Ordre infirmier : la Ministre fait le point devant l’Assemblée (30.01.08)

2 février 2008

La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, est intervenue le 30 janvier 2008 devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale pour l’état des lieux à la veille des élections à l’Ordre des infirmiers.

Principaux points à rete­nir :
 la minis­tre a répondu que le mon­tant de la coti­sa­tion sera fixé par le Conseil natio­nal de l’ordre des infir­miers mais, uni­que­ment à titre d’exem­ple, une coti­sa­tion de 20 euros per­met­trait de doter l’ordre d’un budget de 10 mil­lions d’euros, ce qui semble très lar­ge­ment suf­fi­sant pour lui per­met­tre d’assu­rer son fonc­tion­ne­ment !
 Actuellement, 498.162 infir­miers ont fait enre­gis­trer leur diplôme dans le réper­toire ADELI, qui a permis la cons­ti­tu­tion des listes électorales : 304.674 infir­miers rele­vant du sec­teur public, 120.442 sala­riés du sec­teur privé et 73.046 infir­miers exer­çant à titre libé­ral.
 les sièges au Conseil natio­nal de l’ordre se répar­tis­sent de la manière sui­vante : 46 % pour les infir­miers rele­vant du sec­teur public, 31 % pour ceux du sec­teur privé et 23 % pour les libé­raux.
 La minis­tre a répondu que les infir­miers dis­po­se­ront d’un délai de trois mois après les élections pour s’ins­crire à l’ordre, et que l’infor­ma­tion des pro­fes­sion­nels pourra donc se pour­sui­vre tout au long de l’année.
 Quant aux infir­miè­res étrangères, qui ont obtenu les équivalences néces­sai­res et dont le diplôme est reconnu par la France, elles devront être ins­cri­tes à l’ordre pour pou­voir exer­cer.
 À partir du 22 février pro­chain, les infir­miers ins­crits sur les listes électorales rece­vront par ailleurs une note d’infor­ma­tion sur les moda­li­tés de vote et de can­di­da­ture aux conseils de l’ordre. S’agis­sant d’un vote par voie électronique, un second cour­rier leur sera adressé et com­por­tera leur code, leur mot de passe ainsi qu’une notice expli­ca­tive. Enfin, un numéro d’appel sera mis en place pen­dant la période de vote

Pour plus de détails, voir la rubri­que "ordre infir­mier" du site, avec en par­ti­cu­lier les arti­cles :
 Ordre infir­mier : pro­cé­dure électorale
 Un Ordre Infirmier pour être reconnus
 Un Ordre Infirmier pour cons­truire l’iden­tité infir­miére
 La CFE-CGC amende la pro­po­si­tion de loi sur l’ordre infir­mier
 résumé de la pro­cé­dure électorale
 Ordre infir­mier : véri­fiez en ligne votre ins­crip­tion ADELI

Détail amu­sant, la Ministre qui a pro­posé le mardi un pro­to­cole inac­cep­ta­ble de sous rému­né­ra­tion des heures sup des infir­miè­res et cadres infir­miers de la FPH, déclare sans honte le mer­credi "il convient également de s’inter­ro­ger sur la ques­tion essen­tielle de l’attrac­ti­vité du métier. Comment accep­ter en effet que sur 30.000 places ouver­tes au concours d’entrée dans les ins­ti­tuts de for­ma­tion en soins infir­miers (IFSI), on ne retrouve qu’un peu plus de 20.000 infir­miers à l’issue de la for­ma­tion ?"

Compte rendu inté­gral de l’Audition de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, minis­tre de la santé, de la jeu­nesse et des sports, sur la mise en appli­ca­tion de la loi n° 2006-1668 du 21 décem­bre 2006 por­tant créa­tion d’un ordre natio­nal des infir­miers (séance du Mercredi 30 jan­vier 2008 devant la Commission des affai­res cultu­rel­les, fami­lia­les et socia­les, sous la Présidence de Pierre Méhaignerie) :

La com­mis­sion des affai­res cultu­rel­les, fami­lia­les et socia­les a exa­miné, en pré­sence de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, minis­tre de la santé, de la jeu­nesse et des sports, le rap­port de Mme Claude Greff sur la mise en appli­ca­tion de la loi n° 2006-1668 du 21 décem­bre 2006 por­tant créa­tion d’un ordre natio­nal des infir­miers.

