Revalorisation salariale des soignants 2021 Ségur de la Santé

Revalorisation salariale des soignants 2021 Ségur de la Santé

14 avril 2021

Attention au décalage entre annonces et réalité, avec un gouvernement spécialisé en fakenews depuis un an. En mars 2020, tous les soignants victimes du covid devaient être reconnus en maladie professionnelle, l’été 2020 ils ont limité cela aux soignants décédés ou placés sous assistance respiratoire, méprisant ainsi 99% des soignants contaminés faute de masques, gants, surblouses.

Le gou­ver­ne­ment a fait des annon­ces le 12 avril 2021 rela­tive à une deuxième étape de reva­lo­ri­sa­tion des soi­gnants dans le cadre du Ségur de la Santé. La France est en effet répu­tée pour avoir des soi­gnants sous-payés, en sous effec­tifs.

En 2020, les hos­pi­ta­liers (soi­gnants, admi­nis­tra­tifs, ouvriers) ont obtenu une reva­lo­ri­sa­tion de 183 euros par le biais d’un com­plé­ment de trai­te­ment indi­ciaire, en 2 étapes, pour rat­tra­per les pertes de pou­voir d’achat (gel de la valeur du point d’indice depuis 2010). Le salaire infir­mier est ainsi passé de moins 20% à moins 10% sous le salaire infir­mier euro­péen, fai­sant ainsi passer la France de la 26ème place à la 18ème sur 29 pays de l’OCDE. Avec ces futu­res mesu­res, la France devrait rejoin­dre la 12ème place.

Le gou­ver­ne­ment annonce cette fois une reva­lo­ri­sa­tion des grilles indi­ciai­res des soi­gnants :
- à partir du 1er octo­bre 2021 pour 500 000 per­son­nels de la fonc­tion publi­que hos­pi­ta­lière.
- à partir du 1er jan­vier 2022, pour 15 000 à 20 000 soi­gnants para­mé­di­caux rele­vant de la fonc­tion publi­que ter­ri­to­riale et de l’État, ainsi qu’à 250 000 sala­riés du sec­teur privé (lucra­tif ou non)

Attention, l’évolution des grilles n’est pas homo­gène selon les pro­fes­sions et la reprise d’ancien­neté est très varia­ble selon votre échelon actuel. En outre, les pou­voirs publics ont fait le choix de ne pas inclure les contrac­tuels "pour inci­ter les établissements à titu­la­ri­ser leurs per­son­nels". (sic !)

Globalement, le syn­di­cat infir­mier SNPI CFE-CGC estime que la future reva­lo­ri­sa­tion :
- pour les infir­miers DE (153.000 à l’hôpi­tal), rejoint la moyenne euro­péenne (voir image d’illus­tra­tion)
- pour les infir­miè­res spé­cia­li­sées, marque un mépris pour leurs études (IPDE 12 mois, IBODE 18 mois, IADE master 2 ans) et leurs com­pé­ten­ces, avec un faible écart par rap­port aux infir­miè­res en Licence.
- pour les 14.700 cadres de santé, tra­duit un tas­se­ment des grilles, qui com­mence par l’absence de reva­lo­ri­sa­tion en début car­rière (pas un cen­time de plus que les 183 euros de 2020)
- pour ce qui est des infir­miè­res de pra­ti­que avan­cée (master 2 ans), les IPA ne sont pas cités dans le docu­ment du minis­tère : oubli total, ou refus de reva­lo­ri­sa­tion ?

Le syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC alerte sur plu­sieurs points :
- 1) les chif­fres com­mu­ni­qués par le minis­tère sur les salai­res "avant Ségur" sont fan­tai­sis­tes (exem­ple l’infir­mière qui débute avec un salaire net de 1736 euros par mois). En fait, l’infir­mière débute à 1513 euros nets (plus 46 euros par WE, et 1 euro par heure de nuit) et se rajou­tent les 183 euros de CTI com­plé­ment de trai­te­ment indi­ciaire de 2020. Les véri­ta­bles grilles sont sur
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Grilles-salai­res-infir­miers-a-l-hopi­tal-en-2020.html

"Salaires actuels gon­flés : Blanquer avait fait le même coup aux ensei­gnants lorsqu’il avait parlé de les reva­lo­ri­ser en 2019 ! La fake­news est des­ti­née à trom­per le grand public, dans l’espoir de limi­ter le sou­tien de la popu­la­tion aux soi­gnants et ensei­gnants, en pre­mière ligne face au covid19. 122.000 soi­gnants et 114.000 ensei­gnants ont un #co­vid­long au Royaume Uni. En France, aucun chif­frage." dénonce Thierry Amouroux, le porte-parole du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC.

