Conduite à tenir en cas de suspicion d’infection au virus émergent H1N1

2 mai 2009

Information pour les professionnels de santé.

Définition de cas

Une per­sonne pré­sen­tant un syn­drome res­pi­ra­toire aigu brutal :
 signes géné­raux : fièvre38° ou cour­ba­ture ou asthé­nie
 et signes res­pi­ra­toi­res : toux ou dys­pnée

Devient un cas pos­si­ble si dans les 7 jours avant le début de ses signes :
 1) elle a séjourné dans une zone dans laquelle une cir­cu­la­tion du virus émergent H1N1 a été mise en évidence,
 ou 2) elle a eu un contact étroit avec un cas pos­si­ble, pro­ba­ble (cf. infra) ou confirmé pen­dant la période de conta­gio­sité de celui-ci, cette période débu­tant 24h avant le début des signes.

Les contacts étroits [par­ti­cu­liè­re­ment expo­sés aux conta­mi­na­tions par gout­te­let­tes] sont défi­nis comme :
 per­son­nes par­ta­geant ou ayant par­tagé le même lieu de vie que le cas index : famille, même cham­bre d’hôpi­tal ou d’inter­nat ...
 contact direct, en face à face, à moins d’1 mètre du cas index au moment d’une toux, d’un éternuement ou lors d’une dis­cus­sion ; flirt ; amis inti­mes ; voi­sins de classe ou de bureau ; voi­sins du cas index dans un avion ou un train.

Chaque cas pos­si­ble doit faire l’objet d’un signa­le­ment à l’InVS pour une évaluation épidémiologique (0 820 42 67 15) et la confir­ma­tion du clas­se­ment en cas pos­si­ble.
Toutefois, il est rap­pelé aux SAMU qu’il n’est pas néces­saire d’appe­ler l’InVS lorsqu’un diag­nos­tic dif­fé­ren­tiel est clai­re­ment posé ou que le sujet ne vient pas d’une zone dans laquelle une cir­cu­la­tion du virus émergent H1N1 a été mise en évidence (La liste des zones dans les­quel­les une cir­cu­la­tion du virus émergent H1N1 a été mise en évidence est mise à jour quo­ti­dien­ne­ment sur le site de l’InVS : www.invs.sante.fr).

Par ailleurs, tout épisode de cas grou­pés d’infec­tions res­pi­ra­toi­res aiguës basses, défini par au moins 3 cas dans une même col­lec­ti­vité (famille, classe, unité de tra­vail...), doit également être signalé à l’InVS sans délai.

Tout résul­tat d’ana­lyse d’un labo­ra­toire listé en annexe doit être trans­mis à l’INVS pour réé­va­lua­tion du clas­se­ment du cas.
Tant qu’un cas pos­si­ble n’est ni exclu ni confirmé, il est consi­déré comme "en cours d’inves­ti­ga­tion".

Cas exclu : un cas sus­pect est exclu s’il ne rentre pas dans la défi­ni­tion de cas. Un cas pos­si­ble est a priori exclu si les résul­tats de l’inves­ti­ga­tion bio­lo­gi­que sont néga­tifs (absence d’infec­tion à grippe A par PCR).

Cas pro­ba­ble :
 cas pos­si­ble avec une PCR grippe A sur un écouvillon naso-pha­ryngé
 cas pos­si­ble avec un tableau sévère (syn­drome de détresse res­pi­ra­toire aigue ou décès dans un tableau de syn­drome infec­tieux res­pi­ra­toire aigu)
 cas pos­si­ble ayant eu un contact étroit avec un cas pro­ba­ble ou confirmé pen­dant la période de conta­gio­sité de celui-ci

Cas confirmé : cas pos­si­ble ayant été confirmé bio­lo­gi­que­ment comme une infec­tion liée à virus grip­pal de type H1N1 d’ori­gine por­cine par les CNR-grippe.

II Recommandations de prise en charge

Cette stra­té­gie sera réé­va­luée en fonc­tion des infor­ma­tions reçues et de l’évolution de la situa­tion sani­taire.

Prise en charge du patient :
 Les per­son­nes répon­dant aux cri­tè­res de la défi­ni­tion de cas pos­si­ble ci-dessus doi­vent être signa­lées par un pro­fes­sion­nel de santé ou de secours au Centre 15, qui fera confir­mer le clas­se­ment auprès de l’InVS.
 Le trans­port des cas pos­si­bles est régulé par le SAMU Centre 15 et s’effec­tue vers un établissement siège de SAMU.
 La mise en oeuvre d’un iso­le­ment res­pi­ra­toire est assu­rée dès la prise en charge ini­tiale du patient : masque chi­rur­gi­cal pour le patient et FFP2 pour le per­son­nel en contact direct avec celui-ci et uti­li­sa­tion d’une solu­tion hydro alcoo­li­que.

