HAD : Xavier Bertrand et l’hospitalisation à domicile (décembre 2010)

11 décembre 2010

Allocution de Xavier Bertrand, Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, à l’occa­sion de la 14ème jour­née natio­nale l’hos­pi­ta­li­sa­tion à domi­cile, le 9 décem­bre 2010

Ma mis­sion comme minis­tre de la Santé, avec Nora Berra, c’est de conti­nuer à moder­ni­ser notre
sys­tème de santé pour que nos conci­toyens conti­nuent à béné­fi­cier du meilleur sys­tème de santé
au monde, non seu­le­ment dans un an, mais aussi dans les dix ans qui vien­nent.

Pour cela nous allons appor­ter des répon­ses de plus en plus adap­tées aux besoins des patients, tout
en main­te­nant un haut niveau de qua­lité des soins. L’HAD rem­plit ce double objec­tif, parce qu’elle
répond à l’évolution des besoins et qu’elle est deve­nue en même temps un sec­teur d’excel­lence.

I. L’HAD répond à l’évolution des besoins de notre sys­tème de santé.

Elle y répond pour plu­sieurs rai­sons que vous connais­sez bien : l’allon­ge­ment continu de l’espé­rance de
vie et le vieillis­se­ment de la popu­la­tion, le déve­lop­pe­ment des mala­dies chro­ni­ques - 20% de la
popu­la­tion souf­frent d’une patho­lo­gie chro­ni­que - et de la dépen­dance, et le défi­cit struc­tu­rel des
dépen­ses de santé. Il faut donc adap­ter l’orga­ni­sa­tion des soins et diver­si­fier les modes de prise
en charge à côté de la seule hos­pi­ta­li­sa­tion.

Les plans de santé publi­que que le Gouvernement a lancés récem­ment sou­li­gnent l’inté­rêt de
l’hos­pi­ta­li­sa­tion à domi­cile : je pense au plan soins pal­lia­tifs, au plan soli­da­rité grand âge, au plan
cancer et tout récem­ment au plan sur les acci­dents vas­cu­lai­res céré­braux.
Ces plans pri­vi­lé­gient une appro­che en termes de par­cours de soins du patient. L’enjeu, c’est
d’assu­rer la conti­nuité des soins, notam­ment au domi­cile, au-delà des épisodes aigus.

Mais l’HAD, ce n’est pas qu’une solu­tion tech­ni­que : c’est aussi un mode de prise en charge
plus humain et cela répond aujourd’hui à une demande des patients.
Nos conci­toyens le disent très clai­re­ment : lors­que les condi­tions le per­met­tent, ils sou­hai­tent
conser­ver le plus d’auto­no­mie pos­si­ble en res­tant à domi­cile, au plus près de leurs famil­les et de
leur envi­ron­ne­ment. Quand on est pris en en charge chez soi, dans un cadre qu’on connaît, qu’on peut
rece­voir des visi­tes plus faci­le­ment qu’à l’hôpi­tal, et qu’on béné­fi­cie en même temps de solu­tions
adap­tées à ses pro­blè­mes de santé, il est plus facile de vivre sa mala­die.

Et en même temps, on
béné­fi­cie d’un envi­ron­ne­ment sécu­risé et de soins de qua­lité.
Je crois que « qua­lité » est un mot essen­tiel, parce que si l’HAD est un sec­teur d’avenir, c’est aussi
parce ce que c’est un sec­teur d’excel­lence. C’est un sec­teur qui prend en charge un grand nombre de
patho­lo­gies lour­des, par exem­ple en can­cé­ro­lo­gie. L’HAD, c’est bien un sec­teur d’hos­pi­ta­li­sa­tion à
part entière.

Vous le savez, le Gouvernement a voulu donner toute sa place à cette moda­lité de prise en
charge. J’en veux pour preuve que l’HAD est désor­mais un label reconnu, et je sais que cela vous
tenait à coeur. Il y a désor­mais une défi­ni­tion juri­di­que de l’HAD : la loi HPST du 21 juillet 2009 garan­tit
l’appel­la­tion « HAD ».

