Insulter votre soignant peut nuire gravement à la santé

31 août 2015

L’équipe soignante est plus efficace lorsqu’elle travaille en confiance, sans subir de réflexions insultantes.

Des cher­cheurs israé­liens et amé­ri­cains, dont les tra­vaux ont été publiés dans la revue Pediatrics ont cher­ché à évaluer com­ment les com­por­te­ments gros­siers peu­vent nuire à la capa­cité du corps médi­cal à bien pren­dre en charge leurs patients.

Selon leurs résul­tats relayés dans la revue Sciences et Avenir, "des réflexions vexa­toi­res peu avant la prise en charge les ren­draient moins rapi­des dans le diag­nos­tic et moins effi­ca­ces dans l’admi­nis­tra­tion des trai­te­ments". Cette expé­rience montre ainsi que les soi­gnants fai­sant face à la gros­siè­reté et au mépris sont moins effi­ca­ces dans l’exer­cice de la méde­cine.

Les faits de vio­lence ver­bale - voire phy­si­que - font partie du quo­ti­dien des per­son­nels soi­gnants dans les hôpi­taux. Or ce type de com­por­te­ments nui­rait à la qua­lité des soins pro­di­gués selon une étude menée par des cher­cheurs israé­liens et amé­ri­cains. Ces der­niers qui publient dans la revue Pediatrics ont en effet cher­ché à évaluer com­ment les com­por­te­ments gros­siers peu­vent nuire à la capa­cité du corps médi­cal à bien pren­dre en charge leurs patients. Selon leurs résul­tats, des réflexions vexa­toi­res peu avant la prise en charge les ren­draient moins rapi­des dans le diag­nos­tic et moins effi­ca­ces dans l’admi­nis­tra­tion des trai­te­ments.

L’expé­rience menée a consisté à placer 24 équipes médi­ca­les - cha­cune com­po­sée d’un méde­cin et de deux infir­miè­res - dans un exer­cice de simu­lant la prise en charge d’un nou­veau-né atteint d’une enté­ro­co­lite nécro­sante (ENN). Une affec­tion poten­tiel­le­ment mor­telle qui se carac­té­rise par une inflam­ma­tion des tissus du côlon et/ou de l’intes­tin. Celle-ci a été choi­sie à des­sein, en raison de son évolution poten­tiel­le­ment rapide et parce que la pré­ci­sion et la rapi­dité du diag­nos­tic et des trai­te­ments envi­sa­gés sont déter­mi­nan­tes pour la survie de l’enfant.

Les remar­ques vexa­toi­res ne sont pas sans consé­quence

Juste avant d’être placés devant leur patient fictif, cer­tai­nes équipes ont été aléa­toi­re­ment sou­mi­ses aux réflexions peu amènes d’un col­lè­gue déni­grant la com­pé­tence des équipes ou, au contraire, à des com­men­tai­res neu­tres plus cons­truc­tifs. La "per­for­mance" médi­cale de cha­cune des équipes a ensuite été évaluée par trois experts médi­caux indé­pen­dants. Ces der­niers igno­rant eux-mêmes que les cher­cheurs se ser­vaient de ces simu­la­tions pour étudier les effets de ces bri­ma­des sur les méde­cins.

Et les résul­tats se sont révé­lés "stu­pé­fiants" et "effrayants" selon les cher­cheurs. En effet, les grou­pes ayant été soumis à l’impo­li­tesse de leur confrère ont été "de loin" moins effi­cace que les autres.
 C’est essen­tiel­le­ment le temps néces­saire à établir le diag­nos­tic mais également la rapi­dité de mise en place du trai­te­ment appro­prié qui sem­blent avoir for­te­ment pâti des réflexions désa­gréa­bles reçues juste avant la simu­la­tion.
 Le par­tage d’infor­ma­tions entre les mem­bres d’une même équipe était lui aussi très néga­ti­ve­ment influencé.

Sources :
 http://www.scien­ce­se­ta­ve­nir.fr/sante/20150824.OBS4604/que-se-passe-t-il-quand-on-insulte-un-mede­cin.html
 http://pedia­trics.aap­pu­bli­ca­tions.org/content/early/2015/08/05/peds.2015-1385

Pour aller plus loin : l’exem­ple du Plan de pré­ven­tion de la vio­lence à l’AP-HM, l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (30 mesu­res) : http://www.apm­news.com/Documents/plan­de­pre­ven­tion­de­la­vio­lence.pdf

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Appeler le 15 avant d’aller aux urgences : filtre ou perte de chance ?

Un infarctus ne laisse que quelques minutes de répit. Mais l’appel au 15 se heurte de plus en (…)

Chlordécone : quand l’État empoisonne et que les infirmières tentent de réparer

Combien de générations faudra-t-il encore pour réparer le désastre du chlordécone ? Aux (…)

Bébés qui meurent, enfants qui dorment dehors : le double abandon français

En France, en 2025, deux chiffres devraient nous empêcher de dormir. D’un côté, la mortalité (…)

Plan Bayrou : une brutalité sans précédent contre les patients et les soignants

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC) dénonce un plan d’économies de (…)

Médicaments cytotoxiques : sauver des vies en risquant la sienne

Ils sauvent des vies. Mais ils menacent aussi celles qui les administrent. Dans les services (…)

Protéger ceux qui soignent, c’est protéger la santé des français

À la suite d’une agression commise contre une infirmière libérale, une vingtaine d’organisations (…)