Cynisme d’Etat : jusqu’où iront ils ?

10 avril 2013

Parler de qualité des soins et de sécurité sanitaire, mais organiser en fait une médecine à deux vitesses et la déqualification des soins !

Ces der­niè­res années, l’Etat a fermé des « peti­tes » mater­ni­tés, de « petits » ser­vi­ces de chi­rur­gie, de « petits » hôpi­taux locaux, de « petits » ser­vi­ces d’urgence. En tout 100.000 lits sup­pri­més en dix ans. Mais ce n’est jamais au nom de « plans d’économies » ou du mot-clé de l’admi­nis­tra­tion bran­chée, l’effi­cience. Non, ils nous disent que c’est au nom de la qua­lité des soins, pour la sécu­rité des patients, car ces ser­vi­ces ne font pas assez d’actes, donc ils ris­quent de « perdre la main », et d’être moins bon que le grand CHU où tout le monde est « au top ».

Curieusement, les erreurs de soins dont la presse se fait l’écho concer­nent sou­vent de « grands » ser­vi­ces d’urgen­ces et de « gran­des » mater­ni­tés, où, du fait de toutes ces struc­tu­res loca­les fer­mées, les files d’atten­tes s’allon­gent tou­jours plus, avec des patients invi­tés à ren­trer chez eux rapi­de­ment, afin de libé­rer des lits pour ceux qui sont sta­tion­nés sur des bran­cards dans le cou­loir.

Lors du HCPP du 3 avril (Haut Conseil des Professions Paramédicales) toutes les cen­tra­les syn­di­ca­les ont dénoncé le pro­to­cole de « coo­pé­ra­tions entre pro­fes­sion­nels de santé » (arti­cle 51 de la loi HPST) de can­cé­ro­lo­gie low cost auto­risé par l’Agence Régionale de Santé d’île de France, selon lequel une infir­mière peut rem­pla­cer un can­cé­ro­lo­gue moyen­nant une for­ma­tion théo­ri­que de 45 heures ! La repré­sen­tante du minis­tère a répondu que ce n’était pas juste pour gagner du temps médi­cal, mais pour « amé­lio­rer la prise en charge des patients » !

Mieux, pour l’onco­lo­gue res­pon­sa­ble du pro­to­cole, « C’est impos­si­ble de former les méde­cins trai­tants. Les molé­cu­les sont très com­pli­quées et il y en a tou­jours de nou­vel­les, les infir­miè­res de l’hôpi­tal de jour sont donc les mieux pla­cées pour assu­rer un suivi ». Toutes les études inter­na­tio­na­les mon­trent que pour assu­rer le suivi des patients chro­ni­ques, avec une pres­crip­tion infir­mière de médi­ca­ments, il est néces­saire que l’infir­mière dis­pose d’une for­ma­tion sup­plé­men­taire en master (tra­vaux por­tant sur envi­ron 330.000 infir­miè­res de pra­ti­ques avan­cées dans 25 pays (avec 50 ans de recul aux USA). Mais en France, 45 heures seraient suf­fi­san­tes ? C’est mettre en danger les patients et les infir­miè­res qui accep­tent de telles déri­ves !

S’il faut élargir les com­pé­ten­ces infir­miè­res :
 soit c’est juste rajou­ter un acte tech­ni­que, et il faut alors le rajou­ter au décret d’acte, intro­duire ce nouvel appren­tis­sage offi­ciel­le­ment dans la for­ma­tion ini­tiale et le vali­der par le diplôme d’État
 soit c’est une nou­velle com­pé­tence, avec une pres­crip­tion médi­cale limi­tée, sur le modèle de la sage-femme, et il faut deux années uni­ver­si­tai­res sup­plé­men­tai­res pour vali­der ces com­pé­ten­ces, dans le cadre d’un métier inter­mé­diaire validé par un Master, dans un cadre sta­tu­taire clair, payé comme tel, sur le modèle de l’IADE.

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