Evaluation des Pratiques Professionnelles EPP
17 octobre 2010
Toutes les questions sur l’EPP
1. Qu’est-ce que l’évaluation des pratiques des professionnels de santé ?
2. Comment articuler l’EPP avec la formation continue ?
3. Comment intégrer l’EPP à ma pratique quotidienne ?
4. Quels thèmes choisir pour l’EPP ?
5. Quelles méthodes utiliser pour évaluer sa pratique professionnelle ?
6. Quels sont les acteurs de l’EPP ?
7. Que font les autres pays pour améliorer la qualité en santé ?
8. Quel intérêt pour le professionnel de santé ?
9. Comment fabriquer un référentiel d’auto-évaluation ?
Source : http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_465639/epp-questions-reponses
1. Qu’est-ce que l’évaluation des pratiques des professionnels de santé ?
Depuis la loi du 13 août 2004, tous les médecins, quelles que soient leurs modalités d’exercice, sont soumis à une obligation d’évaluation de leurs pratiques professionnelles. Cette obligation n’est pas, à ce jour, étendue aux autres professionnels de santé exerçant une profession médicale ou paramédicale, mais ceux-ci sont impliqués dans la mise en place de l’EPP à travers leur obligation de formation continue (loi du 9 août 2004) selon laquelle « l’obligation de formation est satisfaite notamment par tout moyen permettant d’évaluer les compétences et les pratiques professionnelles ».
Le décret no 2005-346 du 14 avril 2005 relatif à l’évaluation des pratiques professionnelles mentionne que l’EPP a pour but l’amélioration continue de la qualité des soins et du service rendu aux patients par les professionnels de santé. Elle vise à promouvoir la qualité, la sécurité, l’efficacité et l’efficience des soins et de la prévention et plus généralement la santé publique, dans le respect des règles déontologiques.
Elle consiste en l’analyse de la pratique professionnelle en référence à des recommandations et selon une méthode élaborée ou validée par la Haute Autorité de santé et inclut la mise en œuvre et le suivi d’actions d’amélioration des pratiques. L’évaluation des pratiques professionnelles, avec le perfectionnement des connaissances, fait partie intégrante de la formation médicale continue.
L’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) consiste à mesurer ce qui est fait dans la pratique professionnelle, pour le comparer à la pratique attendue par les recommandations professionnelles. Ces recommandations peuvent être issues des études cliniques, de la réglementation, des conférences de consensus, etc. ; elles sont élaborées avec une méthode explicite par les sociétés professionnelles.
2. Comment articuler l’EPP avec la formation continue ?
Evaluation des pratiques professionnelles et formation continue ont comme finalité commune de faire évoluer la pratique pour améliorer la qualité et la sécurité des soins. La formation continue et l’EPP adoptent des approches complémentaires. L’approche pédagogique est fondée sur l’acquisition de nouvelles connaissances ou compétences.
L’EPP est fondée sur l’analyse des données de l’activité clinique et professionnelle, des processus comme des résultats des soins. Cette analyse se fait au regard des recommandations professionnelles. L’évaluation des pratiques participe ainsi à la diffusion et à la mise en œuvre des recommandations professionnelles.
L’articulation entre évaluation des pratiques et formation continue est réglementée par la loi de Santé Publique d’août 2004.
3. Comment intégrer l’EPP à ma pratique quotidienne ?
Les modes d’organisation de l’EPP sont nombreux et diversifiés : revue de mortalité-morbidité, réseaux de santé, groupes d’analyse de pratique entre pairs, exercice coordonné et protocolé en maisons de santé, pôles de santé et centres de santé, staff EPP des équipes hospitalières, réunion de concertation pluridisciplinaire en cancérologie, etc.
4. Quels thèmes choisir pour l’EPP ?
Le choix des thèmes est fait, en considérant notamment la fréquence, la variation connue des pratiques, la gravité ou le coût de la procédure diagnostique, préventive ou thérapeutique, les priorités de santé publique. La sélection de quelques objectifs de qualité parmi la masse d’information disponible permet de hiérarchiser les changements à apporter dans la pratique professionnelle considérée.
5. Quelles méthodes utiliser pour évaluer sa pratique professionnelle ?
De nombreuses méthodes d’évaluation des pratiques sont disponibles ; toutes conduisent à comparer la pratique constatée à celle souhaitée dans les recommandations professionnelles.
L’audit clinique ou la revue de pertinence mesurent a posteriori les écarts entre la pratique et des objectifs de qualité basés sur les recommandations professionnelles. L’approche par processus part de la description du parcours du patient, avec à chaque étape qui fait quoi ; elle permet d’écrire un chemin clinique, de prévoir des aide-mémoires, d’intégrer des arbres de décision. L’approche par résolution de problème se réfère à la médecine basée sur des faits (evidence based medicine) ou à la gestion des risques.