Mme Claude Greff, rap­por­teure, a rap­pelé qu’à l’ini­tia­tive de M. Richard Mallié et de Mme Maryvonne Briot, dont la pro­po­si­tion de loi a été cosi­gnée par 224 dépu­tés, la créa­tion de l’ordre natio­nal des infir­miers par la loi du 21 décem­bre 2006 a cons­ti­tué un acte fort de reconnais­sance des res­pon­sa­bi­li­tés et du rôle essen­tiel de la pro­fes­sion d’infir­mier dans le sys­tème de santé.

Faire voter une loi n’est cepen­dant pas une fin en soi : les pou­voirs publics doi­vent en effet agir avec rapi­dité, par exem­ple lorsqu’il est jugé néces­saire de décla­rer l’urgence sur un projet de loi, mais aussi effi­ca­cité, par un « ser­vice après-vote » de qua­lité, pour que les réfor­mes enga­gées puis­sent effec­ti­ve­ment s’ins­crire dans la vie quo­ti­dienne des Français. Tel semble avoir été le cas pour la loi du 21 décem­bre 2006, dont le bilan de la mise en appli­ca­tion s’avère aujourd’hui glo­ba­le­ment satis­fai­sant. Au-delà de cette mise en musi­que régle­men­taire de la loi, l’orga­ni­sa­tion des élections aux dif­fé­rents conseils de l’ordre au cours de l’année 2008 ainsi que la par­ti­ci­pa­tion active des pro­fes­sion­nels aux tra­vaux de ces conseils per­met­tront de donner véri­ta­ble­ment corps à cette réforme.

En pre­mier lieu, sur les neuf arti­cles de la loi, quatre ne néces­si­taient pas la paru­tion d’un texte régle­men­taire pour leur appli­ca­tion et sont donc deve­nus immé­dia­te­ment appli­ca­bles. Ils pré­voient res­pec­ti­ve­ment :
 la sup­pres­sion du Conseil des pro­fes­sions d’infir­mier, de mas­seur-kiné­si­thé­ra­peute, de pédi­cure-podo­lo­gue, d’ortho­pho­niste et d’orthop­tiste, cette ins­tance créée par la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 rela­tive aux droits des mala­des ayant pro­gres­si­ve­ment perdu sa raison d’être avec la créa­tion des ordres des pédi­cu­res, des mas­seurs-kiné­si­thé­ra­peu­tes puis des infir­miers ;
 le dépôt d’un rap­port au Parlement sur la réforme du Conseil supé­rieur des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les (CSPPM) ;
 la conclu­sion de conven­tions entre l’État et les conseils natio­naux des ordres des méde­cins et des chi­rur­giens-den­tis­tes afin de pré­ci­ser les moda­li­tés de fonc­tion­ne­ment admi­nis­tra­tif et finan­cier des conseils de la for­ma­tion conti­nue, ces deux conven­tions ayant effec­ti­ve­ment été conclues en octo­bre 2007 ;
 enfin, la cla­ri­fi­ca­tion du champ du code de déon­to­lo­gie des pédi­cu­res-podo­lo­gues, qui a été publié en octo­bre der­nier.

Cinq autres arti­cles ont été rendus en grande partie appli­ca­bles par la paru­tion des prin­ci­paux textes régle­men­tai­res prévus par le légis­la­teur : quatre décrets et un arrêté ont ainsi été publiés. En par­ti­cu­lier, le décret n° 2007-552 du 13 avril 2007 pré­cise la com­po­si­tion, les moda­li­tés d’élection et de fonc­tion­ne­ment des dif­fé­rents conseils de l’ordre ainsi que la pro­cé­dure dis­ci­pli­naire appli­ca­ble aux infir­miers. En outre, trois ins­truc­tions ont été adres­sées aux ser­vi­ces dépar­te­men­taux et régio­naux de l’État afin prin­ci­pa­le­ment de pré­ci­ser l’orga­ni­sa­tion des pro­chai­nes élections.

Ainsi, près de 90 % des mesu­res régle­men­tai­res d’appli­ca­tion expres­sé­ment pré­vues par la loi ont été prises dès le mois d’avril 2007, soit à peine plus de quatre mois après sa pro­mul­ga­tion. Ce délai par­ti­cu­liè­re­ment bref, compte tenu de l’obli­ga­tion de pro­cé­der à des consul­ta­tions préa­la­bles, en par­ti­cu­lier de la Commission natio­nale de l’infor­ma­ti­que et des liber­tés (CNIL), du Conseil d’État ainsi que des repré­sen­tants de la pro­fes­sion, s’expli­que sans doute par le fait que la pré­pa­ra­tion de ces textes a été enga­gée dès l’examen de la pro­po­si­tion de la loi par le Parlement, comme l’avait annoncé M. Xavier Bertrand, alors minis­tre de la santé et des soli­da­ri­tés.