Désormais, seuls les établissements de santé qui exer­cent une acti­vité de soins à domi­cile et qui
répon­dent aux condi­tions d’auto­ri­sa­tion des établissements de santé peu­vent uti­li­ser l’appel­la­tion
d’établissement d’hos­pi­ta­li­sa­tion à domi­cile.

La loi HPST a permis de mieux reconnaî­tre aussi les établissements qui exer­cent des soins à domi­cile,
tant dans les ins­tan­ces natio­na­les que régio­nale : je pense à la confé­rence natio­nale de santé (CNS),
au Comité natio­nal de d’orga­ni­sa­tion sani­taire et sociale (CNOSS) et à la Conférence régio­nale de
santé et d’auto­no­mie (CRSA).

Ainsi, l’HAD est désor­mais un acteur incontour­na­ble dans le pay­sage de l’offre de soins, et on le
cons­tate sur le ter­rain. L’HAD est bien implan­tée dans le par­cours de santé sur l’ensem­ble de
notre ter­ri­toire.
De plus en plus de patients en béné­fi­cient en effet : entre 2005 et 2009, le nombre d’établissements a
pro­gressé de + de 120%, le nombre de jour­nées de plus de 119% et le nombre de patients de près de
148%. Tous les dépar­te­ments dis­po­sent désor­mais d’une auto­ri­sa­tion d’exer­cice en HAD.
En paral­lèle, les autres inter­ven­tions au domi­cile des patients se sont beau­coup déve­lop­pés, qu’il
s’agisse des réseaux de santé, des SSIAD et des équipes mobi­les.

II. Il faut désor­mais pré­ci­ser la place de l’HAD par rap­port à l’ensem­ble de ses par­te­nai­res dans le par­cours de soins.

Nous allons tra­vailler prin­ci­pa­le­ment sur trois axes, qui sont :
 1. la défi­ni­tion du péri­mè­tre d’inter­ven­tion de l’HAD, en lien avec les tra­vaux menés par la HAS ou
l’INCA ;
 2. l’évolution de son modèle de finan­ce­ment ;
 3. le déve­lop­pe­ment de la télé­mé­de­cine ou la télé­sur­veillance, afin de mieux pren­dre en charge les
patients sur l’ensem­ble du ter­ri­toire.

1. Premier axe d’action : mieux défi­nir le péri­mè­tre de l’HAD dans l’offre de soins actuelle.

Je pense par exem­ple à la péri­na­ta­lité : il faut défi­nir plus clai­re­ment le champ d’inter­ven­tion de l’HAD
par rap­port à celui des pro­fes­sion­nels libé­raux.

De même, dans le domaine des soins pal­lia­tifs, nous allons réflé­chir à la meilleure façon de répon­dre
au sou­hait des patients de mourir à domi­cile. Il est clair que l’HAD ne doit inter­ve­nir que dans les cas
les plus lourds, qui requiè­rent des soins inten­sifs et la coor­di­na­tion d’une équipe poly­va­lente.

Je pense qu’il faut aussi réflé­chir à la place de l’HAD dans d’autres sec­teurs d’acti­vi­tés tels que la pédia­trie ou la réé­du­ca­tion.

Nous allons réflé­chir également à la ques­tion de la sub­sti­tu­tion entre l’HAD et l’hos­pi­ta­li­sa­tion à
temps com­plet.
Je rap­pelle que l’hos­pi­ta­li­sa­tion à domi­cile n’inter­vient pas seu­le­ment à la suite d’une hos­pi­ta­li­sa­tion à
temps com­plet. Elle doit aussi deve­nir une moda­lité de prise en charge de pre­mière inten­tion, en lien
étroit avec les pro­fes­sion­nels libé­raux.

