Rachat d’années d’études des fonctionnaires hospitaliers : décret du 26 décembre 2025
30 décembre 2025
Analyse et enjeux pour les hospitaliers affiliés à la CNRACL
À compter du 1ᵉʳ janvier 2026, l’environnement réglementaire du rachat d’années d’études en vue de la retraite des fonctionnaires, dont ceux de la fonction publique hospitalière affiliés à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL), est profondément actualisé. Un décret du 26 décembre 2025 est paru au Journal officiel : il codifie pour la première fois les règles relatives à ce dispositif et ajuste de façon détaillée le barème des cotisations, tout en prolongeant l’âge limite de rachat à tarif réduit jusqu’à 66 ans inclus.
Analyse : du cadre ancien au nouveau dispositif
Dans la pratique antérieure, le rachat des années d’études pour les agents publics reposait sur les règles générales du Code des pensions civiles et militaires de retraite (CPCMR) et divers textes réglementaires existants, repris notamment sur le site de la CNRACL :
– Il était possible de racheter de 1 à 12 trimestres d’études supérieures, à condition qu’ils constituent des trimestres complets (période de 90 jours consécutifs) ; la limite de rachat était imposée à moins de 60 ans.
– Le rachat permettait d’allonger la durée d’assurance et/ou d’augmenter le taux de liquidation de la pension, en réduisant l’impact d’une éventuelle décote
– Un tarif préférentiel était applicable sous certaines conditions d’âge, notamment pour des rachats effectués à un âge plus jeune.
https://www.cnracl.retraites.fr/actif/ma-carriere-mes-droits/completer-ma-carriere/rachat-des-etudes-superieures-0
Ces règles avaient vocation à encourager des rachats anticipés pour ceux qui avaient poursuivi des études supérieures, afin de permettre une meilleure prise en compte de ces périodes dans le calcul de la retraite, dans la limite d’une neutralité actuarielle du dispositif (le supplément de pension devait être couvert par les cotisations versées).
Le décret du 26 décembre 2025 apporte des changements structurants
Actualisation du barème de cotisations
Le texte fixe un barème précis en fonction de l’âge de l’agent au jour de la demande de rachat, exprimé en pourcentage du traitement indiciaire brut annuel ou de la solde brute annuelle : par exemple, pour un agent âgé de 20 ans, les taux vont de 2,78 % à 8,83 % selon l’option choisie, avec une augmentation progressive jusqu’à 10,31 % à 21,66 % pour 64 ans. Ce barème remplace les pratiques anciennes ou implicites de tarification.
Extension de l’âge limite de rachat à tarif réduit
Jusqu’ici, pour bénéficier de conditions favorables, il fallait engager la démarche assez jeune. Le nouveau décret étend ce bénéfice jusqu’à l’âge de 66 ans inclus pour les demandes faites à compter du 1ᵉʳ janvier 2026, élargissant ainsi l’accès au dispositif pour les agents proches de la retraite.
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000053175140
Focus sur les hospitaliers affiliés à la CNRACL
Pour les infirmiers, aides-soignants et autres personnels hospitaliers affiliés à la CNRACL, ces évolutions ont plusieurs implications concrètes :
Meilleure planification de la trajectoire de carrière : la codification du barème permet une évaluation plus fine du coût d’un rachat en fonction de l’âge et de l’objectif (simple supplément de liquidation vs prise en compte dans la durée d’assurance).
Accès élargi au rachat : l’âge limite porté à 66 ans ouvre une fenêtre pour des agents qui, par choix ou par contraintes professionnelles, n’avaient pas pu engager cette démarche plus tôt.
Effet possible sur la décision de départ : pour un hospitalier proche de l’âge de la retraite, la possibilité de racheter des trimestres même tardivement peut influer sur la décision de partir ou de prolonger d’une année.
Il reste essentiel de rappeler que le rachat de trimestres n’a pas d’impact sur le calcul du salaire annuel moyen, mais augmente la durée d’assurance et peut réduire la décote, ce qui est déterminant pour optimiser sa pension.
Perspectives et points d’attention
L’actualisation du cadre réglementaire répond à une demande de clarté et d’équité entre générations d’agents. Pour les hospitaliers, souvent engagés dans des carrières longues et variées, ces dispositions renforcent l’outil de gestion de carrière retraite. Cependant, la question du coût réel pour les agents demeure centrale : même avec un barème défini, le rachat reste une opération financière lourde, qui nécessite une anticipation budgétaire et des conseils personnalisés.
Sur le plan de la politique publique, cette réforme s’inscrit dans un mouvement plus large de sécurisation des droits à pension dans la fonction publique, tout en tenant compte du vieillissement des effectifs et de la nécessité d’assurer des trajectoires de carrière cohérentes et lisibles. L’extension de l’âge limite va dans ce sens, mais pose la question d’un accompagnement accru des agents dans leurs choix de rachat.
À l’heure où la gestion des carrières hospitalières est au cœur des débats (entre fidélisation des équipes, attractivité des métiers et optimisation des transitions de carrière) ce décret marque une étape importante. Il sera pertinent, à court terme, de suivre comment ces nouvelles règles sont mises en œuvre par la CNRACL et les collectivités employeuses, et quel impact elles auront sur les décisions de départ en retraite des agents hospitaliers.
"Nous réclamons une reconnaissance de la pénibilité de la profession, dans le public comme dans le privé. Car l’espérance de vie d’une infirmière, c’est 78 ans, contre 85 ans pour toutes les Françaises. De même, 30 % des aides-soignantes et 20 % des infirmières partent en retraite avec un taux d’invalidité" précise Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers SNPI CFE-CGC.