Il convient tou­te­fois d’ajou­ter que le gou­ver­ne­ment a jugé néces­saire de com­plé­ter ou de pré­ci­ser par voie régle­men­taire les moda­li­tés d’appli­ca­tion de plu­sieurs dis­po­si­tions de la loi, qui ne pré­voyaient pas for­mel­le­ment de texte d’appli­ca­tion. Ainsi, sur les onze textes jugés néces­sai­res à la mise en œuvre de la loi, trois décrets et trois arrê­tés res­tent encore à paraî­tre, même s’il est vrai qu’ils por­tent dans l’ensem­ble sur des mesu­res moins impor­tan­tes, du moins pour l’ins­tal­la­tion effec­tive de l’ordre, que celles pré­vues par le décret pré­cité du 13 avril 2007. En dépit de la publi­ca­tion tar­dive de l’arrêté fixant les dates des élections aux conseils de l’ordre, il faut donc saluer le bon suivi régle­men­taire de la loi du 21 décem­bre 2006.

S’agis­sant des condi­tions de la mise en place de l’ordre des infir­miers, le décret publié le 13 avril 2007 a permis de pré­ci­ser la com­po­si­tion des dif­fé­rents conseils de l’ordre, en res­pec­tant plei­ne­ment le prin­cipe posé par la loi selon lequel aucune des trois caté­go­ries de repré­sen­tants des infir­miers ne devait déte­nir la majo­rité abso­lue des sièges en leur sein, dans le souci de garan­tir la prise en compte des aspi­ra­tions de l’ensem­ble de la pro­fes­sion. À titre d’exem­ple, les sièges au Conseil natio­nal de l’ordre se répar­tis­sent de la manière sui­vante : 46 % pour les infir­miers rele­vant du sec­teur public, 31 % pour ceux du sec­teur privé et 23 % pour les libé­raux.

Concernant l’orga­ni­sa­tion des élections, il a été décidé que pour les trois scru­tins, le vote aurait uni­que­ment lieu par voie électronique en raison du nombre très impor­tant de pro­fes­sion­nels, qui s’élève en effet à plus de 480 000. Par ailleurs, le retard pris dans la publi­ca­tion de l’arrêté fixant les dates des élections aux conseils de l’ordre a sus­cité un cer­tain nombre d’inter­ro­ga­tions. Finalement publié le 3 décem­bre 2007, cet arrêté a fixé le calen­drier des élections de la manière sui­vante : le 24 avril pro­chain pour les élections aux conseils dépar­te­men­taux, le 25 juillet pour les conseils régio­naux et le 25 novem­bre 2008 pour le Conseil natio­nal de l’ordre.

Ce retard s’expli­que­rait par plu­sieurs dif­fi­cultés d’ordre juri­di­que et pra­ti­que. En pre­mier lieu, l’orga­ni­sa­tion de ces élections a rendu néces­saire la mise à jour du réper­toire dit d’auto­ma­ti­sa­tion des listes (ADELI) devant servir de base à l’élaboration des listes électorales. Il est par ailleurs à noter que, dans le cadre de la réor­ga­ni­sa­tion de la direc­tion géné­rale de la santé (DGS), inter­ve­nue en mai 2007, le suivi des ques­tions rela­ti­ves aux pro­fes­sion­nels de santé et en par­ti­cu­lier de celles concer­nant les ordres pro­fes­sion­nels, a été trans­féré à la direc­tion de l’hos­pi­ta­li­sa­tion et de l’orga­ni­sa­tion des soins (DHOS).

Enfin, l’orga­ni­sa­tion de ces élections cons­ti­tue une opé­ra­tion d’ampleur, sans doute la plus impor­tante opé­ra­tion de vote électronique orga­ni­sée en France. C’est pour­quoi il a été décidé de lancer un appel d’offres à l’automne der­nier pour confier l’orga­ni­sa­tion maté­rielle et tech­ni­que des élections à un pres­ta­taire de ser­vice et l’audit du sys­tème de vote et de son envi­ron­ne­ment tech­ni­que à un orga­nisme indé­pen­dant afin de garan­tir l’ano­ny­mat du vote, la sécu­rité, la trans­pa­rence et le contrôle des élections.

