SIDIIEF : promotion de la santé

16 mars 2014

Le Secrétariat inter­na­tio­nal des infir­miè­res et infir­miers de l’espace fran­co­phone SIDIIEF et le Réseau fran­co­phone inter­na­tio­nal pour la pro­mo­tion de la santé REFIPS sous­cri­vent à l’impor­tance de réduire les iné­ga­li­tés socia­les de santé afin de pro­mou­voir l’équité et la jus­tice sociale.

Ils adhè­rent aux recom­man­da­tions de la Commission des déter­mi­nants sociaux de la santé de l’OMS ayant trait à amé­lio­ra­tion des condi­tions de vie quo­ti­dienne. à la lutte contre les dis­pa­ri­tés selon le genre. qu’il s’agisse de la pro­mo­tion de la santé et du bien-être, de la pré­ven­tion de la mala­die ou de l’aug­men­ta­tion des chan­ces de s’épanouir en bonne santé.

Ils sou­tien­nent également les grands prin­ci­pes et stra­té­gies de la Charte d’Ottawa (OMS) fai­sant de la pro­mo­tion de la santé une prio­rité mon­diale. L’opti­mi­sa­tion des stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé a été dési­gnée comme une condi­tion sine qua non à une meilleure santé des popu­la­tions. Ses inter­ven­tions ont pour but de réduire les écarts actuels carac­té­ri­sant l’état de santé des popu­la­tions. et d’offrir à tous les indi­vi­dus les mêmes res­sour­ces et pos­si­bi­li­tés pour réa­li­ser plei­ne­ment leur poten­tiel de santé.

La mise en œuvre des stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé exige l’action concer­tée de tous lu déci­deurs.

Ainsi, qu’il s’agisse de poli­ti­ques socia­les, économiques, éducatives, de poli­ti­ques de l’emploi et des loi­sirs, de l’envi­ron­ne­ment, de l’urba­nisme et de l’habi­tat, la santé doit être une préoc­cu­pa­tion au cœur de établissement de toutes les poli­ti­ques. En d’autres termes l’admi­nis­tra­tion sani­taire ne peut, à elle seule, agir sur l’ensem­ble des déter­mi­nants de la santé, mais doit assu­mer un lea­der­ship favo­ri­sant la mobi­li­sa­tion des par­te­nai­res inter­sec­to­riels et servir de média­teur entre les inté­rêts diver­gents en faveur de la santé.

Les sys­tè­mes de santé sont appe­lés à se trans­for­mer si les gou­ver­ne­ments veu­lent assu­rer à leur popu­la­tion une qua­lité de ser­vi­ces à des coûts abor­da­bles. Tous doi­vent tra­vailler à réduire l’inci­dence des mala­dies chro­ni­ques et mieux répon­dre aux besoins d’une popu­la­tion vieillis­sante.

Pour ce faire, il devient urgent d’y inté­grer une véri­ta­ble appro­che popu­la­tion­nelle et consi­dé­rer l’ensem­ble des déter­mi­nants de la santé. Plaider pour une poli­ti­que de santé inter­sec­to­rielle, sou­te­nir les per­son­nes et les grou­pes dans l’expres­sion de leurs besoins de santé et dans l’adop­tion de modes de vie sains, sont donc les nou­veaux man­dats dont doi­vent se doter les sys­tè­mes de santé.

Le rôle du sec­teur sani­taire doit abon­der de plus en plus dans le sens de la pro­mo­tion de la santé, et aller au-delà du mandat exi­geant la simple pres­ta­tion des soins cura­tifs. La pro­mo­tion de la santé demande un vrai bou­le­ver­se­ment de la logi­que actuelle des ser­vi­ces de santé, trop exclu­si­ve­ment orien­tés vers des soins cura­tifs néces­sai­res, mais non suf­fi­sants. Une vision glo­bale des besoins de santé des popu­la­tions qu’ils des­ser­vent, et une réponse com­bi­nant plu­sieurs stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé telle que défi­nie par la Charte d’Ottawa doi­vent être mises en œuvre.

