Intégrer les patients dans la formation des étudiants en santé

Intégrer les patients dans la formation des étudiants en santé

3 août 2024

France Assos Santé a par­ti­cipé aux tra­vaux de la DGOS sur les patients par­te­nai­res et la par­ti­ci­pa­tion des patients à la for­ma­tion ini­tiale des méde­cins qui a fait l’objet de la publi­ca­tion d’un rap­port dédié en début d’année. Dans le pro­lon­ge­ment de cet enga­ge­ment, l’asso­cia­tion publie deux livrets pra­ti­ques, qui ont pour objec­tif d’outiller les repré­sen­tants des usa­gers et d’asso­cia­tions de patients ainsi que les repré­sen­tants étudiants élus et asso­cia­tifs autour d’une volonté com­mune : inté­grer les patients dans la for­ma­tion ini­tiale des étudiants en santé.

En dres­sant un pano­rama com­plet et illus­tré des dif­fé­ren­tes inter­ven­tions pos­si­bles pour les usa­gers, les repré­sen­tants d’usa­gers et les patients par­te­nai­res, ces livrets per­met­tront de faire la pro­mo­tion auprès des équipes péda­go­gi­ques de la par­ti­ci­pa­tion des usa­gers. Ils cons­ti­tuent ainsi un recueil de repè­res pour donner de la visi­bi­lité à chaque par­ties pre­nan­tes sur les apports des patients au regard des objec­tifs péda­go­gi­ques, et pro­pose des clés pour faci­li­ter l’inté­gra­tion des patients. Des exem­ples liés à l’inté­gra­tion des nou­vel­les com­pé­ten­ces sur le numé­ri­que en santé sont notam­ment pro­po­sés, afin de coller à l’actua­lité péda­go­gi­que et à la volonté des asso­cia­tions pour sen­si­bi­li­ser les futurs pro­fes­sion­nels de santé à des usages du numé­ri­que per­ti­nents et res­pec­tueux des patients.

Les livrets com­por­tent aussi des témoi­gna­ges, d’étudiants et de patients, pour mettre en relief les expé­rien­ces de ceux qui ont déjà pu expé­ri­men­ter ces actions.

3 moda­li­tés de par­ti­ci­pa­tion :

*** Patient/usager témoi­gnant
Le patient/usager est invité à par­ta­ger son vécu, son expé­rience per­son­nelle face à la mala­die, à son par­cours de soin ou au sys­tème de santé. Ses savoirs expé­rien­tiels, issus de ses expé­rien­ces, vien­nent appor­ter aux appre­nants un angle de vue com­plé­men­taire, en par­ti­cu­lier sur l’impact psycho-social de la santé sur le quo­ti­dien.
Il peut s’agir autant d’un malade que d’un aidant ou tout autre usager du sys­tème de santé

*** Patient/usager inter­ve­nant
Le patient/usager par­ti­cipe ici à l’ani­ma­tion d’un ensei­gne­ment, en géné­ral asso­cié à des ensei­gnants. Au delà de son expé­rience per­son­nelle et de son vécu, il peut trans­met­tre une parole plus tech­ni­que ou col­lec­tive par exem­ple dans le cas où il est repré­sen­tant des usa­gers. Il peut faire appel à des savoirs posi­tion­nés : savoirs col­lec­tifs ou prises de posi­tion asso­cia­ti­ves.

*** Patient/usager coen­sei­gnant
Le patient/usager est impli­qué for­te­ment dans l’ani­ma­tion voire la cons­truc­tion de l’ensei­gne­ment. Il peut par­ti­ci­per à ou mener des acti­vi­tés péda­go­gi­ques plus com­plexes et même contri­buer à l’évaluation des appre­nants. Cela néces­site des com­pé­ten­ces de par­te­na­riat avec son équipe de soin ou l’équipe ensei­gnante, le patient n’est pas néces­sai­re­ment asso­cié à d’autres ensei­gnants.