À ce jour, six textes régle­men­tai­res res­tent encore à paraî­tre pour per­met­tre l’appli­ca­tion pleine et entière de la loi. Le seul texte expres­sé­ment prévu par le légis­la­teur qui n’ait pas encore été publié est le décret en Conseil d’État rela­tif au code de déon­to­lo­gie de la pro­fes­sion. Mais, en appli­ca­tion de l’arti­cle 1er de la loi, ce décret ne pourra être publié que dans le cou­rant de l’année 2009 car les règles déon­to­lo­gi­ques doi­vent être élaborées par le Conseil natio­nal de l’ordre des infir­miers, lequel sera mis en place après l’élection de ses mem­bres le 25 novem­bre pro­chain, soit près de deux ans après la pro­mul­ga­tion de la loi.

Concernant l’orga­ni­sa­tion des élections, un arrêté est actuel­le­ment en cours d’ins­truc­tion par la CNIL afin notam­ment de défi­nir les moda­li­tés de trai­te­ment des don­nées à carac­tère per­son­nel, la durée de leur conser­va­tion ainsi que les mesu­res de sécu­rité ou de contrôle prises pour le vote électronique. Deux arrê­tés visant à pré­ci­ser les moda­li­tés de répar­ti­tion des sièges au sein des conseils régio­naux et au Conseil natio­nal de l’ordre devraient également être publiés au début du mois de mars 2008.

Afin de pré­ci­ser la pro­cé­dure du conten­tieux tech­ni­que de la sécu­rité sociale, un décret, actuel­le­ment en cours d’élaboration, devrait par ailleurs être publié en 2008. En outre, la mise en appli­ca­tion de l’arti­cle 2 de la loi néces­site la paru­tion d’un décret, en cours de pré­pa­ra­tion, concer­nant les moda­li­tés de mise en œuvre de l’obli­ga­tion faite aux infir­miers de faire enre­gis­trer leurs diplô­mes et de la créa­tion du réper­toire par­tagé des pro­fes­sions de santé. Il s’agit là d’une ques­tion impor­tante alors que de nom­breux pro­fes­sion­nels igno­rent encore aujourd’hui qu’ils doi­vent satis­faire à cette obli­ga­tion et s’ins­crire sur le réper­toire ADELI.

Enfin, s’agis­sant des mesu­res non régle­men­tai­res d’appli­ca­tion de la loi, le rap­port prévu par son arti­cle 7, concer­nant la réforme du Conseil supé­rieur des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les (CSPPM), n’a tou­jours pas été remis au Parlement mais, celle-ci ayant déjà été enga­gée au prin­temps 2007, sans doute l’inté­rêt de ce rap­port s’en trouve-t-il aujourd’hui sen­si­ble­ment dimi­nué. En effet, le CSPPM a été rem­placé par le Haut conseil des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les (HCPPM), créé par le décret du 15 mai 2007, afin de mieux pro­mou­voir une réflexion inter­pro­fes­sion­nelle sur leurs condi­tions d’exer­cice, leur for­ma­tion et leur place dans le sys­tème de santé. Si la créa­tion de ce Haut conseil relève du seul domaine régle­men­taire et ne cons­ti­tue pas une mesure d’appli­ca­tion de la loi, il est tou­te­fois regret­ta­ble que cette ins­tance n’ait tou­jours pas été ins­tal­lée, faute de paru­tion de l’arrêté de nomi­na­tion de son pré­si­dent et de ses mem­bres.

À l’issue de son exposé, la rap­por­teure a posé les ques­tions sui­van­tes à Mme Roselyne Bachelot-Narquin, minis­tre de la santé, de la jeu­nesse et des sports :

 Quelles sont les actions d’infor­ma­tion déjà entre­pri­ses et celles envi­sa­gées afin de mieux faire connaî­tre le rôle de l’ordre ainsi que les moda­li­tés d’orga­ni­sa­tion des pro­chai­nes élections ? En par­ti­cu­lier, ne pour­rait-on pas envi­sa­ger le lan­ce­ment d’une cam­pa­gne d’infor­ma­tion à des­ti­na­tion du grand public ou encore l’envoi par les direc­tions dépar­te­men­ta­les des affai­res sani­tai­res et socia­les (DDASS), à chaque infir­mier ins­crit sur le réper­toire ADELI, d’un cour­rier visant à le sen­si­bi­li­ser à l’impor­tance de ces élections ?

