Roselyne BACHELOT et les transferts de compétences (avril 2008)
4 mai 2008
Discours de la Ministre aux Conclusions des EGOS, Etats Généraux de l’Organisation des Soins, le Mercredi 9 avril 2008
Je partage avec vous la conviction que seule une évolution des pratiques favorable aux professionnels de santé peut favoriser, au bénéfice des patients, l’amélioration au long cours de notre système de soins. La qualité du service rendu dépend d’abord, très concrètement, de l’organisation globale de nos ressources.
Ainsi, il est indispensable de desserrer les contraintes auxquelles médecins et soignants sont trop souvent assujettis pour permettre à chacun de mieux satisfaire les exigences spécifiques à ses missions.
Vos activités, comme chacun sait, sont, par construction, dévoreuses de temps. Votre travail est d’autant plus menacé par l’émiettement que votre isolement vous interdit de consacrer votre énergie à exercer au mieux vos fonctions propres. Chacun souhaiterait pouvoir se concentrer davantage sur son coeur de métier. Les médecins, par exemple, doivent pouvoir s’affranchir davantage des tâches administratives.
Chacun voudrait être en mesure d’exploiter au mieux ses compétences. Très concrètement, les infirmiers effectuent un trop grand nombre d’actes qui occupent leur temps sans solliciter leurs compétences propres, tels que le nursing, quand, dans le même temps, les médecins sont débordés par des actes de suivi qui pourraient être assurés par d’autres.
Dans cette optique, le projet de loi que je porterai, dès l’automne, devant le Parlement, accordera la place qu’elle mérite à la question du partage des compétences.
Comment faire pour disposer des meilleures ressources, au meilleur endroit, au meilleur moment ?
Comment faire pour tirer vers le haut l’exercice de vos métiers respectifs ?
Ces deux questions se rejoignent.
Pour garantir à chacun de meilleures conditions d’exercice, le partage du travail, valorisant au mieux les compétences de chacun, doit être mis en oeuvre.
Dans une même perspective, il nous revient d’apprécier l’opportunité d’un transfert maîtrisé de l’activité du médecin vers ses partenaires. Notre seul objectif est, ici, d’améliorer la qualité de la prise en charge globale des patients sur l’ensemble du territoire. Une telle évolution suppose un changement de paradigme.
Il faut ainsi mettre un terme aux habitudes liées à l’hospitalocentrisme. Quand un patient sort de l’hôpital, par exemple, infirmières et pharmaciens doivent être partie prenante et pouvoir se préparer à participer étroitement à son suivi.
Je souhaite aussi qu’à l’instar d’autres pays nous arrivions à instituer un système d’« interlocuteur de sortie » pour les patients et les professionnels libéraux.
De même, nous devons tirer vers le haut, pour le plus grand bénéfice des patients, les compétences de chacun. A titre d’exemple, j’ai réformé, en dépit des résistances, pour qu’une infirmière ou un infirmier puisse pratiquer un rappel de vaccination anti-grippale. Médecins, infirmiers, sages-femmes, ne sont pas totalement substituables, bien sûr. Il convient, cependant, de mieux tirer parti de leur complémentarité, de construire des ponts, quand c’est nécessaire. La revalorisation de la médecine de premier recours suppose, de toute évidence, l’invention de nouvelles formes de coopération.
Pour infléchir nos pratiques et améliorer ainsi la qualité de l’offre de premier recours, nous devrons modifier sensiblement le système de formation initiale et continue actuellement en vigueur.
Vous l’avez souligné, avec netteté et insistance, lors de ces états généraux, la formation initiale doit, en amont, favoriser le décloisonnement préjudiciable entre la ville et l’hôpital, qui est préjudiciable au patient. Et ancrer fortement le principe d’une collaboration active entre tous les professionnels, quelles que soient leurs fonctions spécifiques. Il faut apprendre à travailler ensemble dès le départ !
Dans le même esprit, la formation continue de tous les professionnels de santé doit favoriser l’acquisition de nouvelles compétences et la maîtrise de nouvelles techniques. J’ajusterai, dans cette perspective, le dispositif de formation continue, qui sera redéfini dans le cadre du projet de loi que je porterai devant la représentation nationale, dès l’automne.
Discours intégral :
http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/actualite-presse/presse-sante/discours/conclusions-egos-mercredi-9-avril-2008-maison-chimie.html