Etats Généraux Infirmiers du 14 juin 2011

3 avril 2011

Le 14 juin 2011 à Paris, des infir­miè­res libé­ra­les et hos­pi­ta­liè­res ont échangé sur leurs pra­ti­ques et des­si­ner ensem­ble leur avenir pro­fes­sion­nel.

Le col­lo­que s’est déroulé lieu sur une jour­née, à l’ini­tia­tive des syn­di­cats infir­miers SNPI (IDE sala­riées) et SNIIL (IDE libé­ra­les), sous la forme de tables rondes et échanges avec la salle, pour mon­trer ce qu’une IDE peut déjà faire aujourd’hui, et quelle sera l’IDE de demain, afin de posi­ti­ver sur une pro­fes­sion infir­mière en évolution : pra­ti­ques avan­cées, éducation thé­ra­peu­ti­que, coo­pé­ra­tions entre pro­fes­sions de santé, consul­ta­tions infir­miè­res, infir­miè­res cli­ni­cien­nes, infir­miè­res spé­cia­lis­tes cli­ni­ques,… Il est urgent pour la pro­fes­sion de tra­vailler ensem­ble sur les contours de notre métier, de cons­truire des liens soli­des entre la ville et l’hôpi­tal pour s’appro­prier de nou­vel­les com­pé­ten­ces.

Une tren­taine de témoi­gna­ges d’infir­miè­res se sont arti­cu­lés autour de cinq tables rondes qui ont laissé une large place au débat, au tra­vers de situa­tions très concrè­tes :

1) Table-ronde sur la for­ma­tion LMD, animée par Anne Larinier (IDE, master conseil et dyna­mi­ques de chan­ge­ment, UNIFAF) à laquelle par­ti­ci­pera
 Dominique Monguillon (IDE, DS, Conseillère Pédagogique Nationale, Ministère de la Santé) pour l’aspect Licence,
 Monique Rothan Tondeur (IDE, titu­laire de la chaire de recher­che infir­mière de l’AP-HP et Directrice du dépar­te­ment de Sciences infir­miè­res et para­mé­di­ca­les de l’EHESP) pour l’aspect master et recher­che infir­mière,
 Patrick Cibille (IDE, cadre for­ma­teur, Master en scien­ces de l’éducation),
 Anaïg Lucas (IDE libé­rale à Paris, étudiante en Master de Sciences Cliniques Infirmière) /débat avec la salle

2) Table-ronde sur les consul­ta­tions infir­miè­res et les infir­miè­res cli­ni­cien­nes, avec
 Anne Montaron (IDE, DS de l’IGR Gustave Roussy),
 Martine Maggi (IDE, DS du CHU Saint-Louis AP-HP),
 Philippe Sarlat (infir­mier libé­ral) sur la prise en charge en sec­teur ambu­la­toire des patients atteints de patho­lo­gies psy­chia­tri­ques,
 Martine Jouin-Bernier (IDEL) en consul­ta­tion infir­mière dans le cadre du réseau de chimio à domi­cile Onco Pays de Loire) / débat avec la salle

3) Table-ronde sur les coo­pé­ra­tions et les pra­ti­ques avan­cées, animée par Michelle Bressand (IDE, Conseillère Générale des Etablissements de Santé, Ministère de la Santé), avec
 Rose Derenne de la HAS (res­pon­sa­ble du groupe de tra­vail chargé de la coo­pé­ra­tion inter­pro­fes­sion­nelle et de l’appli­ca­tion de l’arti­cle 51 de la Loi HPST),
 Isabelle Sanselme (IDE libé­rale en PACA qui exerce en pra­ti­ques pro­to­co­li­sées (PEC des patients sous AVK),
 une IDE en expé­ri­men­ta­tion Berland,
 le Dr Fabien Quedeville (Médecin géné­ra­liste en Essonne) / débat avec la salle

4) Table-ronde sur l’essor d’une éducation thé­ra­peu­ti­que de proxi­mité (ETP), animée par Régine Clément (IDE, CSS, rédac­trice de La Revue de l’Infirmière), avec
 une IDE dans pro­gramme d’ETP,
 un inter­ve­nant DSS sur les nou­veaux modes de rému­né­ra­tion (membre du comité de pilo­tage minis­té­riel),
 Maitre Martine Dubus (avo­cate, sur le cadre juri­di­que des NMR nou­veaux modes de rému­né­ra­tion),
 Claude Maurier (IDEL en ETP dans le cadre d’un réseau DIAMIP en Midi Pyrénées) / débat avec la salle

5) Table-ronde sur la coor­di­na­tion ville hôpi­tal, les coor­di­na­tri­ces de réseaux ou de par­cours de soins, avec
 Catherine Fournier (infir­mière coor­di­na­trice de trans­plan­ta­tion rénale),
 Philippe Muller (Cadre de Santé en EHPAD),
 Jérôme Malfaisan (infir­mier coor­di­na­teur en EHPAD Nord-Pas de calais),
 regards croi­sés sur la coor­di­na­tion Ville-Hôpital en Indre et Loire avec Brigitte Blot (cadre infir­mier au CHU de Tours), et Marie-Odile Bayard (IDEL)
 regards croi­sés vers une prise en charge réel­le­ment coor­don­née des per­son­nes âgées dépen­dan­tes, prio­rité de santé publi­que

http://www.eg-com­mu­ni­ca­tion.com/egin­fir­miers/

Nous avons une pro­fes­sion for­mi­da­ble, mais les condi­tions d’exer­cice sont telles que nous avons une usure pré­ma­tu­rée des jeunes pro­fes­sion­nel­les, et une démo­ti­va­tion des plus ancien­nes. Pour assu­rer l’attrac­ti­vité et la fidé­li­sa­tion, il convient de réno­ver l’exer­cice.

