Maladie d’Alzheimer : l’intérêt thérapeutique des médicaments jugé faible par la HAS

2 novembre 2011

La Commission de la Transparence, en charge de l’évaluation des médi­ca­ments au sein de la Haute Autorité de Santé, conclut à un inté­rêt thé­ra­peu­ti­que faible des médi­ca­ments de la mala­die d’Alzheimer. Elle recom­mande de limi­ter leurs pres­crip­tions à un an, renou­ve­la­ble sous condi­tions stric­tes. Consciente du pro­blème de santé publi­que majeur que repré­sente cette mala­die et la détresse de l’entou­rage des mala­des, la Haute Autorité de Santé rap­pelle que la prise en charge de cette mala­die ne doit pas se limi­ter à une pres­crip­tion médi­ca­men­teuse mais doit être glo­bale. Elle publiera fin novem­bre la réac­tua­li­sa­tion de ses recom­man­da­tions pro­fes­sion­nel­les.

La mala­die d’Alzheimer touche plus de 800 000 per­son­nes en France. Priorité pré­si­den­tielle, cette mala­die béné­fi­cie d’une mobi­li­sa­tion géné­rale des acteurs afin d’amé­lio­rer la prise en charge de ces mala­des et de per­met­tre à leur entou­rage de faire face. A la suite de nou­vel­les don­nées scien­ti­fi­ques, La Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé a décidé de réé­va­luer dès 2011 les quatre médi­ca­ments de la mala­die d’Alzheimer dis­po­ni­bles à l’heure actuelle. Ce tra­vail arrive à son terme, dans un climat de ten­sion dans lequel les patients et leur famille ont des dif­fi­cultés à trou­ver des infor­ma­tions confir­mées.

Une réé­va­lua­tion indemne de tout lien d’inté­rêt

Quatre médi­ca­ments ont été réé­va­lués : Ebixa (Lundbeck), Aricept (Eisai), Exelon (Novartis Pharma et Reminyl (Janssen Cilag). Aucun des mem­bres de la Commission de la Transparence qui a par­ti­cipé à la réé­va­lua­tion ni aucun des quatre experts recru­tés sur appel à can­di­da­ture pour four­nir un rap­port d’exper­tise scien­ti­fi­que n’ont de lien d’inté­rêts avec l’une de ces firmes. Les débats, enta­més le 20 juillet der­nier, se sont ache­vés le 19 octo­bre der­nier. L’ensem­ble des débats et des votes a été filmé. Dans un souci de trans­pa­rence, les enre­gis­tre­ments vidéo sont rendus publics aujourd’hui sur le site de la HAS.

Un ser­vice médi­cal rendu faible

Le rap­port entre l’effi­ca­cité de ces médi­ca­ments et leurs effets indé­si­ra­bles est jugé faible par la Commission de la Transparence :
 des effets au mieux modes­tes : une effi­ca­cité versus pla­cebo prin­ci­pa­le­ment établie sur la cog­ni­tion à court terme et dont la per­ti­nence cli­ni­que reste dis­cu­ta­ble,
 un risque de sur­ve­nue d’effets indé­si­ra­bles pou­vant néces­si­ter l’arrêt du trai­te­ment (trou­bles diges­tifs, car­dio­vas­cu­lai­res et neu­ro­psy­chia­tri­ques notam­ment),
 un risque accru d’inte­rac­tions médi­ca­men­teu­ses du fait de la poly­mé­di­ca­tion habi­tuelle chez les patients âgés.

La Commission de la Transparence consi­dère qu’il n’y a pas de dif­fé­rence de tolé­rance et d’effi­ca­cité entre les quatre médi­ca­ments et qu’ils n’appor­tent pas d’amé­lio­ra­tion du ser­vice médi­cal rendu.

Des condi­tions de pres­crip­tion plus stric­tes

Les trai­te­ments de la mala­die d’Alzheimer sont pres­crits au patient pour une durée d’un an. Au bout de six mois, la pour­suite du trai­te­ment doit faire l’objet d’une réé­va­lua­tion atten­tive du méde­cin pres­crip­teur. En effet, si le patient répond au trai­te­ment en attei­gnant les objec­tifs fixés (sta­bi­li­sa­tion ou ralen­tis­se­ment du déclin cog­ni­tif par exem­ple) et s’il n’a pas subi d’effet indé­si­ra­ble grave et/ou alté­rant sa qua­lité de vie, le trai­te­ment pourra être pour­suivi jusqu’à un an.

Au-delà d’un an, la Commission de la Transparence recom­mande que le renou­vel­le­ment du trai­te­ment soit décidé en réu­nion de concer­ta­tion plu­ri­dis­ci­pli­naire réu­nis­sant le patient (si son état le permet), son aidant, le méde­cin trai­tant, le géria­tre et le neu­ro­lo­gue ou le psy­chia­tre, afin d’assu­rer un suivi de qua­lité et per­son­na­lisé. Si ce groupe donne son accord et si l’effi­ca­cité a été main­te­nue, alors le trai­te­ment pourra être reconduit.

D’autres tra­vaux en cours à la HAS

Afin d’amé­lio­rer la lisi­bi­lité de ce tra­vail, la HAS va mettre en ligne une fiche de bon usage du médi­ca­ment spé­ciale pour les médi­ca­ments de la mala­die d’Alzheimer. Celle-ci reprend les prin­ci­paux points qui per­met­tront aux pro­fes­sion­nels d’assu­rer une prise en charge médi­ca­men­teuse opti­male de leurs patients.

Par ailleurs, l’actua­li­sa­tion des recom­man­da­tions de bonne pra­ti­que sur la prise en charge de la mala­die d’Alzheimer abou­tira à leur publi­ca­tion d’ici la fin de l’année 2011. Ces recom­man­da­tions, qui repren­dront les conclu­sions de la CT sur les trai­te­ments médi­ca­men­teux, abor­de­ront prin­ci­pa­le­ment le diag­nos­tic et la prise en charge des mala­des et de leur entou­rage.

Plus de détails : http://www.has-sante.fr/por­tail/jcms/c_1107930/videos-com­mis­sion-de-la-trans­pa­rence-2011

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Oxyde d’éthylène : l’ombre toxique de la stérilisation plane sur les soignants

La stérilisation sauve des vies. Mais quand elle empoisonne ceux qui soignent, qui protège les (…)

Formation infirmière : la France choisit l’impasse pendant que le monde avance

Mieux formés, les infirmiers sauvent plus de vies. C’est prouvé, documenté, validé. Mais la (…)

Partout où la guerre détruit, les soins reconstruisent

La paix ne commence pas dans les traités, mais dans les gestes quotidiens. C’est l’un des (…)

Redéfinir l’infirmière, c’est refonder la santé

À quoi reconnaît-on une infirmière ? Par la blouse ? Les soins prodigués au chevet ? Trop (…)

Ratios infirmiers : une exigence mondiale, un combat syndical, une loi en attente

Tout le monde le reconnaît désormais : la qualité des soins dépend de la présence suffisante (…)

Le SNPI au Congrès mondial du CII, sous le signe du pouvoir infirmier

Du 9 au 13 juin 2025, la communauté infirmière internationale se donne rendez-vous à Helsinki, (…)