En effet, comme l’ont sou­li­gné les per­son­nes audi­tion­nées dans le cadre de la pré­pa­ra­tion du pré­sent rap­port, un cer­tain nombre d’infir­miers igno­rent encore la tenue pro­chaine de ces élections. Il est donc essen­tiel de pour­sui­vre ces actions car, autant la mise en place de l’ordre infir­mier cons­ti­tue un vrai pas de géant, autant ce grand rendez-vous ne doit pas être manqué, faute d’une infor­ma­tion suf­fi­sante des pro­fes­sion­nels concer­nés. À cet égard, il est regret­ta­ble que des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les dif­fu­sent des infor­ma­tions par­fois inexac­tes sur la mise en place de l’ordre natio­nal des infir­miers, alors que ces orga­nis­mes ne sont en rien concur­rents. En effet, l’ordre a d’abord pour mis­sions de défi­nir un code de déon­to­lo­gie, de dif­fu­ser les règles de bonnes pra­ti­ques, en lien avec la Haute auto­rité de santé, d’orga­ni­ser leur évaluation ou encore de par­ti­ci­per au suivi démo­gra­phi­que de la pro­fes­sion, tandis que les syn­di­cats jouent un rôle essen­tiel pour défen­dre les condi­tions de tra­vail du corps infir­mier.

 Combien d’infir­miers sont aujourd’hui ins­crits sur le réper­toire ADELI ? Quelles sont, d’autre part, la fina­lité et les moda­li­tés de mise en place du réper­toire par­tagé des pro­fes­sions de santé ?

 Quand le Haut conseil des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les pourra-t-il être effec­ti­ve­ment mis en place ?

 Enfin, la volonté de reconnaî­tre plei­ne­ment le rôle essen­tiel et le dévoue­ment bien sou­vent exem­plaire du per­son­nel infir­mier, qui s’est expri­mée très clai­re­ment par la loi du 21 décem­bre 2006, pour­rait sans doute trou­ver sa tra­duc­tion dans d’autres domai­nes tels que l’inté­gra­tion de la pro­fes­sion au cursus licence-master-doc­to­rat (LMD) ou encore la pour­suite de la délé­ga­tion de tâches entre les pro­fes­sion­nels de santé. Quelles sont les inten­tions du gou­ver­ne­ment dans ce domaine ?

Un débat a suivi l’exposé de la rap­por­teure.

Mme Catherine Génisson a remer­cié la rap­por­teure pour la clarté de son rap­port. Sans reve­nir sur l’oppor­tu­nité de créer un ordre natio­nal des infir­miers, le débat ayant déjà eu lieu, com­ment peut-on expli­quer le retard de paru­tion de cer­tains textes régle­men­tai­res ? Est-il impu­ta­ble à une sur­charge de tra­vail des ser­vi­ces du minis­tère de la santé ou à des dif­fi­cultés ren­contrées au cours de la concer­ta­tion avec les repré­sen­tants de la pro­fes­sion ? Il est par ailleurs étonnant que l’écriture du code de déon­to­lo­gie ne com­mence qu’après la mise en place de l’ordre infir­mier. S’agis­sant du Haut conseil des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les, qui est appelé à jouer un rôle fon­da­men­tal dans l’orga­ni­sa­tion du sys­tème de santé par la pro­mo­tion d’une appro­che trans­ver­sale entre pro­fes­sion­nels, à tra­vers notam­ment le déve­lop­pe­ment du par­tage des tâches, quand sera-t-il ins­tallé ?

M. Simon Renucci a salué l’excel­lent tra­vail de la rap­por­teure. La créa­tion du Haut conseil des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les repré­sente en effet un enjeu fon­da­men­tal, d’autant que les objec­tifs et les appro­ches peu­vent dif­fé­rer non seu­le­ment entre les dif­fé­ren­tes pro­fes­sions para­mé­di­ca­les mais également au sein d’une même pro­fes­sion. Alors qu’aujourd’hui, l’enjeu majeur est l’évaluation des bonnes pra­ti­ques médi­ca­les, il est par ailleurs regret­ta­ble que des bonnes pra­ti­ques n’aient pas été défi­nies, non plus que le code de déon­to­lo­gie, avant la tenue des élections à l’ordre, dont l’enjeu risque de ne pas être celui attendu. Enfin, l’orga­ni­sa­tion du vote électronique cons­ti­tue un enjeu de taille, d’autant qu’il pour­rait per­met­tre d’accroî­tre la par­ti­ci­pa­tion à ces élections.

M. Jean-Claude Mathis a sou­haité savoir si les infir­miè­res étrangères, titu­lai­res d’un diplôme reconnu par la France, pour­ront être ins­cri­tes à l’ordre.

Le pré­si­dent Pierre Méhaignerie a sou­li­gné com­bien les pro­fes­sions para­mé­di­ca­les jouent un rôle fon­da­men­tal dans la qua­lité et la coor­di­na­tion des soins, en par­ti­cu­lier au niveau local. Dès lors, en quoi la mise en place de l’ordre des infir­miers per­met­tra-t-elle d’amé­lio­rer la coo­pé­ra­tion entre les pro­fes­sions de santé ainsi que la qua­lité des soins ?

