Infirmier clinicien en soins primaires

7 décembre 2011

Face à la hausse des mala­dies chro­ni­ques, au vieillis­se­ment de la popu­la­tion et à l’évolution de la démo­gra­phie médi­cale, le Centre d’ana­lyse stra­té­gi­que (CAS) pro­pose dans une note d’ana­lyse de décem­bre 2011 de :
 créer un statut et un diplôme d’infir­mier cli­ni­cien en soins pri­maire,
 expé­ri­men­ter une consul­ta­tion infir­mière de pre­mière ligne,
 ins­ti­tuer une consul­ta­tion infir­mière de suivi des patients atteints de patho­lo­gies chro­ni­ques

Le SNPI CFE-CGC sou­tien ces 3 pro­po­si­tions, qui reconnais­sent enfin les com­pé­ten­ces pro­pres des infir­miè­res, à l’exem­ple de ce qui se fait déja dans de nom­breux pays, avec des infir­miè­res en Master 2 qui assu­rent ces mis­sions. Ces infir­miè­res cli­ni­cien­nes ou spé­cia­lis­tes cli­ni­ques assu­rent un meilleur suivi des patients chro­ni­ques, et ren­dent attrac­tif les secondes car­riè­res pour les infir­miè­res expé­ri­men­tées.

Le SNPI CFE-CGC est favo­ra­ble aux pra­ti­ques avan­cées, dans le cadre d’un diplôme de Master 2, débou­chant sur un statut rému­néré comme tel. C’est le chai­non man­quant entre l’infir­mière à Bac + 3 et le méde­cin à Bac + 9. Par contre, notre syn­di­cat infir­mier est opp­posé aux coo­pé­ra­tions entre pro­fes­sion­nels de santé (art 51 de la loi HPST) qui se conten­tent de léga­li­ser de "petits arran­ge­ments entre amis" : ces trans­ferts d’actes relè­vent d’un pro­to­cole entre deux indi­vi­dus, avec une for­ma­tion d’adap­ta­tion à l’emploi, et suivi par la HAS sur la base de docu­ments rédi­gés en auto-contrôle. Cela demande une assu­rance spé­ciale cou­vrant des actes qui ne sont pas dans le décret d’actes régis­sant la pro­fes­sion, et donc pour les­quels l’IDE n’a pas été formée et n’est com­pé­tente. Le tout sans rému­né­ra­tion pour l’infir­mière, qui de plus repart à zéro lors du départ ou du retrait du méde­cin !

Les 3 pro­po­si­tions du CAS, ins­ti­tu­tion d’exper­tise et d’aide à la déci­sion placée auprès du Premier minis­tre :

1) Créer un statut et un diplôme d’infir­mier
cli­ni­cien en soins pri­mai­res.

L’infir­mier cli­ni­cien de soins pri­mai­res serait un infir­mier
spé­cia­lisé, des­tiné à exer­cer en com­plé­men­ta­rité
avec le méde­cin géné­ra­liste au sein d’une maison de
santé. Ayant reçu une for­ma­tion sup­plé­men­taire, sanc­tion­née
par un diplôme de niveau master, il inter­vien­drait
dans deux champs spé­ci­fi­ques : la déli­vrance des soins
de pre­mière ligne et la prise en charge des patho­lo­gies
chro­ni­ques.

D’une part, l’infir­mier cli­ni­cien assu­re­rait une fonc­tion
d’accueil et d’orien­ta­tion du patient au sein des mai­sons
de santé. Il absor­be­rait une partie de l’acti­vité médi­cale
en pre­nant en charge la réso­lu­tion de pro­blè­mes de santé
cou­rants des patients consen­tants. Il inter­vien­drait en
matière de pré­ven­tion et d’éducation à la santé.

Alors que
le méde­cin géné­ra­liste conser­ve­rait son statut de réfé­rent,
l’infir­mier cons­ti­tue­rait le point d’entrée dans le
sys­tème. Dans ce cadre, la sécu­rité des soins res­te­rait
assu­rée, l’infir­mier pou­vant à tout ins­tant orien­ter le
patient vers le méde­cin pré­sent.

