Jeûne religieux et alimentation en milieu hospitalier

hopital charte laicité

13 décembre 2015

1/ Jeûnes reli­gieux du patient

Plusieurs reli­gions pro­po­sent des pério­des de jeûne dans un but
géné­ral de puri­fi­ca­tion. Citons prin­ci­pa­le­ment :
- le jeûne du mois de Ramadan chez les musul­mans inter­dit la prise de
nour­ri­ture, de bois­sons ou de médi­ca­ments entre l’aube et le cou­cher
du soleil
- pen­dant le temps du Carême chez les catho­li­ques, il est recom­mandé
pen­dant les 40 jours avant Pâques une ali­men­ta­tion fru­gale (pas de
viande le ven­dredi), avec jeûne com­plet (sauf eau) le Mercredi des
Cendres et le Vendredi Saint
- le jeûne du Yom Kippour chez les juifs impose une abs­ten­tion stricte
de bois­sons et nour­ri­ture pen­dant 25 heures
- le temps du Carême chez les pro­tes­tants est centré sur la médi­ta­tion ;
un ou plu­sieurs jours de jeûne relè­vent du choix indi­vi­duel.

Dans toutes les reli­gions, le jeûne trouve sa limite dans l’état de santé (ou l’âge trop jeune ou trop avancé) du patient, la santé de l’indi­vidu pri­mant sur le res­pect de l’abs­ti­nence ali­men­taire. Ainsi chez les catho­li­ques, le jeûne est recom­mandé entre 16 et 65 ans, tous les mala­des étant dis­pen­sés.

Le méde­cin inter­rogé par un patient doit donc lui expli­quer le risque du
jeûne adapté à son état de santé spé­ci­fi­que ; en cas de mise en danger par lui-même d’un patient notam­ment en Etablissement de santé, le recours aux aumô­niers ou à un réfé­rent reli­gieux est recom­mandé.

2/ Pratiques ali­men­tai­res des patients hos­pi­ta­li­sés

CSP Article R. 1112-48
(Décret 2003-462 2003-05-21 art. 5 JORF 27 mai 2003 )

Les visi­teurs et les mala­des ne doi­vent intro­duire dans l’établissement ni bois­sons alcoo­li­sées ni médi­ca­ments, sauf accord du méde­cin en ce qui concerne les médi­ca­ments. Le cadre infir­mier du ser­vice s’oppose, dans l’inté­rêt du malade, à la remise à celui-ci de den­rées ou bois­sons même non alcoo­li­sées qui ne sont pas com­pa­ti­bles avec le régime ali­men­taire pres­crit. Les den­rées et bois­sons intro­dui­tes en fraude sont res­ti­tuées aux visi­teurs ou à défaut détrui­tes….

Circulaire DHOS/G no 2005-57 du 2 février 2005 rela­tive
à la laï­cité dans les établissements de santé

la charte du patient hos­pi­ta­lisé annexée à la cir­cu­laire DGS/DH no 22 du 6 mai 1995 rela­tive aux droits des patients hos­pi­ta­li­sés pré­cise :
« L’établissement de santé doit res­pec­ter les croyan­ces et les convic­tions des per­son­nes accueillies. Un patient doit pou­voir, dans la mesure du pos­si­ble, suivre les pré­cep­tes de sa reli­gion (recueille­ment, pré­sence d’un minis­tre du culte de sa reli­gion, nour­ri­ture, liberté d’action et d’expres­sion...) »

Ces 2 textes ne sont pas incom­pa­ti­bles ; la struc­ture d’hos­pi­ta­li­sa­tion
peut pro­po­ser des alter­na­ti­ves à ceux qui ne consom­ment pas de
porc
 ; il n’y a tou­te­fois pas d’obli­ga­tion régle­men­taire.
Pour les patients man­geant par exem­ple stric­te­ment casher ou
hallal, il peut être pro­posé soit des plats cui­si­nés spé­ci­fi­ques à
réchauf­fer four­nis par l’Etablissement, soit des repas pré­pa­rés à
l’exté­rieur par des pro­ches et res­pec­tant les recom­man­da­tions
médi­ca­les (dia­bète, régime sans sel…) ; un refus de suivi des
recom­man­da­tions médi­ca­les ali­men­tai­res est à gérer (notam­ment
avec les aumô­niers) et à tracer comme tout refus de soins.

3/ Jeûnes reli­gieux et pra­ti­ques ali­men­tai­res des soi­gnants

Aucune régle­men­ta­tion, aucun inter­dit, mais aussi aucun
amé­na­ge­ment de l’acti­vité pro­fes­sion­nelle ne sont prévus pour
les soi­gnants pen­dant les pério­des de jeûne.
Le jeûne doit être com­pa­ti­ble avec l’acti­vité de soins et ne modi­fie
en rien les obli­ga­tions des soi­gnants à l’égard des patients.

Les employeurs (méde­cins ou Etablissements de soins) ne
sont pas tenus de pro­po­ser à leurs per­son­nels une nour­ri­ture
spé­ci­fi­que tenant compte des convic­tions reli­gieu­ses ou des
habi­tu­des ali­men­tai­res.

Source : Le guide « Soins et laï­cité au quo­ti­dien » du CDOM 31 se com­pose de 31 fiches, consul­ta­bles après un rappel des prin­ci­pes de la laï­cité, de la charte qui s’impose sur ce thème dans les ser­vi­ces publics, à l’hôpi­tal et dans les établissements privés : http://www.ord­med31.org/IMG/pdf/print_28001_om_fiches_x34.pdf

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