Prédicateur djihadiste devenu étudiant infirmier

13 janvier 2015

Réinsertion et déontologie : l’avis du Conseil de l’Ordre des Infirmiers de Paris

Interpellés par les pro­fes­sion­nels sur la situa­tion d’un ancien pré­di­ca­teur dji­ha­diste devenu étudiant en soins infir­miers à la Pitié Salpêtrière, les élus du Conseil de l’Ordre des Infirmiers de Paris se sont réunis le 12 jan­vier 2015.

Il est normal que des per­son­nes qui ont effec­tué leurs peines, puis­sent se réin­sé­rer en sor­tant de prison, en trou­vant un métier. Toutes les reconver­sions sont elles pour autant pos­si­ble ? Laisserait-on un pédo­phile deve­nir éducateur de jeunes enfants ou pro­fes­seur des écoles ?

Le même bon sens exige qu’une per­sonne condam­née à 6 ans de prison pour « asso­cia­tion de mal­fai­teurs en rela­tion avec une entre­prise ter­ro­riste » ne puisse pas exer­cer une pro­fes­sion huma­niste, au contact de per­son­nes mala­des ou fra­gi­les. Les actes et idéo­lo­gies repro­chées sont incom­pa­ti­bles avec les valeurs por­tées par la pro­fes­sion infir­mière, qui doit soi­gner des hommes et des femmes de toutes confes­sions.

Le Conseil de Paris est choqué par la légè­reté et l’irres­pon­sa­bi­lité de ceux qui ont fermé les yeux depuis 2012, lais­sant cet étudiant effec­tuer ses stages dans les établissements hos­pi­ta­liers, en met­tant ainsi un ancien pré­di­ca­teur dji­ha­diste en contact avec des per­son­nes en état de fai­blesse phy­si­que et morale.

Le Conseil de Paris est scan­da­lisé des propos de l’AP-HP qui pré­cise qu’une fois diplômé, il n’aurait pas été embau­ché dans le public, mais qu’il pou­vait aller dans le privé. Le patient doit rester au cœur de nos préoc­cu­pa­tions, qu’il soit soigné dans le public, le privé ou le libé­ral.

Le Conseil de Paris demande que l’on réta­blisse la demande de casier judi­ciaire pour l’admis­sion au concours d’entrée en IFSI. Cette sim­pli­fi­ca­tion admi­nis­tra­tive est une bombe à retar­de­ment, et per­met­trait à ces étudiants de ne pas être confron­tés à des dif­fi­cultés de recru­te­ment une fois diplô­més. Les employeurs publics deman­dent effec­ti­ve­ment un extrait de casier judi­ciaire, mais des inté­ri­mai­res peu­vent venir dans les hôpi­taux.

La pro­fes­sion infir­mière est régle­men­tée : elle dis­pose d’une déon­to­lo­gie, et d’un Ordre qui sert de garde-fou, en s’assu­rant de la com­pé­tence et de la mora­lité de ses mem­bres. Les employeurs res­pon­sa­bles deman­dent une ins­crip­tion ordi­nale, mais beau­coup ne pren­nent pas la peine de s’en assu­rer, aux dépends des patients soi­gnés.

Lorsque que le casier judi­ciaire n’est pas vierge, la per­sonne est enten­due lors d’un Conseil, et ensuite chaque élu ordi­nal se pro­nonce en son âme et cons­cience en fonc­tion de l’ancien­neté et de la gra­vité des faits. Les 23 conseillers du CDOI de Paris sont des infir­miers élus par des infir­miers. La com­po­si­tion du Conseil de Paris est bien le reflet de la diver­sité d’exer­cice de la pro­fes­sion : hôpi­tal, cli­ni­que, libé­ral, EHPAD, éducation natio­nale, santé au tra­vail (RATP, SNCF, Aviation civile), centre de santé, IFSI, etc.

Tout le monde doit avoir sa chance, mais chaque patient a le droit d’être soigné en toute sécu­rité, quel­les que soient ses convic­tions et son ori­gine.

(Communiqué de presse du CDOI 75, le Conseil de l’Ordre des Infirmiers de Paris, le 12.01.15)
 http://www.conseil-de-lordre-infir­mier-de-paris.com/?p=1699
 http://www.medi­site.fr/a-la-une-le-dji­ha­diste-farid-benyet­tou-etu­diant-infir­mier-lordre-des-infir­miers-de-paris-choque-et-scan­da­lise.763826.2035.html
 http://etu­diant.lefi­garo.fr/les-news/actu/detail/arti­cle/l-ordre-des-infir­miers-demande-une-veri­fi­ca­tion-du-casier-judi­ciaire-des-etu­diants-10573/
 http://www.infir­miers.com/les-grands-dos­siers/ordre-infir­mier/pour-la-pre­sen­ta­tion-du-casier-judi­ciaire-entree-en-ifsi.html
 http://www.cadre­de­sante.com/spip/infos/breve/etu­diant-dji­ha­diste-le-conseil-depar­te­men­tal-de-l-ordre-s-exprime.html
 http://www.espa­cein­fir­mier.fr/actua­li­tes/au-jour-le-jour/arti­cles-d-actua­lite/150116-le-prive-veut-s-assu­rer-de-l-ethi­que-des-infir­mie­res.html

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