On assiste aujourd’hui à une aug­men­ta­tion de per­son­nes qui vivent plus long­temps après avoir reçu un diag­nos­tic de mala­die chro­ni­que ou non trans­mis­si­ble. Avec un taux de 63 %, ces der­niè­res sont deve­nues les pre­miè­res cau­sent de décès à tra­vers le monde. Parmi ce nombre, 80 % sur­vien­nent dans des pays à revenu faible ou inter­mé­diaire, dans lequel vit la majeure partie de la popu­la­tion mon­diale. Force est de cons­ta­ter qu’une mar­gi­na­li­sa­tion socioé­co­no­mi­que asso­ciée ainsi aux fac­teurs de risque et aux consé­quen­ces des mala­dies chro­ni­ques et non trans­mis­si­bles contri­buent à creu­ser les iné­ga­li­tés de santé. Selon une étude suisse, les pays déve­lop­pés consa­crent 70 % de leur budget de santé au seul trai­te­ment des mala­dies chro­ni­ques.

Des économistes inter­na­tio­naux s’enten­dent pour dire que les mala­dies non trans­mis­si­bles sont parmi les mena­ces les plus graves au déve­lop­pe­ment économique mon­dial. On estime qu’au cours des 20 pro­chai­nes années, les soins et trai­te­ments pour le cancer, le dia­bète, la mala­die men­tale, les mala­dies car­dio­vas­cu­lai­res et les mala­dies res­pi­ra­toi­res pour­raient coûter 47 mil­liards à l’économie mon­diale. En outre, les mala­dies non trans­mis­si­bles peu­vent être un frein sub­stan­tiel à la capa­cité de pro­duc­tion d’un pays lors­que l’on sait qu’envi­ron 25 % des mor­ta­li­tés liées à ces mala­dies tou­chent les 60 ans et moins.

Néanmoins, plu­sieurs de ces mala­dies sont évitables et peu­vent faire l’objet de poli­ti­ques sani­tai­res inté­grées, incluant les soins pré­ven­tifs et les trai­te­ments axés sur la sur­veillance et le main­tien de la santé. L’OMS rap­pelle que les prin­ci­pa­les causes des mala­dies chro­ni­ques sont connues et que si ces fac­teurs de risque étaient éliminés, 80 % des car­dio­pa­thies, des acci­dents vas­cu­lai­res céré­braux, des cas de dia­bète de type 2, ainsi que 40 % des can­cers pour­raient être évités.

Dans ce contexte, inves­tir en pro­mo­tion de la santé contri­bue gran­de­ment à réduire les taux de mor­ta­lité, de mor­bi­dité et d’inca­pa­cité, ainsi qu’à frei­ner les coûts asso­ciés au sys­tème de santé en agis­sant en amont sur les déter­mi­nants de la santé et en rédui­sant les iné­ga­li­tés socia­les de santé. La coo­pé­ra­tion et le par­te­na­riat entre les dif­fé­rents sec­teurs, à tous les niveaux, incluant l’accès à des ser­vi­ces de qua­lité, sont des pré­mis­ses indis­pen­sa­bles au déve­lop­pe­ment des poli­ti­ques sani­tai­res démon­trant une res­pon­sa­bi­lité et une préoc­cu­pa­tion envers l’ensem­ble des déter­mi­nants de la santé et en faveur du bien-être de la popu­la­tion.

Près de 30 ans après la Charte d’Ottawa, face aux évidences scien­ti­fi­ques et à la conjonc­ture économique, le SIDIIEF et le RÉFlPS s’inter­ro­gent sur le manque d’inté­rêt des déci­deurs pour l’opti­mi­sa­tion des stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé. Ils sou­hai­te­raient que la pro­mo­tion de la santé reçoive un budget plus consé­quent. Le SIDIIEF et le RÉFlPS déplo­rent l’inco­hé­rence de cer­tains choix poli­ti­ques en matière de santé et exhor­tent les gou­ver­ne­ments à inves­tir davan­tage de res­sour­ces finan­ciè­res et humai­nes en pro­mo­tion de la santé.

