Solidarité avec Mayotte

16 décembre 2024

Nous souhaitons adresser tout notre soutien aux personnes touchées par cette catastrophe à Mayotte. Les premiers bilans font état d’une situation très grave sur l’île, avec une coupure des réseaux d’eau et d’électricité, des voies de circulations très endommagées, des difficultés de communication et un bilan humain déjà grave, dont l’ampleur réelle reste inconnue à ce stade. Les quartiers populaires où vit une partie importante de la population, sont anéantis.

Après le passage du cyclone Chido, la priorité est évidente : mettre en œuvre tous les moyens possibles pour venir en aide aux populations. Retrouver les disparus, soigner les blessés, et restaurer des conditions minimales de prise en charge doivent être les premières étapes.

À court terme, un renforcement massif des moyens humains et matériels est impératif. Cela inclut l’envoi d’équipes médicales supplémentaires, mais aussi des infrastructures mobiles capables de répondre aux besoins les plus urgents.

Pour venir aider le système de santé à Mayotte, le Ministère de la Santé et l’Agence Régionale de Santé Mayotte (ARS) sollicitent un renfort de la Réserve sanitaire de Santé publique France. Soignants, vous pouvez vous inscrire sur
https://reservesanitaire.fr/index.php/logins/preinscription

Chaque citoyen peut s’associer dès maintenant à la solidarité humanitaire qui se met en place. Les associations sur le terrain ont besoin de dons pour apporter des secours d’urgence, coordonner les soins, et accompagner les victimes dans la durée. Cet élan de solidarité est crucial pour répondre à la détresse actuelle, et assurer l’acheminement de l’aide humanitaire.

Mais une fois ces urgences gérées, un problème persiste : Mayotte reste structurellement démunie face aux crises récurrentes. Avec un seul établissement pour 321 000 habitants et 81 médecins pour 100 000 personnes, soigner est devenu un exercice d’équilibriste. Les défis de Mayotte sont bien connus, mais rarement traités à la hauteur de leur gravité. Crise sociale et insécurité, crise de l’eau, crise migratoire : chaque année apporte son lot de tensions. L’apparition de cas de choléra il y a quelques mois est le signe inquiétant d’une dégradation continue des conditions sanitaires.

Ces crises successives se déroulent dans un contexte où les déterminants de santé sont alarmants :
 Un système de soins inadapté malgré des besoins immenses.
 Un accès à l’eau potable non garanti, où les coupures et la qualité insuffisante de l’eau aggravent les risques sanitaires.
 Une densité démographique croissante, doublée par une population non recensée liée à une immigration irrégulière massive. 77% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et 4 habitations sur 10 sont en taule.

À l’hôpital de Mayotte, soigner est un défi quotidien. Les équipes médicales travaillent sous tension permanente, dans des conditions précaires, souvent grâce à des renforts temporaires venus de métropole ou d’ailleurs. Les infirmiers, en particulier, assument un rôle crucial dans la continuité des soins, leur polyvalence permettant de pallier un manque criant de spécialistes.

Partout dans le monde, face aux catastrophes naturelles accrues par le réchauffement climatique, les infirmières se retrouvent souvent en première ligne. Elles apportent des soins d’urgence, participent à la gestion des évacuations, et coordonnent des réponses médicales complexes dans des conditions extrêmes. À Mayotte, comme ailleurs, leur engagement est vital pour assurer la survie immédiate et préparer la reconstruction.

À plus long terme, une stratégie globale doit être mise en place pour sortir Mayotte d’un cercle vicieux de crises chroniques. Il s’agit :
 D’investir dans la formation de soignants locaux, incluant la reconnaissance des compétences infirmières, essentielles dans un système en tension.
 De développer un plan spécifique pour la santé mentale, un domaine inexistant mais vital pour une population exposée à l’insécurité et au stress constant.
 De garantir un accès universel et permanent à l’eau potable, socle de toute politique de santé publique.

Le passage d’un cyclone ou l’apparition d’une épidémie réveillent l’attention nationale, mais Mayotte mérite plus que des réponses ponctuelles. Combien de crises faudra-t-il encore pour que ce département ne soit plus traité comme une exception ?

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Notre voix, notre profession : pas de porte-parole autoproclamé pour les infirmiers !

Paris le 20 août 2025 - À l’heure où notre système de santé traverse une période de tension et (…)

Infirmières face aux inégalités de santé : "aller-vers" la justice sociale

Les inégalités sociales de santé ne sont pas des abstractions statistiques. Elles se mesurent en (…)

Soigner les soignants : des discours aux actes, le fossé se creuse

Des soignants en bonne santé, c’est la base pour des soins de qualité et des patients en (…)

Canicule et pénurie : quand les urgences ferment, les risques explosent à l’hôpital

Les urgences doivent rester ouvertes 24 heures sur 24. C’est la base d’un service public de (…)

AP-HP : vers une grève unitaire contre le plan Bayrou et l’austérité hospitalière

La rentrée sera chaude ! En attendant les consignes de l’intersyndicale nationale unitaire qui (…)

Eau potable : un service public en voie de contamination

Tout le monde boit de l’eau. Mais personne ne sait ce qu’il y a vraiment dedans. Et quand on le (…)