Patients sacrifiés
3 septembre 2025
Un infarctus ne laisse pas de marge. Un AVC non plus. Pour un arrêt cardiaque, attendre une minute, c’est perdre jusqu’à 10 % de chances de survie. Pour un AVC, c’est perdre des millions de neurones. Alors pourquoi rallonger le parcours avant d’atteindre un soignant ?
Appeler le 15 avant d’aller aux urgences est devenu la règle dans de nombreux territoires. Réguler en amont pour ne pas saturer les services d’urgences. Mais la réalité du SAMU est plus brutale.
La DREES rapporte une explosion des appels : plus de 20 millions en 2022. La Cour des comptes pointe un système sous-dimensionné, incapable de fournir des délais fiables. Après ces minutes d’attente au téléphone, puis d’explications, les secours s’enclenchent, avec leurs propres délais. Les SDIS indiquent des temps d’arrivée des secours qui dépassent 12 minutes en moyenne, jusqu’à 20 minutes selon les départements.
Sur le papier, le filtre téléphonique devait être une solution. Dans les faits, il risque de devenir une impasse. Chaque minute perdue est une chance en moins de survie ou d’autonomie. La promesse d’efficacité se transforme en goulet d’étranglement.
Les témoignages et faits divers s’accumulent. Des familles confrontées à une sonnerie interminable, des secours trop tardifs, des vies fauchées. Le SAS censé alléger l’hôpital devient une barrière pour le patient.
La question est simple : à force de filtrer, ne fabrique-t-on pas surtout des pertes de chance ?