Suisse : Reconnaissance légale de la responsabilité infirmière

6 février 2015

La Commission de sécurité social et de la santé publique vient d’approuver l’initiative parlementaire « Reconnaissance légale de la responsabilité infirmière »

Le per­son­nel infir­mier devrait, dans le futur, pou­voir fac­tu­rer aux assu­ran­ces ses pres­ta­tions sans pres­crip­tion médi­cale. Ainsi en a décidé la Commission de la sécu­rité sociale et de la santé publi­que du Conseil natio­nal à une large majo­rité. L’Association suisse des infir­miè­res et infir­miers ASI s’en réjouit. «  Il s’agit d’un pas his­to­ri­que pour la pro­fes­sion infir­mière. Enfin est reconnu que les soins infir­miers ne sont pas une pro­fes­sion « d’assis­tance médi­cale » et que ses pro­fes­sion­nels sont capa­bles d’assu­mer la res­pon­sa­bi­lité pour leurs pro­pres pres­ta­tions, également vis-à-vis des cais­ses mala­die  » dit Pierre Théraulaz, le pré­si­dent de l’ASI

Dans leur pra­ti­que pro­fes­sion­nelle, les infir­miè­res et infir­miers four­nis­sent déjà nombre de pres­ta­tions sous leur propre res­pon­sa­bi­lité : sou­tien des patients dans leurs acti­vi­tés de la vie quo­ti­dienne, dans les soins cor­po­rels et l’ali­men­ta­tion, pré­ven­tion des com­pli­ca­tions comme les escar­res ou les throm­bo­ses, conseils aux patients et à leurs pro­ches visant à pro­mou­voir leur auto­no­mie, etc. Mais pour que ces pres­ta­tions soient rem­bour­sées par les cais­ses-mala­die, la signa­ture du méde­cin est indis­pen­sa­ble, ce qui cause des frais admi­nis­tra­tifs abso­lu­ment inu­ti­les.

Avec le projet de loi que la CSSS vient d’approu­ver aujourd’hui rela­tif à l’ini­tia­tive par­le­men­taire „Reconnaissance légale de la res­pon­sa­bi­lité infir­mière“ du conseiller natio­nal Rudolf Joder, des pro­ces­sus inu­ti­les et dou­blons pour­ront dis­pa­raî­tre. Grâce à une modi­fi­ca­tion de la LAMal dans ce sens, les pres­ta­tions typi­que­ment infir­miè­res pour­ront être fac­tu­rées direc­te­ment à la charge de l’assu­rance-mala­die.

C’est une étape impor­tante dans la lutte contre la pénu­rie de per­son­nel infir­mier qui vise à rendre la pro­fes­sion infir­mière plus attrayante. Rien ne chan­gera dans le modèle médico-délé­gué qui est éprouvé dans le domaine diag­nos­tic et thé­ra­peu­ti­que. Là, les méde­cins conti­nue­ront de pres­crire les mesu­res de trai­te­ment, comme l’admi­nis­tra­tion des médi­ca­ments, la pose de cathé­ters ou une thé­ra­pie res­pi­ra­toire.

Cette modi­fi­ca­tion de la loi va être mise en consul­ta­tion et sera ensuite débat­tue au Conseil natio­nal et au Conseil des Etats. Cette pro­po­si­tion doit encore être approu­vée par les deux Chambres pour être mise en œuvre.

Grâce à un chan­ge­ment de la LAMal, la pro­fes­sion infir­mière ne sera plus trai­tée comme une pro­fe­sion auxi­liaire. «  La CSSS reconnaît que la LAMal, comme les lois can­to­na­les sur la santé publi­que, doit enfin s’adap­ter à la réa­lité : les infir­miè­res sont com­pé­ten­tes et res­pon­sa­bles. Et ainsi nous pour­rons par­ti­ci­per de manière effi­ciente aux enjeux en terme de vieillis­se­ment de la popu­la­tion, de chro­ni­cité et même de la pénu­rie de per­son­nel.  », déclare Pierre Théraulaz, pré­si­dent de l’Association suisse des infir­miè­res et infir­miers (ASI). Les impli­ca­tions sont de taille : en Suisse, le nombre des per­son­nes âgées de plus de 65 ans va dou­bler d’ici 2030, avec pour consé­quence une aug­men­ta­tion des per­son­nes âgées néces­si­tant des soins.

