Hôpital : le point de rupture

5 janvier 2009

En 2009, notre pro­fes­sion a fait la une de l’actua­lité, avec la mort d’un enfant de trois ans la nuit de Noël 2008 (erreur de pro­duit) et celle d’un bébé de six mois lors du Jour de l’An 2009 (erreur de débit). Cruelle façon pour le public de réa­li­ser le très haut niveau de res­pon­sa­bi­li­tés qu’ont chaque jour les 500.000 infir­miè­res qui exer­cent en France. Il convient de com­pren­dre les rai­sons pro­fon­des du malaise.

Avec les plans d’économies qui se suc­cè­dent dans les hôpi­taux, la dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail est telle que l’effec­tif normal est pra­ti­que­ment sem­bla­ble à l’effec­tif mini­mum du week-end, les repos dûs s’accu­mu­lent, et lors des vacan­ces sco­lai­res nous avons atteint le point de rup­ture.

Les syn­di­cats de l’AP-HP ont déposé en 2008 une pro­cé­dure d’alerte pour DANGER GRAVE ET IMMINENT sur l’ensem­ble des hôpi­taux de l’AP-HP, suite à l’insuf­fi­sance d’effec­tif et la dégra­da­tion des condi­tions de tra­vail qui font courir des ris­ques impor­tants aux patients et aux pro­fes­sion­nels.

Lorsqu’après la mort d’un homme en jan­vier 2009, on cons­tate qu’il ne reste que 11 lits de réa­ni­ma­tion de dis­po­ni­bles dans une région de 12 mil­lions d’habi­tants, on mesure l’étendue des dégats.

Selon l’Observatoire des ris­ques médi­caux (ORM), en 2006, sur 735 dos­siers, les actes de soins ont été la pre­mière cause d’acci­dent (80 %) après les actes de diag­nos­tic (11 %).

Nous invi­tons donc les infir­miè­res sala­riées qui ne l’ont pas encore fait à pren­dre sans tarder une assu­rance "res­pon­sa­bi­lité civile pro­fes­sion­nelle" , et à rem­plir une fiche d’alerte lors de chaque situa­tion dif­fi­cile, pour pré­ve­nir par écrit l’admi­nis­tra­teur de garde, et les élus du CHSCT d’une situa­tion dan­ge­reuse.

Nous vous invi­tons également à nous indi­quer les pré­sen­ta­tions médi­ca­men­teu­ses sour­ces de confu­sion , afin de cons­ti­tuer une banque de don­nées sur des pré­sen­ta­tions et étiquettes de médi­ca­ments qui majo­rent le risque d’erreur.

La situa­tion est grave, il convient de réagir en pro­fes­sion­nels pour pré­ve­nir les ris­ques.

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