Prélèvements naso-pha­ryn­gés :
 Les pré­lè­ve­ments naso-pha­ryn­gés sont à réa­li­ser rapi­de­ment avant tout trai­te­ment anti­vi­ral en vue d’effec­tuer une recher­che d’infec­tion à Influenza A. Deux écouvillons sont envoyés immé­dia­te­ment sous triple embal­lage dans un labo­ra­toire hos­pi­ta­lier habi­lité P3 (voir ci-des­sous).
 Il est rap­pelé de pren­dre contact avec le labo­ra­toire des­ti­na­taire (au besoin via le numéro d’astreinte) avant tout envoi de pré­lè­ve­ment.
 Le SAMU-Centre 15 orga­nise le trans­fert du pré­lè­ve­ment naso-pha­ryngé le plus rapi­de­ment pos­si­ble selon les moyens exis­tants sur l’établissement vers le labo­ra­toire pré­venu.
En cas de test posi­tif du pré­lè­ve­ment, le labo­ra­toire P3 adresse le pré­lè­ve­ment au CNR de Paris ou de Lyon pour com­plé­ment d’ana­lyse. Le trans­port se fait à tem­pé­ra­ture ambiante.

Traitement anti­vi­ral :
Les don­nées actuel­les dis­po­ni­bles indi­quent que les inhi­bi­teurs de la pro­téine virale M2 (aman­ta­dine et riman­ta­dine) ne sont pas effi­ca­ces sur le virus émergent. Par contre, l’osel­ta­mi­vir et le zana­mi­vir sont effi­ca­ces (don­nées in vitro). Les cas pos­si­bles doi­vent être trai­tés pré­fé­ren­tiel­le­ment par osel­ta­mi­vir jusqu’à infir­ma­tion du diag­nos­ti­que le cas échéant.

Prise en charge des per­son­nes contacts :
 Il doit être recom­mandé aux per­son­nes contacts étroits des cas pos­si­bles de rester à domi­cile et d’éviter les contacts avec des tiers.
 Les contacts étroits des cas pro­ba­bles et confir­més doi­vent rece­voir une pro­phy­laxie par un inhi­bi­teur de la neu­ra­mi­ni­dase sans atten­dre le résul­tat de l’inves­ti­ga­tion bio­lo­gi­que et rester à domi­cile.
 En cas d’appa­ri­tion de fièvre ou de signes res­pi­ra­toi­res, les per­son­nes contact doi­vent contac­ter le centre 15 pour une réé­va­lua­tion de leur situa­tion.

Protection des per­son­nels :
 Il est rap­pelé que toutes les mesu­res bar­riè­res d’hygiène doi­vent être mises en oeuvre, notam­ment le port d’un masque et l’usage fré­quent de solu­tions hydro­al­coo­li­ques pour les pro­fes­sion­nels de santé et de secours.
 Si un patient pos­si­ble­ment infecté néces­site la mise en oeuvre d’un trans­port, le per­son­nel au contact proche du patient chargé du trans­port doit se pro­té­ger par le port de masque FFP2.
 Au sein des ser­vi­ces d’urgence des établissements de santé, des cabi­nets de ville et de toute struc­ture sani­taire dans les­quels un patient sus­pect peut se pré­sen­ter, les bonnes pra­ti­ques d’hygiène doi­vent être rap­pe­lées. Si le patient pré­sente des symp­tô­mes res­pi­ra­toi­res fébri­les, il doit être équipé d’un masque chi­rur­gi­cal et isolé. Le per­son­nel impli­qué dans sa prise en charge directe doit être pro­tégé par le port de masque FFP2.

L’ensem­ble des fiches tech­ni­ques de recom­man­da­tion du plan natio­nal Pandémie grip­pale est dis­po­ni­ble sur le site : http://www.grippe-aviaire.gouv.fr

Protocole à suivre pour adres­ser des échantillons bio­lo­gi­ques d’un cas sus­pect ou pro­ba­ble :
 Prendre contact avec l’lnVS pour vali­da­tion du cas ;
 Prendre contact avec le labo­ra­toire P3 de pre­mier niveau le plus prêt de votre hôpi­tal pour défi­nir les moda­li­tés d’expé­di­tion et de récep­tion ;
 Envoyer les échantillons (mini­mum deux écouvillonnages rhino-pha­ryn­gés) sous triple embal­lage au labo­ra­toire de pre­mier niveau par les moyens de trans­port à votre dis­po­si­tion (voi­ture de ser­vice, ambu­lance, etc.) ;

Les labo­ra­toi­res de pre­mier niveau P3 sont en capa­ci­tés d’assu­rer une récep­tion des échantillons 24/24 et 7 jours sur 7 (y com­pris les jours fériés). Les ana­ly­ses sont réa­li­sées aux heures d’ouver­tu­res du labo­ra­toire. En cas d’urgence et sur demande de l’InVS, le labo­ra­toire peut réa­li­ser une ana­lyse la nuit.

Centre natio­naux de réfé­ren­ces Grippe
 CNR du virus influen­zae Région Nord (Nord de la Loire)
Institut Pasteur
Unité de géné­ti­que molé­cu­laire des virus res­pi­ra­toi­res
25/28, rue du Dr. Roux
75724 Paris Cedex 15
 CNR du virus influen­zae Région Sud (Sud de la Loire)
Laboratoire de viro­lo­gie, domaine Rockfeller
8, Avenue Rosckfeller
69373 Lyon Cedex

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