Infirmières : "Essentielles" pendant la pandémie, mais oubliées aujourd’hui

26 octobre 2024

En 2024, une organisation sociale sexiste et archaïque continue de dicter les règles. Depuis des décennies, les professions du soin, historiquement associées aux femmes, sont marquées par la précarité et le manque de reconnaissance. La profession infirmière comporte 87% de femmes. Ce sont ces infirmières et soignantes, en première ligne des crises sanitaires, qui subissent aujourd’hui les conséquences de cette hiérarchie désuète. À l’#hôpital public ou privé, en #entreprise en #sante #scolaire en #Ehpad comme en exercice à domicile, ce sont elles qui portent à bout de bras un système qui peine à les rémunérer correctement.

En France, les infirmières gagnent en moyenne 10 % de moins que leurs homologues européennes, bien en dessous du salaire des infirmières luxembourgeoises qui avoisine les 94 000 euros annuels. En Belgique le salaire est supérieur de 30%, en Suisse il est le double du salaire brut français. Pourtant, au quotidien, elles assurent des soins essentiels dans des conditions de plus en plus difficiles, devant composer avec des horaires épuisants, des effectifs réduits et une charge émotionnelle écrasante. L’écart est frappant : pour le même engagement, le même investissement, les salaires ne suivent pas, et le respect non plus.

Cette organisation de la société repose sur une invisibilisation systématique de ces métiers, maintenus dans l’ombre de l’économie productive, celle qui est historiquement valorisée. Cette « logique de genre » a un impact direct sur les professionnelles de santé : leur travail, essentiel mais invisible, est vu comme une ressource inépuisable. Leurs compétences en soin sont ignorées ou minimisées, réduites à des gestes de base qui « ne méritent pas » de reconnaissance. Conséquence ? Les infirmières épuisées démissionnent en masse, au point qu’elles sont 180 000 à avoir cessé d’exercer en France, broyées par le système.

Le manque de reconnaissance économique et sociale, profondément ancré dans des schémas sexistes, rend le quotidien insoutenable. « Il est temps de redonner un sens à notre exercice et d’affirmer l’identité infirmière », martèle Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI, qui appelle à une revalorisation des salaires et une meilleure reconnaissance des compétences et de notre expertise. Cette demande de dignité n’est pas un caprice mais une exigence, tant pour les soignants que pour les patients. "Derrière chaque infirmière que l’on pousse à partir, ce sont des patients qui se retrouvent sans soin, des familles sans réponses et des hôpitaux au bord de la rupture."

"Les normes inter­na­tio­na­les sont de 6 à 8 patients par infir­mière. En France nous sommes sou­vent le double. Ces condi­tions de tra­vail indi­gnes font fuir les soi­gnants. Alors qu’il y a déjà 60 000 postes infir­miers vacants et que 10% des soi­gnants sont en mala­die, épuisement, dépres­sion, bur­nout, il y a urgence à agir. Toutes les études internationales montrent que mettre en place des ratios de patients par infirmière entraine une réduction du nombre des réadmissions à l’hôpital et de la durée des hospitalisations, un risque diminué de complications nosocomiales, et réduit la mortalité." alerte Thierry Amouroux.

La revalorisation des salaires, l’augmentation des effectifs par l’instauration de #ratios de patients par infirmière et une meilleure reconnaissance des compétences ne sont pas des options mais des urgences pour restaurer une justice sociale. Si l’on veut que le soin ne se transforme pas en désert, il faut dépasser cette vision archaïque, où les femmes restent sous-payées et invisibles. Cette organisation sociale obsolète doit être remise en question pour permettre aux soignantes d’exercer avec la dignité et la reconnaissance qu’elles méritent.

Sous-payées et surmenées, les infirmières sont poussées au départ : une infirmière sur deux a quitté l’hôpital ou changé de profession après 10 ans de carrière ! Pourquoi le soin est-il devenu insoutenable ? Combien de départs faudra-t-il encore avant que l’on redonne aux soignantes la place qu’elles méritent ?

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