Reconnaissance universitaire : le SNPI au Ministère (juin 2008)

25 juin 2008

Le 24 juin 2008, Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI, a été reçu au Cabinet de la Ministre de la Santé par Céline Mounier et Yann Bubien pour faire le point sur la reconnais­sance uni­ver­si­taire et l’avenir du décret d’actes infir­miers.

Sur le décret, notre posi­tion est ferme :
 le texte actuel, sous la forme d’un décret en Conseil d’Etat inté­gré au CSP, le Code de la Santé Publique, doit per­du­rer, car c’est la meilleure garan­tie contre l’exer­cice illé­gal par des "nou­veaux métiers" peu qua­li­fiés et peu payés (auxi­liai­res de vie, tech­ni­ciens de bloc opé­ra­toi­res, assis­tants de géron­to­lo­gie,...)
 par contre, à coté (et non à la place), nous sommes favo­ra­bles à un arti­cle de loi défi­nis­sant une logi­que de mis­sions dans le cadre de coo­pé­ra­tion entre pro­fes­sions de santé régle­men­tées, avec décli­nai­son de ces pra­ti­ques avan­cées dans un autre texte règle­men­taire

Depuis 1981, notre décret d’acte a régu­liè­re­ment évolué avec les tech­ni­ques et les trans­ferts de com­pé­ten­ces. En 2004, il a inté­gré le CSP, il est donc hors de ques­tion de le voir se trans­for­mer en simple arrêté : qu’on ne touche pas à notre décret !

Au delà de ce socle de base qui pré­serve la qua­lité des soins, les pra­ti­ques avan­cées doi­vent faire l’objet d’un autre texte.

Pour ce qui de la reconnais­sance uni­ver­si­taire de notre pro­fes­sion, dans le cadre du LMD :
 nous déses­pé­rons de voir un jour parai­tre le rap­port com­mandé aux Inspections Générales : sa sortie est repous­sée de mois en mois depuis décem­bre 2007 !
 nous deman­dons la reconnais­sance de notre DE par l’ensei­gne­ment supé­rieur,
 nous refu­sons fer­me­ment une licence pro­fes­sion­nelle.

Selon les Conseillers de la Ministre :
 aucun scé­na­rio n’est encore défi­ni­tif,
 le rap­port devrait sortir en juillet, et une pre­mière réu­nion de concer­ta­tion avec les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les repré­sen­ta­ti­ves aura lieu dans la foulée,
 en sep­tem­bre, les négo­cia­tions démar­re­ront, avec des grou­pes de tra­vail sur les dif­fé­rents impacts d’une telle réforme de la for­ma­tion.

Le SNPI CFE-CGC a réaf­firmé sa volonté d’uni­ver­si­ta­ri­sa­tion des études autour d’un cursus unique et double diplô­mant, sanc­tionné à la fois :
 par un grade uni­ver­si­taire de licence déli­vré par le Ministère de l’Enseignement Supérieur,
 et le main­tien d’un diplôme d’Etat d’infir­mier déli­vré par le Ministère de la Santé pour l’exer­cice de l’acti­vité.

Le SNPI CFE-CGC refuse caté­go­ri­que­ment le modèle de « Sciences et Techniques Médico-socia­les » (STMS) des Universités d’Orléans et de Bretagne Sud, dans lequel l’étudiant dési­reux d’obte­nir une Licence, suit les ensei­gne­ments de l’IFSI nor­ma­le­ment, et décide en s’ins­cri­vant paral­lè­le­ment en Licence, de suivre à l’Université des ensei­gne­ments spé­ci­fi­ques pour vali­der la licence men­tion STMS. L’étudiant peut ensuite pour­sui­vre des études en Master dans le domaine des Sciences et Technologies.

Pour l’orga­ni­sa­tion de la for­ma­tion, le SNPI CFE-CGC sou­haite que l’on s’ins­pire des modè­les étrangers : la France étant un des der­niers pays d’Europe à cons­truire une filière uni­ver­si­taire en soins infir­miers dans le cadre du L.M.D (Licence-Master-Doctorat), autant pro­fi­ter de leurs expé­rien­ces, que de réflé­chir à un modèle franco-fran­çais. Le SNPI CFE-CGC ne se conten­tera pas du tra­vail sur le niveau licence : il faudra également mettre sur pied le niveau master pour les cadres et les infir­miè­res spé­cia­li­sées, ainsi qu’un doc­to­rat pour la recher­che en soins infir­miers.

Pour l’orga­ni­sa­tion struc­tu­relle, le SNPI CFE-CGC sou­haite que l’on s’ins­pire de la trans­for­ma­tion des « Ecoles Normales » en « Instituts Universitaires de Formation des Maîtres ». L’opé­ra­teur res­tera donc l’IFSI, devenu ins­ti­tut uni­ver­si­taire. Il convien­dra donc de revoir le nombre d’ins­ti­tuts selon divers cri­tè­res :
 l’implan­ta­tion des uni­ver­si­tés,
 les besoins d’amé­na­ge­ment du ter­ri­toire,
 les besoins de recru­te­ment des établissements de santé,
 la taille cri­ti­que d’un ins­ti­tut pour assu­rer un ensei­gne­ment de qua­lité,
 l’offre de stage des établissements de santé et des struc­tu­res extra-hos­pi­ta­liè­res.

