Face au malaise de l’hôpital, le Premier Ministre se moque des soignants en souffrance

Face au malaise de l'hôpital, le Premier Ministre se moque des soignants en souffrance

20 novembre 2019

Communiqué de presse SNPI du 20.11.19, en réaction aux propositions sur l’hôpital. Le gouvernement reste sourd à nos revendications, le syndicat des infirmiers lance donc un appel à la grève pour le 5 décembre.

La jour­née d’action 14 novem­bre 2019 à l’appel uni­taire des syn­di­cats et des col­lec­tifs, a été un grand succès. Elle a montré qu’Agnès Buzyn n’est pas à la hau­teur des atten­tes, et que le Premier Ministre est désor­mais l’inter­lo­cu­teur direct des hos­pi­ta­liers.

« Tout le monde est mobi­lisé, du méde­cin au cadre de santé en pas­sant par les soi­gnants, parce que cela fait dix ans que l’on retire du budget à l’hôpi­tal. Plutôt que de rece­voir une délé­ga­tion pour enta­mer des négo­cia­tions, le Gouvernement a pré­féré tra­vailler dans son coin, pour pro­po­ser une semaine après des mesu­res sans rap­port avec nos reven­di­ca­tions (rou­vrir des lits, créer des emplois, reva­lo­ri­ser les salai­res) ! », déclare Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers (SNPI CFE-CGC).

La dette des hôpi­taux ne concerne pas les soi­gnants

« Les soi­gnants n’ont rien demandé concer­nant la dette des hôpi­taux, cela repré­sente des jeux d’écriture pour la tech­no­struc­ture, mais ne répond pas aux besoins des soi­gnants dans la vraie vie. Notre quo­ti­dien, c’est le budget de fonc­tion­ne­ment. La dette, c’est du budget d’inves­tis­se­ment pour les tra­vaux et les restruc­tu­ra­tions ».

Pire, nous savons qu’en Allemagne, la dette des hôpi­taux avait été apurée, pour les rendre plus attrayants lors de leur pri­va­ti­sa­tion. Un hôpi­tal public du Maine-et-Loire devait être pri­va­tisé, et c’est la mobi­li­sa­tion des hos­pi­ta­liers qui a repoussé le projet ce mois-ci.

Cette hausse de l’ONDAM, c’est tou­jours des moyens en moins en 2020

Dans le projet de loi de finan­ce­ment de la Sécu, l’ONDAM ini­tia­le­ment prévu à 2,1%, alors que les besoins sont à 4,4%, c’était reti­rer 800 mil­lions aux hôpi­taux.
Proposer aujourd’hui une hausse 0,3%, soit 200 mil­lions, pour passer à un ONDAM hôpi­tal à 2,4%, c’est nous reti­rer encore 800-200 = 600 mil­lions en 2020 !

Pour com­pa­rai­son :
- en 2018, l’ONDAM hôpi­tal à 2,1% s’est tra­duit par 960 mil­lions d’euros d’économies pour les hôpi­taux dans la cir­cu­laire tari­faire signée par Agnès Buzyn en mai 2018
Bas de page 3 "Pour 2018, le niveau des économies sur le champ des établissements de santé s’élève à 1,6 md€ dont 960 m€ d’économies pesant direc­te­ment sur le budget des établissements de santé (le dif­fé­ren­tiel por­tant sur les médi­ca­ments et dis­po­si­tifs médi­caux, via les méca­nis­mes de remise conven­tion­nelle et de baisse de prix)."
https://soli­da­ri­tes-sante.gouv.fr/fichiers/bo/2018/18-05/ste_20180005_0000_0030.pdf
- en 2019, l’ONDAM hôpi­tal à 2,3% s’est tra­duit par 663 mil­lions d’euros d’économies pour les hôpi­taux dans la cir­cu­laire tari­faire signée par Agnès Buzyn en mai 2019
Milieu page 2 "L’évolution des res­sour­ces allouées aux établissements de santé en 2019 tient également compte, comme chaque année, d’un effort de maî­trise de la dépense hos­pi­ta­lière. Cet effort, qui est estimé dans le cadre de cette cam­pa­gne à 663M€ (contre 960M€ en 2018), doit tra­duire l’amé­lio­ra­tion de la per­for­mance interne des établissements, dont la ratio­na­li­sa­tion des achats hos­pi­ta­liers"
http://cir­cu­laire.legi­france.gouv.fr/pdf/2019/06/cir_44729.pdf

En 20 ans, les gou­ver­ne­ments ont fermé 100.000 lits, 95 ser­vi­ces d’urgen­ces, et la moitié des mater­ni­tés. L’hôpi­tal est asphyxié finan­ciè­re­ment, on lui a retiré 8,4 mil­liards depuis 10 ans, soit 10% de son budget.