À cet égard, le SIDIIEF et le RÉFlPS convient les infir­miè­res et infir­miers à cons­tam­ment inno­ver et faire preuve d’un lea­der­ship néces­saire pour contri­buer à une véri­ta­ble trans­for­ma­tion cen­trée sur les stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé. Plus d’un mil­lion d’infir­miè­res et d’infir­miers fran­co­pho­nes repré­sen­tent un savoir col­lec­tif indis­pen­sa­ble, un poten­tiel remar­qua­ble et une force de chan­ge­ment incontes­ta­ble au ser­vice de la santé des popu­la­tions. De par leur proxi­mité avec les com­mu­nau­tés, les infir­miè­res et les infir­miers sont des inter­ve­nants de pre­mier plan et doi­vent affi­ner leur rôle pivot entre tous les acteurs, favo­ri­sant ainsi le décloi­son­ne­ment et le tra­vail de col­la­bo­ra­tion des dif­fé­rents sec­teurs.

Pour par­ti­ci­per plei­ne­ment à la pla­ni­fi­ca­tion et à la mise en œuvre des actions de pro­mo­tion de la santé, les infir­miè­res et infir­miers doi­vent être en mesure de démon­trer et de convain­cre les autres par­te­nai­res des contri­bu­tions qu’ils peu­vent appor­ter. Pour ce faire, il peut être néces­saire d’amé­lio­rer et d’étendre leurs com­pé­ten­ces et habi­li­tés dans dif­fé­rents domai­nes dont les stra­té­gies d’influence, le plai­doyer poli­ti­que et le lea­der­ship. Ceci doit mener à un chan­ge­ment d’atti­tude et d’orga­ni­sa­tion au sein des ser­vi­ces de santé, recen­tré sur l’ensem­ble des besoins de l’indi­vidu perçu glo­ba­le­ment.

Ainsi, afin d’amé­lio­rer la santé des popu­la­tions, le SIDIIEF et le RÉFIPS
 Plaident en faveur d’une poli­ti­que de santé inter­sec­to­rielle qui se tra­duira par des actions concrè­tes à tous les échelons gou­ver­ne­men­taux ainsi qu’au niveau popu­la­tion­nel ;
 Croient fer­me­ment que les gou­ver­ne­ments doi­vent repen­ser l’orga­ni­sa­tion des soins et des ser­vi­ces en inté­grant la pro­mo­tion de la Santé au cœur des poli­ti­ques sani­tai­res et socia­les, ainsi que des pro­gram­mes cultu­rel­le­ment adap­tés qui tien­nent compte du contexte socio-économique propre à chaque pays :
 Incitent les gou­ver­ne­ments et déci­deurs à allouer davan­tage de res­sour­ces finan­ciè­res et humai­nes à la santé et aux com­mu­nau­tés ;
 Reconnaissent l’exper­tise infir­mière comme force mobi­li­sa­trice de chan­ge­ment et encou­ra­gent ces pro­fes­sion­nels à conti­nuer à assu­mer un lea­der­ship inno­vant en appuyant leur pra­ti­que sur des don­nées pro­ban­tes en pro­mo­tion de la santé ;
 Interpellent les asso­cia­tions infir­miè­res à inté­grer dans leurs plans d’action des inter­ven­tions d’amé­lio­ra­tion des déter­mi­nants sociaux de la santé en par­te­na­riat avec les déci­deurs locaux, régio­naux et natio­naux :
 En appel­lent au ren­for­ce­ment des notions rela­ti­ves aux déter­mi­nants sociaux de la santé dans les cursus de for­ma­tion infir­mière :
 Encouragent les gou­ver­ne­ments et déci­deurs à opti­mi­ser le rôle des infir­miè­res et infir­miers afin qu’ils puis­sent être plei­ne­ment en mesure de contri­buer à l’élaboration, au déploie­ment et à l’évaluation des stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé.

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