Le SNPI CFE-CGC consi­dère que la for­ma­tion d’IDE, est com­po­sée :
 de savoirs fon­da­men­taux, qui relè­vent déjà de for­ma­tions uni­ver­si­tai­res type scien­ces humai­nes,
 de savoirs médi­caux, qui peu­vent faire l’objet d’un ensei­gne­ment commun avec d’autres for­ma­tions soi­gnan­tes type kiné
 de savoirs pro­fes­sion­nels spé­ci­fi­ques, qui cons­ti­tuent le cœur de métier rele­vant de l’exer­cice régle­menté, du fait de com­pé­ten­ces et de savoir-faire pro­pres à la for­ma­tion dis­pen­sée par des pairs dans l’ins­ti­tut ou sur les lieux de stage.

Les savoirs fon­da­men­taux et médi­caux peu­vent donc être ensei­gnés par des uni­ver­si­tai­res (pas for­cé­ment infir­miers), alors que l’ensei­gne­ment théo­ri­que des savoirs pro­fes­sion­nels relè­vent uni­que­ment de for­ma­teurs infir­miers (si pos­si­ble ayant un niveau master ou une for­ma­tion uni­ver­si­taire).

Le SNPI CFE-CGC estime qu’il faut réa­li­ser une enquête natio­nale sur le niveau uni­ver­si­taire des cadres for­ma­teurs en IFSI, et enga­ger des moyens pour que les cadres for­ma­teurs acquiè­rent une for­ma­tion uni­ver­si­taire adap­tée aux chan­ge­ments induits par l’ensei­gne­ment d’une licence en soins infir­miers.

Le SNPI CFE-CGC réclame la reconnais­sance de nos études par l’Enseignement Supérieur, confor­mé­ment à la démar­che uti­li­sée par Simone Veil en 1975 pour l’homo­lo­ga­tion de notre Diplôme. La métho­do­lo­gie de la DHOS sur la ré-ingé­nie­rie du diplôme est adap­tée à la vali­da­tion des acquis de l’expé­rience (VAE), mais n’est pas un préa­la­ble à la reconnais­sance uni­ver­si­taire. Ou alors que l’on nous pré­sente le « réfé­ren­tiel de com­pé­ten­ces » d’un master en socio­lo­gie !

Le SNPI CFE-CGC refu­sera une réforme du pro­gramme de for­ma­tion uni­que­ment centré sur la VAE. Le nou­veau pro­gramme prévu pour sep­tem­bre 2009 devra être struc­turé en unités d’ensei­gne­ment per­met­tant de vali­der des cré­dits euro­péens d’ensei­gne­ment (ECTS) dans le schéma LMD.

Le SNPI CFE-CGC demande que les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les soient véri­ta­ble­ment asso­ciées à ces tra­vaux, sur le modèle des grou­pes VAE, puis que le Gouvernement entame une négo­cia­tion débou­chant sur un pro­to­cole d’accord.

Le SNPI CFE-CGC refuse le lien avec tout allon­ge­ment de la durée d’acti­vité, sur le modèle des infir­miè­res spé­cia­li­sées, qui sont pas­sées en caté­go­rie A en 2001, sans report de la date de départ en retraite. Toutes les études mon­trent la péni­bi­lité de notre pro­fes­sion, et l’usure pro­fes­sion­nelle qui en découle : l’âge de la retraite ne doit inté­grer que ces cri­tè­res, le niveau d’étude n’a rien à voir avec cela.

Concernant les effets sur la rému­né­ra­tion, le SNPI CFE-CGC estime que les IDE doi­vent obte­nir la grille actuelle des infir­miè­res spé­cia­li­sées, qui elles devront abou­tir à une grille master 1 (IBODE, pué­ri­cultri­ces) et master 2 (IADE). Le salaire doit être fonc­tion du niveau d’études, de com­pé­ten­ces et de res­pon­sa­bi­li­tés.

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Protection sociale : les exonérations creusent le déficit, pas les soins

Le déficit de la Sécurité sociale existe, oui. Mais il est faible. Ce qui est grave, ce sont les (…)

Infirmières reléguées, soins déshumanisés : la vision inquiétante du MEDEF

Déficits, vieillissement de la population, explosion des maladies chroniques  : les constats du (…)

Infirmières retraitées en mission : l’État punit celles qu’il applaudissait hier

Les infirmières ont porté le système à bout de bras pendant la pandémie. Les infirmières (…)

Cadres infirmiers : les piliers invisibles d’un hôpital qui vacille

Ils tiennent les services à bout de bras. Absents des projecteurs médiatiques, oubliés des (…)

Canicule à l’hôpital : des vies en danger, faute d’adaptation

Chaque été, la chaleur revient. Et avec elle, les morts évitables. Malgré les alertes, la France (…)

Planning familial : quand l’État se défile, les femmes trinquent

Partout en France, les structures du Planning familial sont à l’os. Budgets gelés, subventions (…)