"Avec l’arri­vée des nou­veaux rôles infir­miers, notre pro­fes­sion est à un tour­nant. L’objec­tif de ces « Etats Généraux des Infirmiers » est de nous pré­pa­rer à cet avenir à la mesure de l’impor­tance de notre pro­fes­sion (coo­pé­ra­tion entre pro­fes­sion­nels de santé, pra­ti­ques avan­cées, consul­ta­tions infir­miè­res, éducation thé­ra­peu­ti­que, infir­miè­res cli­ni­cien­nes ou spé­cia­lis­tes cli­ni­ques, etc.). Nous sou­hai­tons faire enten­dre l’exper­tise infir­mière, et affir­mer une vision infir­mière de la santé (pré­ven­tion, éducation à la santé, accom­pa­gne­ment, rela­tion d’aide)" indi­que Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI CFE-CGC.

Comme la montré le rap­port Hénart (février 2011), la prise en charge des mala­dies chro­ni­ques repré­sente l’avenir de la pro­fes­sion infir­mière, au tra­vers de la créa­tion d’un Master en Sciences Infirmières com­pre­nant une pre­mière année com­mune, la deuxième année étant spé­ci­fi­que à l’option, entre infir­mière cli­ni­cienne et infir­mière spé­cia­liste cli­ni­que dans une patho­lo­gie médi­cale (santé men­tale, car­dio­lo­gie, can­cé­ro­lo­gie, gastro-enté­ro­lo­gie, hémo­dia­lyse, etc.). L’inté­rêt de ce schéma est de per­met­tre de pou­voir se diri­ger vers d’autres pra­ti­ques au cours de sa vie pro­fes­sion­nelle moyen­nant un com­plé­ment de for­ma­tion tenant compte de ses acquis pro­fes­sion­nels.

L’infir­mière cli­ni­cienne ana­lyse les situa­tions com­plexes de soins, aide les équipes à pren­dre en charge des patients jugés dif­fi­ci­les du fait de leur patho­lo­gie ou des situa­tions. Elle fait réfé­rence dans les domai­nes de l’éducation thé­ra­peu­ti­que, de l’infor­ma­tion et du suivi des per­son­nes. Elle réa­lise des consul­ta­tions infir­miè­res d’éducation, de conseil, de suivi de patho­lo­gies chro­ni­ques.

Chaînon man­quant entre l’IDE et le méde­cin, l’infir­mière spé­cia­liste cli­ni­que par­ti­cipe au suivi en consul­ta­tion des mala­dies chro­ni­ques sui­vant une pro­cé­dure déter­mi­née avec l’équipe médi­cale. Elle assure le lien entre le patient, la famille, le méde­cin et les autres pro­fes­sion­nels. Elle se préoc­cupe davan­tage du contexte de vie du patient que le méde­cin. Elle apporte sta­bi­lité et cohé­rence, contri­buant à la conti­nuité des soins pour les patients.

Face à la montée des soins aux per­son­nes du qua­trième âge avec perte d’auto­no­mie, au déve­lop­pe­ment de la pré­ven­tion et du dépis­tage des mala­dies chro­ni­ques, le sec­teur de la santé posera des pro­blè­mes d’orga­ni­sa­tion et d’éthique tou­jours plus com­plexes. L’un des rôles de la pro­fes­sion infir­mière sera de servir de garde-fou face à la ten­ta­tion du contrôle économique entrai­nant des res­tric­tions de soins indi­vi­duels, au nom d’une vision macroé­co­no­mi­que des dépen­ses de santé publi­que, comme dans les pays anglo-saxons. Les per­son­nes mala­des sont par défi­ni­tion plus vul­né­ra­bles, aussi les infir­miè­res doi­vent être en pre­mière ligne pour affir­mer que seuls les besoins des mala­des doi­vent déter­mi­ner le type et le coût des trai­te­ments.

Regards croi­sés entre sala­riés et libé­raux

Le quo­ti­dien d’une infir­mière libé­rale, c’est pren­dre en charge les patients en sortie d’hos­pi­ta­li­sa­tion, orga­ni­ser les retours et le main­tien à domi­cile, évaluer la situa­tion du patient dans son cadre de vie, effec­tuer le suivi des patho­lo­gies chro­ni­ques, éduquer, pren­dre soin, accom­pa­gner, pré­ve­nir les com­pli­ca­tions, aler­ter, orien­ter, coor­don­ner les actions en lien avec les pro­fes­sion­nels de santé et le sec­teur social.

Force est de cons­ta­ter le manque de moyens alloués aux infir­mière pour réa­li­ser leurs mis­sions : Nomenclature ina­dap­tée, coor­di­na­tion inexis­tante entre la ville et l’hopi­tal, absence de par­tage de l’infor­ma­tion , non reconnais­sance des com­pé­ten­ces déployées sur le ter­rain, tari­fi­ca­tion à minima, cloi­son­ne­ment, freins bud­get­tai­res, gas­pillage...

Il est urgent pour la pro­fes­sion de cons­truire des liens soli­des de tra­vailler ensem­ble sur les contours de notre métier. En mobi­li­sant les res­sour­ces, en par­ta­geant les savoirs pour faire reconnaî­tre toute l’étendue des com­pé­ten­ces infir­miè­res et pour s’appro­prier, demain, de nou­veaux roles en toute auto­no­mie Face au vieillis­se­ment de la popu­la­tion, à la neces­sité d’accom­pa­gner les patients chro­ni­ques, à la baisse « annon­cée » de la démo­gra­phie « médi­cale », l’infir­mière occupe une place fon­da­men­tale dans le par­cours de soins du patient : Elle est au coeur du sys­tème de santé.

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