AP-HP : projet de suppression de 1.000 postes de soignants en 2010

15 novembre 2009

Un plan social est prévu à l’AP-HP, avec un millier d’emplois menacés ! Voir en particulier l’article de Boris Cassel, paru le 15.11.2009, dans Le Parisien. Pour Thierry Amouroux, en agissant ainsi, l’administration va créer les conditions pour conduire à des erreurs médicales : étant en première ligne, les infirmières sont mises en situation de commettre des erreurs.

Les hôpi­taux de Paris se pré­pa­rent à une véri­ta­ble sai­gnée en 2010 ! Après une dimi­nu­tion de 700 postes en 2009, l’Assistance publi­que-Hôpitaux de Paris (AP-HP) devrait sup­pri­mer 1 150 postes l’année pro­chaine. « Les pro­jets actuels évoquent le départ de 1 000 emplois soi­gnants non médi­caux (infir­miè­res, aides-soi­gnan­tes, secré­tai­res médi­ca­les) et de 150 pra­ti­ciens hos­pi­ta­liers (méde­cins). Ces chif­fres sont ceux avan­cés par la direc­tion de l’AP-HP », révèle le pro­fes­seur Pierre Coriat, pré­si­dent de la com­mis­sion médi­cale d’établissement de l’AP-HP, l’équivalent du « patron » des méde­cins pari­siens.

Ces réduc­tions d’emplois se tra­dui­ront par le non-rem­pla­ce­ment de postes vacants. Mais, crai­gnant une baisse de l’accès et de la qua­lité des soins, ce pro­fes­seur menace de démis­sion­ner si le nombre de sup­pres­sions de postes n’est pas revu à la baisse. Un mes­sage clair au minis­tère de la Santé, qui fixe tous les ans à cette époque les orien­ta­tions bud­gé­tai­res de l’AP-HP. Sans démen­tir fer­me­ment le chif­fre de 1 150 sup­pres­sions d’emplois sur un total de 70 000, la direc­tion des Hôpitaux de Paris rap­pelle que « les négo­cia­tions avec le minis­tère de la Santé vien­nent à peine de débu­ter ».

« On va vers une mul­ti­pli­ca­tion des erreurs médi­ca­les »

Problème : la marge de manoeu­vre est réduite, dans la mesure où l’AP-HP est sous le coup d’un plan d’économies dras­ti­que. Objectifs : réduire les défi­cits en bais­sant les coûts, réor­ga­ni­ser les ser­vi­ces et aug­men­ter l’acti­vité. Avec à la clef une réduc­tion des dépen­ses de 350 mil­lions euros, ce qui revien­drait à sup­pri­mer envi­ron 4 000 postes d’ici à 2014. « Mathématiquement, cela repré­sente effec­ti­ve­ment à peu près 1 000 sup­pres­sions d’emplois par an », confirme-t-on à l’AP-HP. Mais « l’objec­tif n’est pas de sup­pri­mer de l’acti­vité mais de l’orga­ni­ser, sou­li­gne la direc­tion. De faire mieux, et si pos­si­ble, avec moins ».
Baisse de la durée des séjours, évolution des patho­lo­gies, de la démo­gra­phie médi­cale… « il y a un moment où il faut se poser la ques­tion de la réor­ga­ni­sa­tion », insiste-t-on de même source.

Sur le ter­rain, ce dis­cours a du mal à passer. Ainsi, Thierry Amouroux, infir­mier à l’AP-HP et secré­taire géné­ral du Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers s’insurge : « Supprimer des postes, c’est dra­ma­ti­que. Cela va encore réduire l’offre de soins alors que nous fonc­tion­nons déjà à flux tendus. On va vers une mul­ti­pli­ca­tion des erreurs médi­ca­les. »

Source :
 Un mil­lier d’emplois mena­cés aux Hôpitaux de Paris, arti­cle de Boris Cassel, le 15.11.2009, dans Le Parisien : http://www.lepa­ri­sien.fr/paris-75/un-mil­lier-d-emplois-mena­ces-aux-hopi­taux-de-paris-15-11-2009-711867.php
 http://www.lemonde.fr/societe/arti­cle/2009/11/15/l-ap-hp-sup­pri­me­rait-1-150-emplois-selon-un-res­pon­sa­ble-de-l-ins­ti­tu­tion_1267469_3224.html
 http://www.libe­ra­tion.fr/societe/0101603086-hopi­taux-de-paris-un-res­pon­sa­ble-menace-de-demis­sion­ner
 http://www.lex­press.fr/actua­li­tes/1/hopi­taux-1-150-postes-mena­ces-a-l-ap-hp-menace-de-demis­sion-d-un-patron_828511.html
 http://www.lefi­garo.fr/sante/2009/11/15/01004-20091115ART­FIG00137-un-des-patrons-des-hopi­taux-de-paris-menace-de-demis­sion­ner-.php

Pour Thierry Amouroux, chaque jour, à chaque geste, chaque infir­mière vit avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Nous sommes des êtres humains, et l’erreur est humaine. Nous exer­çons une pro­fes­sion à haut risque, et nous por­tons la plus grande res­pon­sa­bi­lité qui soit : celle de la vie d’autrui.

Or, le manque de per­son­nel, de moyens, de repos et d’un cadre de tra­vail cor­rect peut deve­nir source d’erreur de la part de n’importe quel soi­gnant.

Les condi­tions de tra­vail à l’hôpi­tal se sont consi­dé­ra­ble­ment dégra­dées car les établissements doi­vent faire des économies, alors on rogne sur tout, et de nom­breux postes sont sup­pri­més, les pre­miè­res années chez les admi­nis­tra­tifs et les tech­ni­ques, main­te­nant chez les soi­gnants. La dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail est telle que l’effec­tif normal est pra­ti­que­ment sem­bla­ble à l’effec­tif mini­mum du week-end, les repos dûs s’accu­mu­lent, et lors des vacan­ces sco­lai­res nous attei­gnons le point de rup­ture.

En agis­sant ainsi, les res­pon­sa­bles d’établissements créent les condi­tions pour conduire à des erreurs médi­ca­les : étant en pre­mière ligne, les infir­miè­res sont mises en situa­tion de com­met­tre des erreurs.

Selon l’Observatoire des ris­ques médi­caux (ORM), en 2006, sur 735 dos­siers, les actes de soins ont été la pre­mière cause d’acci­dent (80 %) après les actes de diag­nos­tic (11 %).

Nous invi­tons donc les infir­miè­res sala­riées qui ne l’ont pas encore fait à pren­dre sans tarder une assu­rance "res­pon­sa­bi­lité civile pro­fes­sion­nelle" , et à rem­plir une fiche d’alerte lors de chaque situa­tion dif­fi­cile, pour pré­ve­nir par écrit l’admi­nis­tra­teur de garde, et les élus du CHSCT d’une situa­tion dan­ge­reuse.

Nous vous invi­tons également à nous indi­quer les pré­sen­ta­tions médi­ca­men­teu­ses sour­ces de confu­sion , afin de cons­ti­tuer une banque de don­nées sur des pré­sen­ta­tions et étiquettes de médi­ca­ments qui majo­rent le risque d’erreur.

La situa­tion est grave, il convient de réagir en pro­fes­sion­nels pour pré­ve­nir les ris­ques.

Plus d’infor­ma­tions :

Erreurs de médi­ca­ments : règles à obser­ver

Responsabilite juri­di­que de l’infir­mière

Les erreurs de medi­ca­tion,

Comment l’erreur arrive : le point de rup­ture est atteint,

Les patients paient le prix du manque de per­son­nel et des sur­char­ges de tra­vail,

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