- 2) les exem­ples choi­sis par le minis­tère (1an, 5 ans, 20 ans) peu­vent être volon­tai­re­ment ciblés (prin­cipe de com­mu­ni­ca­tion) et mas­quer des creux de reva­lo­ri­sa­tion, comme ce ne sera pas linéaire (à un échelon vous pouvez moins gagner de reva­lo­ri­sa­tion qu’à l’échelon pré­cé­dent)
Voir exem­ples du minis­tère en télé­char­ge­ment en bas de page. Pour obte­nir le docu­ment com­plet du minis­tère sur la reva­lo­ri­sa­tion des soi­gnants (14 pages) voir en fin d’arti­cle.

- 3) le démar­rage de cette nou­velle reva­lo­ri­sa­tion est trop décalé dans le temps  : la pre­mière vague COVID19 a frappé en mars 2020, le Ségur de la Santé date de juin 2020, mais il reste encore de nom­breux mois à atten­dre pour cette reva­lo­ri­sa­tion

- 4) la date d’octo­bre est un démar­rage, mais on ne connait pas la date de fin, ni les étapes de reva­lo­ri­sa­tion des grilles.
Pour mémoire, la pré­cé­dente reva­lo­ri­sa­tion des grilles infir­miè­res avait été effec­tuée en trois étapes 2010, 2012 et 2015. De même, la reva­lo­ri­sa­tion des grilles indi­ciai­res des fonc­tion­nai­res dite PPCR « Parcours pro­fes­sion­nels, car­riè­res et rému­né­ra­tions » avait été étalée sur 6 années, avec quel­ques points d’indi­ces chaque année.

Depuis 2020, étape par étape, il a fallu se battre pour faire rajou­ter les nom­breux "oubliés du Ségur". Ainsi la reva­lo­ri­sa­tion de 183 net men­suel sera éten­due seu­le­ment à partir du mois de juin 2021, aux per­son­nels des autres éta­blis­se­ments mé­dico-sociaux rat­ta­chés à la fonc­tion publi­que hos­pi­ta­lière. Pire, les condi­tions d’une éventuelle exten­sion de ce com­plé­ment de trai­te­ment indi­ciaire aux struc­tu­res auto­no­mes sont encore en cours d’examen.
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Hopital-EHPAD-le-com­ple­ment-de-trai­te­ment-indi­ciaire-CTI-expli­que.html

Par ailleurs, les infir­miè­res actuel­le­ment en for­ma­tion pro­fes­sion­nelle (spé­cia­li­tés ou cadre) ne peu­vent tou­jours pas pré­ten­dre aux 183 € alors qu’elles ont fait la 1ère vague, la 2ème vague après la sus­pen­sion de leur for­ma­tion. Malgré tous leurs efforts et sacri­fi­ces, elles ne tou­chent pas cette reva­lo­ri­sa­tion.

Douche froide pour les infir­miers spé­cia­li­sés et cadres de santé

Le syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC est scan­da­lisé par le mépris affi­ché envers les infir­miè­res spé­cia­li­sées. 16.700 infir­miers de la fonc­tion publi­que hos­pi­ta­lière seront concer­nés par ces reva­lo­ri­sa­tions, dont 5 900 infir­miers anes­thé­siste diplô­més d’État (IADE), 3 800 infir­miers de bloc opé­ra­toire diplô­més d’État (IBODE) et 7 000 pué­ri­culteurs. Si l’on s’en tient aux docu­ments du minis­tère, en début de car­rière :
- d’une part ils n’auront droit qu’à une aumône de 16 euros (contre 107 pour une IDE)
- d’autre part son salaire net affi­ché serait de 2039 euros (soit 13 euros de plus qu’une IDE) Dans ces condi­tions, qui va encore faire 1 à 2 ans d’études pour si peu de dif­fé­rence ?