Mme Roselyne Bachelot, minis­tre de la santé, de la jeu­nesse et des sports, a tout d’abord féli­cité la rap­por­teure pour la qua­lité de sa pré­sen­ta­tion, en saluant sa connais­sance appro­fon­die et son appro­che à la fois pro­fes­sion­nelle et par­le­men­taire de cette ques­tion très impor­tante. En effet, la créa­tion de l’ordre natio­nal des infir­miers cons­ti­tue une véri­ta­ble oppor­tu­nité à saisir dans la pers­pec­tive des réfor­mes majeu­res qui vont être enga­gées au cours de l’année 2008. Les pro­blè­mes d’accès aux soins et de démo­gra­phie des pro­fes­sions médi­ca­les et para­mé­di­ca­les posent une ques­tion cru­ciale pour la prise en charge de nos conci­toyens.

Comme il a été sou­li­gné lors de la pre­mière jour­née d’échanges des États géné­raux de l’orga­ni­sa­tion de la santé (EGOS), qui a eu lieu à Rennes le ven­dredi 25 jan­vier der­nier, la crise de la démo­gra­phie impli­que de rai­son­ner dif­fé­rem­ment et en par­ti­cu­lier de pren­dre en compte les atten­tes des pro­fes­sion­nels, qui aspi­rent au déve­lop­pe­ment de la plu­ri­dis­ci­pli­na­rité, de la coor­di­na­tion et du par­tage des tâches entre les pro­fes­sion­nels de santé.

Dans le cadre des tra­vaux de la com­mis­sion de concer­ta­tion rela­tive aux mis­sions de l’hôpi­tal, pré­si­dée par M. Gérard Larcher, il convient également de s’inter­ro­ger sur la ques­tion essen­tielle de l’attrac­ti­vité du métier. Comment accep­ter en effet que sur 30.000 places ouver­tes au concours d’entrée dans les ins­ti­tuts de for­ma­tion en soins infir­miers (IFSI), on ne retrouve qu’un peu plus de 20.000 infir­miers à l’issue de la for­ma­tion ?

Enfin, la créa­tion des agen­ces régio­na­les de santé (ARS) per­met­tra de mieux coor­don­ner les soins de pre­miers recours avec l’offre hos­pi­ta­lière et médico-sociale, tandis que, paral­lè­le­ment, les actions de santé publi­que, de pré­ven­tion et de dépis­tage doi­vent être déve­lop­pées. Or une partie impor­tante de ces actes sera pra­ti­quée par les infir­miers et ce d’autant plus que les pro­blè­mes de démo­gra­phie médi­cale devien­dront plus aigus.

Lors des EGOS, un méde­cin s’inter­ro­geait d’ailleurs sur le point de savoir si ce n’est pas fina­le­ment l’infir­mier qui cons­ti­tue aujourd’hui le véri­ta­ble pivot du sys­tème de santé. La créa­tion de l’ordre natio­nal des infir­miers cor­res­pond donc à un besoin pro­fond de reconnais­sance et de valo­ri­sa­tion de la pro­fes­sion ainsi qu’à une démar­che de qua­lité des soins, à tra­vers notam­ment l’élaboration d’un code de déon­to­lo­gie, et non pas l’expres­sion d’un quel­conque cor­po­ra­tisme, moins encore d’un caprice.

En réponse aux dif­fé­rents inter­ve­nants, la minis­tre a ensuite apporté les pré­ci­sions sui­van­tes :

 De nom­breu­ses actions d’infor­ma­tion ont été enga­gées en direc­tion des infir­miers, en col­la­bo­ra­tion avec plu­sieurs asso­cia­tions pro­fes­sion­nel­les, à tra­vers notam­ment des inter­ven­tions dans la presse spé­cia­li­sée ainsi qu’au salon infir­mier, qui a eu lieu en octo­bre der­nier. Au début du mois de jan­vier, un com­mu­ni­qué a également été publié dans la presse régio­nale afin de faire connaî­tre la date des élections ainsi que les moda­li­tés de vote et de consul­ta­tion des listes électorales. À partir du 22 février pro­chain, les infir­miers ins­crits sur les listes électorales rece­vront par ailleurs une note d’infor­ma­tion sur les moda­li­tés de vote et de can­di­da­ture aux conseils de l’ordre. S’agis­sant d’un vote par voie électronique, un second cour­rier leur sera adressé et com­por­tera leur code, leur mot de passe ainsi qu’une notice expli­ca­tive. Enfin, un numéro d’appel sera mis en place pen­dant la période de vote et des infor­ma­tions plus géné­ra­les pour­raient être dif­fu­sées dans la presse écrite.