Une reva­lo­ri­sa­tion du salaire infir­mier de 300 €/mois, pas l’aumône

Selon l’OCDE, le salaire des infir­miers (bac+3) est infé­rieur de 5% au salaire moyen !
https://fr.sta­tista.com/info­gra­phie/19645/remu­ne­ra­tion-infir­miers-hos­pi­ta­liers-par-rap­port-au-salaire-moyen-ocde/

Pour avoir une équivalence avec les autres pays euro­péens, la reconnais­sance de la pro­fes­sion infir­mière doit passer par une reva­lo­ri­sa­tion de 300 euros/mois (et non l’aumône de 9 euros/mois comme depuis 2017)
https://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Grilles-salai­res-infir­miers-a-l-hopi­tal-en-2019.html

« Face à la dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail, à la perte de sens à l’hôpi­tal, à la mal­trai­tance ins­ti­tu­tion­nelle en Ehpad induite par le sous-effec­tif, 30% des jeunes diplô­més aban­don­nent la pro­fes­sion infir­mière dans les 5 ans qui sui­vent le diplôme » indi­que Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, il est donc impé­ra­tif de pro­cé­der à une reva­lo­ri­sa­tion sala­riale, pour rendre attrac­tif l’exer­cice hos­pi­ta­lier.
https://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Infirmiers-30-des-nou­veaux-diplo­mes-aban­don­nent-dans-les-5-ans.html

C’est un gâchis humain, mais aussi social, de former en 3 ans des jeunes qui ne res­tent pas (22.000 diplô­més/an). Du coup, faute de per­son­nel infir­mier (400 postes vacants) les hôpi­taux de Paris ont dû fermer 900 lits.
https://www.lex­press.fr/actua­lite/societe/sante/crise-a-l-hopi­tal-900-lits-fermes-a-paris-faute-de-per­son­nels-soi­gnants_2102656.html

L’argent existe, uti­li­sons-le pour sauver l’hôpi­tal

Sur le finan­ce­ment, l’arti­cle 3 du PLFSS 2020 auto­rise le Gouvernement à détour­ner l’argent de la Sécu pour finan­cer ses mesu­res "gilets jaunes", contrai­re­ment à la loi Veil de 1994, qui oblige l’Etat à assu­mer ses choix bud­gé­tai­res. Il est scan­da­leux de ne pas com­pen­ser à la Sécurité sociale la perte de res­sour­ces de 3,3 mil­liards d’€ induite par l’exo­né­ra­tion des coti­sa­tions socia­les sur les heures sup­plé­men­tai­res, l’intro­duc­tion d’un taux inter­mé­diaire de CSG sur les reve­nus de rem­pla­ce­ment et les réduc­tions de for­fait social pré­vues dans la loi Pacte. Avec ces 3,3 mil­liards on peut finan­cer un vrai plan de sau­ve­garde de l’hôpi­tal.

Le syn­di­cat des infir­miers lance donc un appel à la grève pour le 5 décem­bre.

La réforme des retrai­tes sup­prime les mesu­res de péni­bi­lité, ce qui va frap­per les aides-soi­gnan­tes et les infir­miè­res en caté­go­rie B de l’hôpi­tal. Mais au-delà des retrai­tes, c’est une mobi­li­sa­tion pour sauver l’hôpi­tal et les ser­vi­ces publics.

Plan d’urgence du gou­ver­ne­ment pour l’hôpi­tal public : "C’est Hubert de Montmirail qui lance un os à Jacquouille (...) les gens se sont sentis insul­tés", rap­porte Thierry Amouroux à propos des primes pour les soi­gnants.

"Le salai­res des infir­miers est infé­rieur au salaire moyen des sala­riés fran­çais (...) On veut être payé au juste prix de nos com­pé­ten­ces, de nos res­pon­sa­bi­li­tés et de notre enga­ge­ment quo­ti­dien", expli­que Thierry Amouroux qui demande une hausse de salaire de 300 euros

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