2) Expérimenter, dans quel­ques mai­sons de
santé, une consul­ta­tion infir­mière de pre­mière
ligne au cours de laquelle l’infir­mier cli­ni­cien
pren­drait en charge les affec­tions béni­gnes.

Cette expé­ri­men­ta­tion per­met­trait de sta­tuer sur les
condi­tions de for­ma­tion et de rému­né­ra­tion de cet infir­mier
cli­ni­cien, sur son cadre d’inter­ven­tion (acti­vi­tés de
diag­nos­tic, de pres­crip­tion et actes tech­ni­ques défi­nis
par une liste limi­ta­tive) et sur son degré de res­pon­sa­bi­lité
et d’auto­no­mie par rap­port au méde­cin (méca­nis­mes de
rétro­contrôle, etc.).

D’autre part, concer­nant les patho­lo­gies chro­ni­ques,
l’infir­mier cli­ni­cien assu­re­rait le suivi régu­lier des
mala­des dans le cadre d’une consul­ta­tion dédiée. Le
méde­cin géné­ra­liste pour­rait ainsi se concen­trer sur la
prise en charge ini­tiale du patient et sur les com­pli­ca­tions.

3) Instituer une consul­ta­tion infir­mière de suivi des patients atteints de patho­lo­gies chro­ni­ques assu­rée par l’infir­mier cli­ni­cien.

Dans ce cadre, l’infir­mier cli­ni­cien :
 joue­rait un rôle d’accom­pa­gne­ment du patient (éducation
thé­ra­peu­ti­que, conseils) ;
 ana­ly­se­rait les résul­tats bio­lo­gi­ques et réa­jus­te­rait, si
néces­saire, la poso­lo­gie de la thé­ra­peu­ti­que pres­crite
ini­tia­le­ment par le méde­cin ;
 contrô­le­rait l’évolution des fac­teurs de risque et
adres­se­rait le patient au méde­cin spé­cia­liste en cas
de com­pli­ca­tion ;
 coor­don­ne­rait les aspects pra­ti­ques de la prise en
charge du patient (prise de rendez-vous, ren­sei­gne­ment
des dos­siers, etc.).

Cependant, la créa­tion de nou­veaux sta­tuts pro­fes­sion­nels
ne suffit pas, à elle seule, à faire évoluer concrè­te­ment
les rôles des acteurs. En témoi­gne l’exem­ple des
sages-femmes dont on a reconnu le statut de pro­fes­sion
médi­cale et qui ont obtenu une for­ma­tion uni­ver­si­taire.
Si, en sec­teur hos­pi­ta­lier, elles se voient désor­mais délé­guer
des mis­sions autre­fois dévo­lues aux gyné­co­lo­gue­sobs­té­tri­ciens,
ce trans­fert d’acti­vi­tés reste cepen­dant
par­ci­mo­nieux quand l’acti­vité est rému­né­rée à l’acte.

Le Centre d’ana­lyse stra­té­gi­que est une ins­ti­tu­tion d’exper­tise et d’aide à la déci­sion placée auprès
du Premier minis­tre. Il a pour mis­sion d’éclairer le gou­ver­ne­ment dans la défi­ni­tion et la mise
en oeuvre de ses orien­ta­tions stra­té­gi­ques en matière économique, sociale, envi­ron­ne­men­tale
et tech­no­lo­gi­que. Il pré­fi­gure, à la demande du Premier minis­tre, les prin­ci­pa­les réfor­mes
gou­ver­ne­men­ta­les. Il mène par ailleurs, de sa propre ini­tia­tive, des études et ana­ly­ses dans le cadre
d’un pro­gramme de tra­vail annuel. Il s’appuie sur un comité d’orien­ta­tion qui com­prend onze
mem­bres, dont deux dépu­tés et deux séna­teurs et un membre du Conseil économique, social et
envi­ron­ne­men­tal. Il tra­vaille en réseau avec les prin­ci­paux conseils d’exper­tise et de concer­ta­tion
placés auprès du Premier minis­tre : le Conseil d’ana­lyse économique, le Conseil d’ana­lyse de la
société, le Conseil d’orien­ta­tion pour l’emploi, le Conseil d’orien­ta­tion des retrai­tes, le Haut Conseil
à l’inté­gra­tion.

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