Je pense en par­ti­cu­lier aux patients qui souf­frent de patho­lo­gies chro­ni­ques et qui auraient déjà
béné­fi­cié anté­rieu­re­ment de ce type de prise en charge.
De la même façon, le déve­lop­pe­ment de l’HAD dans les EHPAD permet aux per­son­nes âgées de
rester dans leur envi­ron­ne­ment quo­ti­dien. Cela les aide à rester auto­no­mes et je pense que c’est une
bonne chose, dès lors que des accords de coo­pé­ra­tion sont clai­re­ment défi­nis avec les établissements
médico-sociaux.

2. Deuxième axe de réflexion, l’évolution du modèle de finan­ce­ment.

Depuis le 1er jan­vier 2006 les établissements de santé titu­lai­res d’une auto­ri­sa­tion d’HAD sont finan­cés
dans le cadre de la tari­fi­ca­tion à l’acti­vité (T2A), sur la base de for­faits jour­na­liers dénom­més « Groupes
Homogènes de Tarifs » (GHT).
Le choix de ce modèle de T2A a contri­bué au déve­lop­pe­ment de l’HAD.

Auparavant, le sys­tème de
finan­ce­ment en prix de jour­née pou­vait la péna­li­ser.
Il faut désor­mais mieux évaluer les coûts réels pour tenir compte de l’acti­vité effec­ti­ve­ment déve­lop­pée
aujourd’hui, de la diver­sité des patients et de l’évolution des trai­te­ments.
Je sou­haite donc qu’un effort par­ti­cu­lier soit fait en matière de sys­tème d’infor­ma­tions et de recueil de
don­nées médi­ca­li­sées et qu’un nombre plus impor­tant d’établissements d’HAD s’engage dans l’étude
natio­nale de coûts.

3. Notre troi­sième axe d’action, c’est le déve­lop­pe­ment de la télé­mé­de­cine.

La FNEHAD a rédigé un livre blanc sur la télé­mé­de­cine et je par­tage ses recom­man­da­tions, parce que
la télé­mé­de­cine est un outil essen­tiel :
 d’abord, la télé­mé­de­cine permet un meilleur suivi à domi­cile pour cer­tai­nes patho­lo­gies
chro­ni­ques grâce à la télé­sur­veillance. Cela contri­bue également à amé­lio­rer la conti­nuité et la
per­ma­nence des soins.
 ensuite, le déve­lop­pe­ment de télé­consul­ta­tions favo­rise l’acti­vité d’HAD, notam­ment sur des
ter­ri­toi­res qui souf­frent d’une faible den­sité médi­cale.

Secteur d’excel­lence, sec­teur d’avenir, sec­teur désor­mais reconnu comme une acti­vité de soins à part
entière, l’HAD, aujourd’hui, c’est tout cela à la fois. Avec Nora Berra, je sou­haite qu’elle se déve­loppe
encore davan­tage. Notre prio­rité, c’est de redon­ner confiance dans notre sys­tème de santé, et cela
passe par une offre de soin adap­tée à l’évolution des besoins des Français.

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Quelle partie du rôle propre infirmier peut être confiée à une aide-soignante ?

Depuis l’entrée en vigueur du décret n° 2021-980 du 23 juillet 2021, le périmètre d’intervention (…)

Des médicaments dans l’eau, et personne pour les filtrer ?

L’eau du robinet contient aujourd’hui plus de résidus médicamenteux que de pesticides. Et tout (…)

Oxyde d’éthylène : l’ombre toxique de la stérilisation plane sur les soignants

La stérilisation sauve des vies. Mais quand elle empoisonne ceux qui soignent, qui protège les (…)

Formation infirmière : la France choisit l’impasse pendant que le monde avance

Mieux formés, les infirmiers sauvent plus de vies. C’est prouvé, documenté, validé. Mais la (…)

Partout où la guerre détruit, les soins reconstruisent

La paix ne commence pas dans les traités, mais dans les gestes quotidiens. C’est l’un des (…)

Redéfinir l’infirmière, c’est refonder la santé

À quoi reconnaît-on une infirmière ? Par la blouse ? Les soins prodigués au chevet ? Trop (…)