Polémique sur les risques de Guillain-Barré avec une vaccination massive contre la grippe A
1er septembre 2009
Article paru le 01.09.09 sur le site JIM.fr (Journal International de Médecine)
Paris, le 1er septembre. Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI, CFE-CGC) estime qu’ « une vaccination massive, contre un virus grippal relativement bénin, présente des risques, du fait d’un vaccin développé trop rapidement, et d’un adjuvant susceptible de déclencher des maladies auto-immunes (…), l’adjuvant AS03 qui n’a jamais été utilisé auparavant dans un vaccin commercialisé à large échelle ».
En clair, le rapport bénéfice/risques ne penche pas du côté de la vaccination selon le syndicat qui craint l’apparition de maladies auto-immunes notamment neurologiques comme le syndrome de Guillain-Barré. Selon le CDC d’Atlanta, un tel syndrome a été identifié en 1976 aux Etats-Unis chez 500 patients (avec 30 décès) lors d’une campagne de vaccination contre la grippe porcine (qui a dû être interrompue après que 40 millions d’américains aient été vaccinés).
Le secrétaire général du SNPI, Thierry Amouroux, souligne qu’« injecter 94 millions de doses d’un produit sur lequel nous n’avons aucun recul peut poser un problème de santé publique, et il est de notre devoir d’infirmières d’informer correctement la population, pour que chacun prenne sa décision en toute connaissance de cause, par un consentement libre et éclairé, et non par une campagne de publicité et des discours alarmistes ».
Les infirmières de Grande-Bretagne et de Hong-Kong pas prêtes à se faire vacciner
Le SNPI fait écho à une récente étude réalisée par des chercheurs en santé publique de Hong-Kong et publiée en ligne la semaine dernière par le British Medical Journal (BMJ) qui montre que sur 2 255 personnes du domaine hospitalier interrogées en mai dernier, 47,9 % d’entre elles ne sont pas prêtes à recevoir le vaccin contre la grippe A (H1/N1).
De la même façon, au Royaume-Uni, selon une enquête publiée il y a une semaine par la revue britannique Nursing Times, 30 % des 1 500 infirmières interrogées refuseraient de se faire vacciner contre la grippe A et 33 % seraient encore indécises.
Plus près de nous, sur le Jim, un sondage sur ce sujet (« Allez vous vous faire vacciner contre la grippe A (H1N1) dès l’AMM du vaccin ? ») mis en ligne dans la semaine du 23 au 30 juillet dernier avait recueilli 626 votes. Les résultats ont montré que 33 % des votants n’étaient pas prêts à se faire vacciner.
Enfin, les sociétés françaises de réanimation (Srlf et Sfar) et l´Espace éthique de l´Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont mis en ligne leur propre sondage et qui vise à connaître l´opinion de tous les soignants sur les modalités de la campagne de vaccination contre le virus A(H1N1). Il est anonyme et disponible à cette adresse avec le mot de passe « h1vaccins ». La clôture de l’enquête a été fixée au 6 septembre 2009. Les résultats seront transmis au Haut conseil de la santé publique (Hcsp), qui doit rendre son avis sur la stratégie vaccinale et notamment les groupes prioritaires le 7 septembre prochain.
Pas de risques selon l’Agence Européenne du médicament
Citée par Andrew Hayward de l´université de Birmingham dans l’éditorial accompagnant l’article publié par le BMJ, l’Agence européenne du médicament estime que « des dizaines d´années d´expérience d´insertion d´une nouvelle souche dans un vaccin avec la grippe saisonnière, comme cela se fera avec le changement d´H5N1 vers H1N1 dans le vaccin prépandémique, ne devrait pas substantiellement affecter la sécurité et le niveau de protection ».
Mais, dans Le Monde daté du 20 août dernier, Carmen Kreft-Jaïs, responsable de la pharmacovigilance à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), expliquait être « tout à fait consciente du risque lié à la survenue de cas de Guillain-Barré chez les sujets vaccinés contre la grippe ». « Nous suivrons attentivement l’évolution du nombre de Guillain-Barré en cas de pandémie et de vaccination massive », a –t-elle assuré.
Une démarche encouragée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui a expliqué il y a plusieurs semaines déjà que « par manque de temps, les données cliniques seront inévitablement limitées au moment où on commencera à administrer les vaccins contre la grippe pandémique. Les tests d’innocuité et d’efficacité devront donc se poursuivre après avoir commencé à les administrer ». Pour autant, l’OMS, l’Afssaps et le Ministère de la Santé assurent que la qualité des vaccins n’en sera pas affectée.
Source :
http://www.jim.fr/en_direct/pro_societe/e-docs/00/01/B0/1B/document_actu_pro.phtml