L’Ordre du Québec réclame la création d’une spécialité infirmière en soins psychiatriques
16 mars 2008
L’Ordre juge inacceptable la modalité prévue au projet de loi, et réclame que l’évaluation des troubles mentaux par une infirmière soit conditionnelle à l’obtention d’une maîtrise en sciences infirmières, spécialisée en santé mentale et en psychiatrie.
Montréal, 4 mars 2008 - L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) a demandé, aujourd’hui, en auditions publiques, un amendement au projet de loi no 50 afin de prévoir que l’évaluation des troubles mentaux soit conditionnelle à l’obtention d’un certificat de spécialiste délivré par l’OIIQ, plutôt qu’une attestation de formation continue.
Mme Gyslaine Desrosiers, présidente de l’OIIQ, s’est dite heureuse que cette activité d’évaluer les troubles mentaux puisse être réservée aux infirmières, en partage avec les médecins, les psychologues et les conseillers d’orientation, ce qui favorisera une plus grande accessibilité aux personnes souffrant d’un problème de santé mentale qui, souvent, ne savent pas à quelle porte frapper. « Toutefois, un diplôme de deuxième cycle avec spécialisation est justifié par la nécessité de protéger le public, à l’égard d’une activité à haut risque, en garantissant un niveau de compétence comparable à celui des trois autres professionnels habilités à évaluer les troubles mentaux » a précisé Mme Desrosiers.
La situation de l’infirmière se distingue effectivement de celle du psychologue et du conseiller d’orientation. La formation qu’une infirmière devra compléter pour évaluer les troubles mentaux représente un écart important avec la formation initiale donnant accès au permis de l’Ordre, celle-ci étant de niveau collégial ou de premier cycle universitaire. « En effet, l’attestation proposée dans le projet de loi s’inscrit dans une perspective de formation continue qui ne permettra pas aux infirmières d’atteindre le niveau de formation requis pour évaluer les troubles mentaux en toute sécurité » a tenu à préciser Mme Desrosiers.
Rappelons que l’évaluation des troubles mentaux est une activité à caractère diagnostique qui permet d’avoir accès à un traitement approprié et qui peut avoir des conséquences majeures sur les droits des personnes diagnostiquées.
L’OIIQ demande donc que le texte législatif traduise le niveau de formation requis, soit l’exigence d’un diplôme universitaire de deuxième cycle. La prescription législative doit être sans équivoque sur ce niveau de compétence qui se fonde sur l’avis du comité d’experts, présidé par le Dr Jean-Bernard Trudeau, et sur le consensus des sept professions directement concernées par le projet de loi no 50.
Huit universités québécoises offrent déjà une maîtrise en sciences infirmières. Elles ont toutes manifesté l’intérêt de développer une option en santé mentale/psychiatrie, laquelle donnerait accès au certificat de spécialiste demandé par l’OIIQ.
En permettant à l’infirmière de s’identifier comme spécialiste, la certification permet au public, aux employeurs et aux membres des équipes de soins de reconnaître d’emblée l’infirmière habilitée à identifier la présence de troubles mentaux chez l’individu et d’intervenir à un niveau avancé auprès des personnes atteintes, en lien avec son évaluation. La certification de spécialiste permet à la population de mieux diriger sa demande de services professionnels vers l’infirmière habilitée. Enfin, soulignons que la modalité proposée par l’Ordre contribuerait à attirer des infirmières dans le domaine des soins psychiatriques.
Le projet de loi no 50 s’inscrit dans la continuité de la Loi 90 et vise à définir un partage d’activités entre les professions du domaine de la santé mentale et des services sociaux, soit les psychologues, les travailleurs sociaux, les conseillers en orientation, les psycho-éducateurs, les ergothérapeutes, les médecins et les infirmières. L’Ordre estime à 4087 le nombre d’infirmières qui pratiquent dans ce domaine. Ce projet de loi présente également un cadre légal pour l’exercice de la psychothérapie. Le projet de loi no 50 constitue donc une pièce législative très attendue puisqu’il répond à des besoins urgents de protection de personnes extrêmement vulnérables.
Le mémoire de l’OIIQ, tel que déposé à la Commission parlementaire, peut être consulté sur le site Internet de l’Ordre à l’adresse www.oiiq.org/publications.