Pour bien inté­grer un patient, il faut que son profil cor­res­ponde aux savoirs et com­pé­ten­ces asso­ciées atten­dus pour la moda­lité de par­ti­ci­pa­tion pro­po­sée. Ainsi ces atten­dus doi­vent être défi­nis en amont et cla­ri­fié pour le patient et l’équipe péda­go­gi­que.
- Selon les cas ce sont les savoirs dit “expé­rien­tiels”, issus des expé­rien­ces vécues du patient, qui sont mis en avant. En par­tant de leur vécu, le témoi­gnage des patients illus­tre en par­ti­cu­lier l’impact de la santé dans le quo­ti­dien, les consé­quen­ces psycho-socia­les, des éléments qui ne peu­vent être appris en lisant un manuel. Cela peut concer­ner des savoirs sur sa propre mala­die ou encore l’usage du sys­tème de santé par exem­ple.
- Les savoirs dits “posi­tion­nés” sont des savoirs col­lec­tifs, qui peu­vent être pro­duits par des asso­cia­tions de patients par exem­ple. Il peut s’agir d’ensei­gne­ments issus d’enquê­tes ou de consul­ta­tions d’un grand nombre de patients ou d’une com­pi­la­tion de leurs témoi­gna­ges, et éventuellement aussi des prises de posi­tions asso­cia­ti­ves .
- Les savoirs dit “situés” sont le reflet de la pers­pec­tive indi­vi­duelle du patient pour répon­dre à une situa­tion par­ti­cu­lière. Ils sont liés à l’adap­ta­tion à des situa­tions nou­vel­les ou à la réponse à des cas com­plexes.

Focus : le patient et la simu­la­tion

Le patient peut prend part à une recons­ti­tu­tion ou mise en situa­tion (consul­ta­tion, examen cli­ni­que, actes spé­ci­fi­ques, etc.). Il peut jouer le rôle du patient dans la rela­tion soigné-soi­gnant, son propre rôle ou un rôle de patient stan­dar­disé à partir d’un script pré­dé­fini. La simu­la­tion peut être une moda­lité péda­go­gi­que de démons­tra­tion, d’entrai­ne­ment ou d’évaluation.

Chaque appre­nant peut pren­dre part à une simu­la­tion, et celles-ci peu­vent notam­ment se dérou­ler en public ou retrans­mi­ses en direct dans une autre salle pour le reste des étudiants. A noter que dans le cas ou tech­ni­que­ment il est dif­fi­cile de réa­li­ser un grand nombre de ses­sions pour faire “passer tout le monde”, le fait d’ana­ly­ser et de com­men­ter en groupe une ses­sion réa­li­sée par un autre étudiant repré­sente un apport péda­go­gi­que non négli­gea­ble.

Le patient peut aussi contri­buer à la pré­pa­ra­tion de la mise en situa­tion, à la rédac­tion des scripts et au débrie­fing par exem­ple. Dans cer­tains cas, le patient stan­dar­disé peut être joué par un membre de l’équipe péda­go­gi­que en sui­vant un script pré-défini. L’apport d’un patient pour la rédac­tion du cas peut donc être per­ti­nente pour s’assu­rer du réa­lisme du scé­na­rio.

Les 2 livrets péda­go­gi­ques publiés par France Assos Santé, en coo­pé­ra­tion avec des asso­cia­tions natio­na­les repré­sen­ta­ti­ves des étudiants en méde­cine (ANEMF) et des étudiants en phar­ma­cie (ANEPF) :

Pour le syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI, "l’évolution des pra­ti­ques de santé place de plus en plus le patient au cœur du pro­ces­sus de soin, comme acteur clé de sa propre prise en charge. Du fait de la proxi­mité quo­ti­dienne des infir­miè­res avec les patients et du lien de confiance qui les unit, il devient essen­tiel de repen­ser la manière dont ces pro­fes­sion­nel­les sont for­mées, en y incluant la pers­pec­tive unique des patients.

Pour les étudiants en soins infir­miers, cette démar­che est par­ti­cu­liè­re­ment per­ti­nente. En inté­grant les patients dans leur for­ma­tion, les étudiants peu­vent mieux com­pren­dre les atten­tes, les crain­tes et les besoins spé­ci­fi­ques des per­son­nes soi­gnées. En met­tant en lumière la réa­lité des par­cours de soin et en par­ta­geant des savoirs expé­rien­tiels, les patients contri­buent à former des infir­miè­res plus atten­ti­ves, empa­thi­ques et mieux pré­pa­rées à répon­dre aux besoins des mala­des. Cette appro­che favo­rise également une plus grande huma­ni­sa­tion des soins, en rap­pe­lant que der­rière chaque acte médi­cal, il y a une per­sonne avec son his­toire, ses émotions et ses besoins spé­ci­fi­ques.

Les infir­miè­res sont en pre­mière ligne pour accom­pa­gner les patients au quo­ti­dien, gérer les soins et assu­rer une com­mu­ni­ca­tion fluide entre le patient et les autres pro­fes­sion­nels de santé. L’inté­gra­tion des patients dans la for­ma­tion des soi­gnants est une évolution péda­go­gi­que majeure qui par­ti­cipe à la trans­for­ma­tion du sys­tème de santé vers plus de bien­veillance, de res­pect et de qua­lité des soins" pré­cise Thierry Amouroux, le porte-parole du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI.

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