Le syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC dénonce les mesu­res pro­po­sées pour les cadres infir­miers, qui abou­tis­sent à un tas­se­ment des grilles indi­ciai­res :
- zéro euros en début de car­rière
- seu­le­ment 78 euros de plus après 5 années d’exer­cice
- juste 211 euros de plus en fin de car­rière

Infirmières res­tées en B en 2010

Le syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC note avec satis­fac­tion que sa reven­di­ca­tion d’ouver­ture d’un « nou­veau droit d’option » concer­nant les per­son­nels étant res­tées dans des corps et grades en voie d’extinc­tion (comme les infir­miè­res res­tées en caté­go­rie B), a été en partie enten­due par la créa­tion d’un concours réservé (dont per­sonne n’a les moda­li­tés pré­ci­ses pour l’ins­tant, mais qui ne serait pas un "examen", plutôt un "concours sur titre" (four­nir un CV et ses jus­ti­fi­ca­tifs, comme ici https://www.legi­france.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000027730628/).

C’est la pre­mière fois que le gou­ver­ne­ment accepte un "droit au remord" pour ceux qui sou­hai­te­raient aujourd’hui passer en A. De nom­breux soi­gnants ont en effet été vic­ti­mes du "chan­tage salaire ou retraite" lors du pro­to­cole Bachelot de 2010. La péni­bi­lité de la pro­fes­sion doit être prise en compte pour la retraite (boni­fi­ca­tion et caté­go­rie active).

Les aides-soi­gnan­tes vont passer en caté­go­rie B
- Une aide-soi­gnante qui va com­men­cer sa car­rière hos­pi­ta­lière aura une hausse de 228 euros nets (+ 183 euros nets de CTI, + 45 euros nets liés au pas­sage en caté­go­rie B)
- Après 5 ans, sa rému­né­ra­tion aug­men­tera de + 261 euros nets (+ 183 euros nets de CTI, + 78 euros nets liés au pas­sage en caté­go­rie B).
- Au bout de 20 ans de ser­vice, + 335 euros nets (+ 183 euros nets de CTI, + 152 euros nets liés au pas­sage en caté­go­rie B).
- En fin de car­rière, le salaire d’aide-soi­gnant aura + 651 euros nets (+ 183 euros nets de CTI, + 468 euros nets liés au pas­sage en caté­go­rie B).

Cette reva­lo­ri­sa­tion ne va pas suf­fire à répon­dre au pro­blème de l’attrac­ti­vité à l’hôpi­tal, car le gou­ver­ne­ment refuse :
- de remet­tre en cause sa poli­ti­que de fer­me­tu­res de lits
- d’amé­lio­rer les condi­tions de tra­vail réel­les des sala­riés (mal­trai­tance ins­ti­tu­tion­nelle, rap­pels sur repos, horai­res alter­nés, arti­cu­la­tion vie privée/vie pro­fes­sion­nelle)
- de tra­vailler sur les ratios soi­gnants/soi­gnés : lors de la pre­mière vague, une infir­mière s’occu­pait de 6 patients Covid en soins inten­sifs, un an après elle est sou­vent à 8 patients, soit 30% de charge de tra­vail sup­plé­men­taire

Attention au déca­lage entre annon­ces et réa­lité, avec un gou­ver­ne­ment spé­cia­lisé en fake­news depuis un an. En mars 2020, tous les soi­gnants vic­ti­mes du covid devaient être reconnus en mala­die pro­fes­sion­nelle, l’été 2020 ils ont limité cela aux soi­gnants décé­dés ou placés sous assis­tance res­pi­ra­toire, mépri­sant ainsi 99% des soi­gnants conta­mi­nés faute de mas­ques, gants, sur­blou­ses. dénonce Thierry Amouroux, le porte-parole du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC.

Au contraire, demain sera pire, avec les fer­me­tu­res de lits et les sup­pres­sions de postes qui vont décou­ler du 1,4 mil­liard d’économies pré­vues sur l’hôpi­tal en 2021 par la LFSS votée en décem­bre 2020 (voir annexe 7, cha­pi­tre sur "les mesu­res de régu­la­tion" pour 2021) :
- "amé­lio­rer la per­for­mance interne" moins 830 mil­lions
- "struc­tu­rer des par­cours de soins effi­cients" moins 215 mil­lions

Pour avoir par mail le docu­ment du minis­tère sur la reva­lo­ri­sa­tion des soi­gnants (14 pages), merci de nous le deman­der via http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Nous-contac­ter.html

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