L’analyse des résultats de l’évaluation est de préférence collective, au sein de groupes de professionnels libéraux ou d’équipes hospitalières ; cette analyse s’enrichit alors de la participation de tous. Un regard extérieur est souhaitable pour faciliter la réflexion.
Les actions d’améliorations peuvent prendre de nombreuses formes, comme un dossier type ou un rappel automatique informatique ; entre autres actions, l’évaluation de la pratique peut déboucher sur un programme personnalisé de formation. Le suivi d’indicateurs, la tenue de registres ou la maitrise statistique des processus en santé permettent de vérifier l’impact de ces actions.
6. Quels sont les acteurs de l’EPP ?
La HAS définit les modalités de l’évaluation des pratiques professionnelles, agrée les organismes chargés d’aider les médecins dans leur évaluation, habilite les médecins qui accompagnent leurs confrères dans la démarche, contrôle et évalue le dispositif.
Les sociétés professionnelles développent des outils et des méthodes d’évaluation des pratiques professionnelles, articulés avec les recommandations professionnelles.
Les organismes agréés pour l’EPP par la HAS proposent aux médecins des programmes d’évaluation/amélioration de leur pratique. Ce sont des structures professionnelles, majoritairement constituées de médecins, et le plus souvent émanation de leurs sociétés et collèges professionnels. Ils délivrent les attestations.
Les unions régionales des médecins libéraux (URML) organisent l’évaluation des médecins libéraux. Elles mettent à disposition toutes les informations utiles pour l’EPP.
Les Commissions médicales d’établissement (CME) organisent l’EPP des médecins hospitaliers.
Les médecins habilités par la HAS pour l’EPP (MH) sont des professionnels en exercice avec activité libérale prédominante. Ils accompagnent les médecins dans la mise en œuvre de leur EPP ; ils sont missionnés par les URML.
Les médecins experts extérieurs (MEE) ont pour mission d’assurer ce « regard extérieur » pour les programmes d’EPP promus et mis en œuvre par les médecins de l’établissement en dehors des organismes agréés ou de l’accréditation des équipe. Ils donnent un avis sur l’implication individuelle des médecins à la commission dédiée.
7. Que font les autres pays pour améliorer la qualité en santé ?
L’ensemble des pays développés ont mis en œuvre des politiques d’évaluation des pratiques et des compétences, complémentaires aux politiques d’accréditation des organisations de soins (certification des établissements de santé en France), sous des formes voisines. L’OMS décrit les dispositifs d’assurance qualité développés en Europe dans le document : « Legido-Quigley H, McKee M, Nolte E, Glinos IA. Assuring the quality of health care in the European Union. A case for action. Copenhagen : WHO Regional Office for Europe, 2008 ».
8. Quel intérêt pour le professionnel de santé ?
Chaque professionnel de santé essaye de faire au mieux dans l’intérêt de ses patients. L’évolution rapide de l’environnement scientifique, législatif et réglementaire impose de se former en continu pour mettre à jour connaissances et compétences. La réflexion clinique basée sur l’EBM des anglo-saxons, ou médecine fondée sur les fait, nous apprend que les résultats en santé dépendent non seulement des données scientifiques, mais aussi des préférences des patients et du contexte clinique. L’EPP permet un « arrêt sur image » avec une réflexion pour améliorer la coordination des professionnels de santé autour du patient.
9. Comment fabriquer un référentiel d’auto-évaluation ?
Le thème est choisi en fonction de la pratique, des priorités de santé publique et de la disponibilité de recommandations professionnelles. Il doit correspondre à une prise en charge diagnostique, thérapeutique ou préventive fréquente ou grave ou coûteuse, avec un potentiel d’amélioration de la pratique. En l’absence de recommandation sur le sujet, la société professionnelle doit organiser leur élaboration, selon une méthode reconnue, préalablement à la réalisation d’un référentiel d’auto-évaluation.
Des objectifs de qualité correspondant à la pratique et au thème du référentiel sont sélectionnés. Pour chaque objectif de qualité, le grade de la recommandation dont il est issu est précisé. Il ne s’agit pas d’être exhaustif sur le thème, mais de se focaliser sur les points susceptibles d’amélioration dans la qualité des soins.
Un critère d’évaluation permet de mesurer la mise en œuvre de l’objectif de qualité. Ce qui a été fait est plus important que de noter par qui cela a été fait (exemple : le poids du patient est connu). Les critères d’évaluation sont énoncés au présent, à l’affirmative, avec une idée par critère. La réponse attendue est OUI ou NON ou Non Adapté. Le « et » dans un critère signifie que tous les items doivent être remplis pour répondre OUI ; le « ou » permet de répondre OUI si un seul des items est rempli. Des notes explicatives peuvent préciser les termes de l’énoncé ou donner des définitions. Un objectif de qualité peut être vérifié par plusieurs critères. Par souci de faisabilité, le référentiel d’évaluation comprend une dizaine de critères.
Les patients concernés par le référentiel sont définis. Les informations sont le plus souvent recherchées dans le dossier du patient.