­ra­tion de durée d’assu­rance au fonc­tion­naire hos­pi­ta­lier égale à un dixième de la période de ser­vice (par exem­ple 1 an pour 10 ans effec­tués) lire l’arti­cle, les études ayant montré que l’espé­rance de vie d’une infir­mière pen­sion­née à la CNRACL est infé­rieure de plu­sieurs années à celle d’une femme fran­çaise.

Mais rien n’a été prévu pour une infir­mière exer­çant dans le privé. Or au cours de sa car­rière, une IDE exerce sou­vent dans les trois sec­teurs (public, privé, libé­ral), il nous semble donc logi­que de rai­son­ner en péni­bi­lité liée au métier, et non au statut. Aussi, le SNPI CFE-CGC réclame une majo­ra­tion de durée d’assu­rance pour toutes les infir­miè­res sala­riées

La réforme des retrai­tes de 2003 deman­dait aux employeurs de négo­cier dans les trois ans la reconnais­sance de la péni­bi­lité ouvrant droit à un départ anti­cipé à la retraite, mais rien n’a été fait, y com­pris sur le tra­vail de nuit des femmes. C’est inac­cep­ta­ble pour les infir­miè­res, dont envi­ron une sur cinq part à la retraite en état d’inva­li­dité !

Aussi, que vous exer­ciez en sec­teur public, privé ou libé­ral, nous vous invi­tons à faire reconnai­tre la péni­bi­lité du tra­vail infir­mier dans le sec­teur privé : signez et faites signer la péti­tion en télé­char­ge­ment !

La "répa­ra­tion" est une chose, mais la "pré­ven­tion" est indis­pen­sa­ble pour faire bais­ser le nombre d’IDE en inva­li­dité : Le SNPI CFE-CGC pro­pose donc que les infir­miè­res expé­ri­men­tées, lors de leur fin de car­rière, soient à mi-temps en poste dans leur ser­vice, et à mi-temps assu­rent :
- le tuto­rat des nou­vel­les diplô­mées, des infir­miè­res de l’équipe de sup­pléance, des infir­miè­res inté­ri­mai­res,
- l’enca­dre­ment des étudiants en soins infir­miers en stage dans le pôle,
- des cours en IFSI sur leur domaine d’exper­tise,
- des consul­ta­tions infir­miè­res pour assu­rer l’accom­pa­gne­ment, la rela­tion d’aide et l’éducation thé­ra­peu­ti­que des patients.

Pour le SNPI CFE-CGC il convient d’orga­ni­ser les secondes par­ties de car­rière, afin de tenir compte à la fois de l’usure pro­fes­sion­nelle et du pro­blème de la trans­mis­sion des savoirs issus de l’expé­rience :
- pen­dant long­temps, le bras­sage dans les ser­vi­ces entre les nou­veaux savoirs théo­ri­ques appor­tés par les nou­vel­les diplô­mées et les savoirs pra­ti­ques issus de l’expé­rience acquise par les infir­miè­res expé­ri­men­tées per­met­tait une bonne qua­lité des soins,
- aujourd’hui, on cons­tate déjà un désé­qui­li­bre démo­gra­phi­que, avec beau­coup d’infir­miè­res qui ont moins de cinq ans de diplôme, et des IDE à dix ans de la retraite,
- d’ici 2015, 55 % des IDE par­tent à la retraite avec un pic vers 2012, alors que la durée de vie pro­fes­sion­nelle d’une IDE reste faible (12 ans), et que la charge de tra­vail limite les échanges pro­fes­sion­nels : le "com­pa­gnon­nage" natu­rel ne sera donc plus assuré.

Afin de pré­ve­nir l’épuisement pro­fes­sion­nel, l’employeur devrait aussi être capa­ble de sou­plesse, pour per­met­tre à une IDE qui a besoin de "souf­fler", de chan­ger quel­ques semai­nes de ser­vice, afin de se "recons­ti­tuer", avant de repren­dre son poste d’ori­gine.

Pour que l’infir­mière puisse diver­si­fier son par­cours pro­fes­sion­nel, le SNPI CFE-CGC sou­haite que la for­ma­tion conti­nue assure des for­ma­tions d’enri­chis­se­ment des pra­ti­ques cli­ni­ques infir­miè­res. En effet, de plus en plus les for­ma­tions sécu­ri­tai­res ou ins­ti­tu­tion­nel­les (incen­die, accré­di­ta­tion, sys­tème infor­ma­ti­que, nou­velle gou­ver­nance, tari­fi­ca­tion, etc.) concen­trent les efforts de for­ma­tion, aux dépends des besoins réels des pro­fes­sion­nels.

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