Les objec­tifs prin­ci­paux
 En intro­dui­sant une dis­tinc­tion dans les pres­ta­tions infir­miè­res
entre un domaine de res­pon­sa­bi­lité propre et
un domaine médico-délé­gué, la LAMal est adap­tée à la
réa­lité de la pro­fes­sion infir­mière et aux lois can­to­na­les
sur la santé.
 Il faut que les pres­ta­tions que les infir­miè­res four­nis­sent
aujourd’hui déjà sous leur pleine res­pon­sa­bi­lité (légale et
pro­fes­sion­nelle) sans mandat médi­cal soient également
prises en charge par l’assu­rance-mala­die sans pres­crip­tion
médi­cale.
 La res­pon­sa­bi­lité des infir­miè­res doit cor­res­pon­dre à leurs
com­pé­ten­ces. Le pro­ces­sus infir­mier (par ex. l’évaluation
des soins requis, les conseils au patient et à son entou­rage)
ne fait pas partie des com­pé­ten­ces médi­ca­les. Actuellement,
le méde­cin pres­crit des pres­ta­tions infir­miè­res
pour les­quel­les il n’est ni com­pé­tent ni res­pon­sa­ble.
 La reconnais­sance du domaine de res­pon­sa­bi­lité propre
de l’infir­mière dans la LAMal permet une uti­li­sa­tion plus
effi­ciente des res­sour­ces. Les dou­blons, les démar­ches
ainsi que les pres­ta­tions médi­ca­les et admi­nis­tra­ti­ves
inu­ti­les seront sup­pri­més.

Pour vos ques­tions :
Pierre Théraulaz, pré­si­dent de l‘ASI, tél. 079 310 85 64
info chez sbk-asi.ch

Vous trou­ve­rez davan­tage d‘infor­ma­tions sur :
www.sbk.ch/fr/poli­ti­que/enjeux-actuels.html

En Suisse, l’obten­tion du diplôme en soins infir­miers auto­rise les infir­miè­res à exer­cer dans deux domai­nes :
 1) Le domaine de co-res­pon­sa­bi­lité au niveau diag­nos­tic et thé­ra­peu­ti­que. Il s’agit en prin­cipe des pres­ta­tions médi­ca­les délé­guées aux infir­miè­res par le méde­cin sur la base de cri­tè­res juri­di­ques clairs. Le méde­cin assure la direc­tion du cas, l’atten­tion est portée sur la mala­die, c’est-à-dire sur son iden­ti­fi­ca­tion (diag­nos­tic) et sur le trai­te­ment qui en résulte (thé­ra­pie).
 2) Le domaine de res­pon­sa­bi­lité infir­mière au sens strict du terme (domaine auto­nome des soins infir­miers). Le domaine de res­pon­sa­bi­lité propre de l’infir­mière est défini par le pro­ces­sus infir­mier. Les infir­miè­res font une évaluation des soins requis avec les patients en lien avec les réper­cus­sions de leur mala­die et des thé­ra­pies ainsi que pour pré­ve­nir des pro­blè­mes de santé. Elles fixent des objec­tifs et pla­ni­fient les mesu­res cor­res­pon­dan­tes. Les infir­miè­res assu­ment la direc­tion et la coor­di­na­tion du pro­ces­sus infir­mier. Elles sont les inter­lo­cu­tri­ces des patients, des pro­ches, des méde­cins et des autres pro­fes­sion­nels impli­qués dans ce pro­ces­sus. Elles assu­ment la res­pon­sa­bi­lité pro­fes­sion­nelle et légale pour l’ensem­ble du pro­ces­sus infir­mier.

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Oxyde d’éthylène : l’ombre toxique de la stérilisation plane sur les soignants

La stérilisation sauve des vies. Mais quand elle empoisonne ceux qui soignent, qui protège les (…)

Formation infirmière : la France choisit l’impasse pendant que le monde avance

Mieux formés, les infirmiers sauvent plus de vies. C’est prouvé, documenté, validé. Mais la (…)

Partout où la guerre détruit, les soins reconstruisent

La paix ne commence pas dans les traités, mais dans les gestes quotidiens. C’est l’un des (…)

Redéfinir l’infirmière, c’est refonder la santé

À quoi reconnaît-on une infirmière ? Par la blouse ? Les soins prodigués au chevet ? Trop (…)

Ratios infirmiers : une exigence mondiale, un combat syndical, une loi en attente

Tout le monde le reconnaît désormais : la qualité des soins dépend de la présence suffisante (…)

Le SNPI au Congrès mondial du CII, sous le signe du pouvoir infirmier

Du 9 au 13 juin 2025, la communauté infirmière internationale se donne rendez-vous à Helsinki, (…)