 Actuellement, 498.162 infir­miers ont fait enre­gis­trer leur diplôme dans le réper­toire ADELI, qui a permis la cons­ti­tu­tion des listes électorales : 304.674 infir­miers rele­vant du sec­teur public, 120.442 sala­riés du sec­teur privé et 73.046 infir­miers exer­çant à titre libé­ral.

 Les textes régle­men­tai­res rela­tifs au Haut conseil des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les sont en cours d’élaboration et son ins­tal­la­tion effec­tive devrait inter­ve­nir au plus tard le 15 avril 2008. Instance de réflexion rat­ta­chée au minis­tère de la santé, le Haut conseil pourra se saisir de tous les sujets ayant une dimen­sion inter­pro­fes­sion­nelle et com­por­tera une tren­taine de mem­bres, nommés par arrêté pour cinq ans, parmi les­quels des repré­sen­tants des syn­di­cats pro­fes­sion­nels reconnus repré­sen­ta­tifs, des fédé­ra­tions d’employeurs d’établissements de santé ou encore des méde­cins libé­raux. Son pré­si­dent sera nommé par arrêté parmi les per­son­na­li­tés dis­po­sant d’une com­pé­tence reconnue dans ce domaine. L’État n’est pas membre de cette ins­tance mais un repré­sen­tant du minis­tère de la santé pourra assis­ter à ses réu­nions. Instance consul­ta­tive, le Haut Conseil sera chargé de for­mu­ler des pro­po­si­tions et devra être saisi de tout projet de texte régle­men­taire ayant une inci­dence sur les pro­fes­sions para­mé­di­ca­les, comme l’ont sou­haité les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les. Il lui revien­dra enfin d’établir un rap­port annuel d’acti­vité.

 Concernant la publi­ca­tion tar­dive de l’arrêté du 3 décem­bre 2007 fixant les dates des élections aux conseils de l’ordre, ce retard s’expli­que par les dif­fi­cultés ren­contrées pour orga­ni­ser ces élections, qui cons­ti­tuent sans doute la plus impor­tante opé­ra­tion de vote électronique jamais orga­ni­sée en France.

 Il est vrai que des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les ont fait part de leur oppo­si­tion à la mise en place de l’ordre des infir­miers, mais elles doi­vent com­pren­dre qu’il est dans leur inté­rêt même d’y pren­dre part et qu’en tout état de cause la loi doit s’appli­quer. Les syn­di­cats seront par ailleurs asso­ciés aux tra­vaux du Haut conseil des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les.

 Le code de déon­to­lo­gie ne sau­rait être édicté avant la mise en place de l’ordre natio­nal des infir­miers, puis­que la mis­sion pre­mière de l’ordre sera pré­ci­sé­ment de l’élaborer !

 Quant aux infir­miè­res étrangères, qui ont obtenu les équivalences néces­sai­res et dont le diplôme est reconnu par la France, elles devront être ins­cri­tes à l’ordre pour pou­voir exer­cer.

Mme Catherine Génisson a sou­haité savoir à partir de quand les infir­miers seraient consi­dé­rés en infrac­tion avec l’obli­ga­tion d’être ins­crits à l’ordre et, dès lors, sus­cep­ti­bles d’être sanc­tion­nés ? En effet, par ana­lo­gie avec l’ordre des méde­cins, qui exerce un contrôle vigi­lant par exem­ple sur le ver­se­ment de la coti­sa­tion, l’ins­crip­tion à l’ordre des infir­miers cons­ti­tuera sans doute la condi­tion même de l’exer­cice de la pro­fes­sion.

La minis­tre a répondu que les infir­miers dis­po­se­ront d’un délai de trois mois après les élections pour s’ins­crire à l’ordre, Mme Catherine Génisson ayant fait part de son étonnement sur la briè­veté de ce délai, qui peut sem­bler assez sévère.

La rap­por­teure a rap­pelé que les élections au Conseil natio­nal de l’ordre auraient lieu en novem­bre 2008 et que l’infor­ma­tion des pro­fes­sion­nels pourra donc se pour­sui­vre tout au long de l’année. Il convient par ailleurs de rap­pe­ler l’impor­tance de la créa­tion de l’ordre pour la sécu­rité des patients mais aussi des infir­miers, qui pour­ront ainsi trou­ver des répon­ses pré­ci­ses aux nom­breu­ses ques­tions qu’ils se posent aujourd’hui concer­nant les pra­ti­ques, les règles déon­to­lo­gi­ques et les condi­tions d’exer­cice de la pro­fes­sion.

