Les portes des hôpitaux restent ouvertes. Mais derrière, c’est le chaos
17 septembre 2024
Depuis des mois, les services d’urgence croulent sous les fermetures partielles et les sous-effectifs. L’été dernier, c’est plus de 200 services d’urgence qui ont fermé au moins une ligne médicale, laissant les soignants dans l’impossibilité de répondre à l’afflux de patients. Les SMUR n’ont pas été épargnés non plus, avec 174 unités contraintes de suspendre leur activité, même temporairement. Ce ne sont pas de simples chiffres, ce sont des vies qui se jouent.
Ce chaos a un visage : celui des patients en attente interminable dans les couloirs, celui des soignants épuisés, réduits à braver des conditions de travail intenables. La conséquence ? Des soins dégradés, des urgences saturées, des morts évitables. Chaque fermeture de lit, chaque réduction de ligne médicale, c’est un pas de plus vers une catastrophe sanitaire. Plus de 1500 lits ont été fermés cet été dans les deux tiers des établissements qui ont répondu à l’enquête menée par SAMU-Urgences de France. L’effondrement n’est plus une menace à l’horizon, il est là, concret, palpable.
Alors que les ministres se félicitent du bon déroulement de l’été, la réalité vécue par les soignants est tout autre. Derrière les discours lissés, l’hôpital brûle. Et les témoignages fusent : « Nous avons perdu la main sur les soins essentiels, faute de personnel », confie une infirmière en larmes. « On nous demande de prioriser, de trier les urgences vitales... mais où est l’humanité dans ce triage ? » ajoute un médecin urgentiste. Des voix qui s’élèvent dans l’indifférence générale, alors que les structures s’effondrent sous le poids de l’inaction.
Et pourtant, des solutions existent. En Californie ou en Australie, la mise en place de ratios de patients par infirmière a radicalement transformé les soins dans certains États. Après avoir adopté ces quotas, le stress a diminué et la qualité des soins a grimpé en flèche. Les patients sont mieux pris en charge, et les soignants ne se sentent plus écrasés par des responsabilités impossibles à assumer.
En France, ce rêve reste à l’état de projet. La proposition de loi visant à imposer des ratios de patients par infirmière a été adoptée à l’unanimité au Sénat en février 2023, mais est toujours bloquée à l’Assemblée nationale. Un immobilisme difficile à comprendre quand la solution paraît à portée de main. Le contraste est frappant : là où d’autres ont pris des mesures pour éviter l’hécatombe, ici, on laisse s’installer un modèle de gestion de crise perpétuelle.
Ce silence législatif pourrait sembler anecdotique si les conséquences n’étaient pas aussi tragiques. Chaque jour, les services d’urgences fonctionnent en mode dégradé, les équipes médicales travaillent dans des conditions inhumaines, et la sécurité des patients est mise en péril. Il ne s’agit plus seulement d’attendre une amélioration : il s’agit de survivre dans ce qui est devenu un champ de bataille. Les soignants, en première ligne, sont fatigués, désillusionnés, et surtout abandonnés.
« Il ne faut pas attendre une énième catastrophe pour agir. Les hôpitaux se vident de leurs personnels qualifiés, les démissions se multiplient, nous avons 60.000 postes infirmiers vacants dans les établissements de santé. Ce n’est pas une crise passagère, c’est un effondrement structurel. Et la France, jadis considérée comme un modèle de santé publique, semble aujourd’hui incapable de protéger ni ses patients ni ses soignants." alerte Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.
Mais combien de temps encore ce système pourra-t-il tenir avant que tout ne s’écroule définitivement ? Combien de vies devront encore être sacrifiées pour qu’un vrai plan d’urgence soit mis en place ?
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