Mme Catherine Génisson a attiré l’atten­tion de la minis­tre sur le cas des infir­miè­res qui, en toute bonne foi, pour­raient igno­rer l’orga­ni­sa­tion de ces élections et l’obli­ga­tion de s’ins­crire à l’ordre, parce qu’elles ne sont pas syn­di­quées ou en raison par exem­ple de leur charge de tra­vail.

La minis­tre a rap­pelé que la loi a été adop­tée en décem­bre 2006 et que le projet de créa­tion de l’ordre infir­mier a été lar­ge­ment débattu au sein de la pro­fes­sion. De nom­breu­ses infor­ma­tions sur l’orga­ni­sa­tion des élections en 2008 ont d’ores et déjà été dif­fu­sées, en par­ti­cu­lier dans la presse spé­cia­li­sée, ou le seront pro­chai­ne­ment. Enfin, concer­nant le mon­tant de la coti­sa­tion à l’ordre, qui sus­cite par­fois des inquié­tu­des et cons­ti­tue dès lors un élément impor­tant pour que cette démar­che soit réus­sie, il serait sou­hai­ta­ble qu’il soit le plus faible pos­si­ble, ce que permet plei­ne­ment le nombre très impor­tant de pro­fes­sion­nels concer­nés, qui s’élève en effet à plus de 498.000.

Le pré­si­dent Pierre Méhaignerie a indi­qué que le nombre d’infir­miers est désor­mais iden­ti­que à celui des agri­culteurs, ce qui tra­duit une évolution pro­fonde de la société fran­çaise, en sou­hai­tant par ailleurs avoir un ordre de gran­deur du mon­tant de la coti­sa­tion à l’ordre.

Après avoir relevé que les effec­tifs des ser­vi­ces du minis­tère de l’agri­culture en charge du suivi des agri­culteurs étaient tou­te­fois bien plus impor­tants que ceux des ser­vi­ces du minis­tère de la santé dédiés aux infir­miers, la minis­tre a répondu que le mon­tant de la coti­sa­tion sera fixé par le Conseil natio­nal de l’ordre des infir­miers mais, uni­que­ment à titre d’exem­ple, une coti­sa­tion de 20 euros per­met­trait de doter l’ordre d’un budget de 10 mil­lions d’euros, ce qui semble très lar­ge­ment suf­fi­sant pour lui per­met­tre d’assu­rer son fonc­tion­ne­ment !

Textes juri­di­ques :
 lire la Loi n° 2006-1668 du 21 décem­bre 2006 por­tant créa­tion d’un ordre natio­nal des infir­miers
 lire les Décrets n° 2007-552 et 554 du 13 avril 2007 rela­tif aux moda­li­tés d’élection des conseils de l’ordre
 lire le Décret no 2007-1808 du 21 décem­bre 2007 rela­tif aux modi­fi­ca­tions dans les moda­li­tés d’élection des conseils de l’ordre des infir­miers
 lire l’Arrêté du 3 décem­bre 2007

La CFE-CGC est la seule confé­dé­ra­tion syn­di­cale a sou­te­nir la créa­tion d’un ordre infir­mier (afin d’assu­rer la reconnais­sance et la pro­mo­tion de notre pro­fes­sion). Cette struc­ture était récla­mée par toutes les asso­cia­tions infir­miè­res.

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

2025, l’année de la reconnaissance des compétences infirmières

Les professionnels infirmiers sont le cœur battant du système de soins, celles et ceux qui, jour (…)

Inflation, précarité et carences : en France, des enfants souffrent du scorbut

Le scorbut, maladie emblématique des marins du XVIIIe siècle, refait surface dans un contexte (…)

Rôle infirmier pour aider un patient à faire face à un diagnostic de maladie chronique

Un diagnostic de maladie chronique bouleverse tout. Ce n’est pas seulement le corps qui vacille, (…)

Solidarité avec Mayotte

Nous souhaitons adresser tout notre soutien aux personnes touchées par cette catastrophe à (…)

Le décret des mesures transitoires IBODE : une menace pour l’avenir des IBODE et de la profession infirmière

16 organisations infirmières expriment leur profonde inquiétude face au décret des mesures (…)

L’infirmière accompagne le patient aux prises avec la bureaucratie des soins de santé

Un diagnostic tombe. Les traitements commencent. Puis viennent les démarches : formulaires à (…)