Vaccination HPV : appel pour une extension jusqu’à 26 ans

25 février 2024

Plus de 50 sociétés savantes, académies, collèges, syndicats et associations se mobilisent pour une vaccination HPV jusqu’à 26 ans pour toutes et tous.
Une nécessité pour accélérer l’élimination des cancers liés aux papillomavirus.

Tribune signée en février 2024 par 50 orga­ni­sa­tions, dont pour la pro­fes­sion l’Académie des scien­ces infir­miè­res ASI, le Collège infir­mier fran­çais CIF, le Syndicat natio­nal des infir­miè­res et infir­miers libé­raux Sniil, le Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI, ou encore l’Association de pro­mo­tion de la pro­fes­sion infir­mière APPI.

Dans un pré­cé­dent appel commun publié le 5 juin 2023, 47 socié­tés savan­tes repré­sen­tant plu­sieurs spé­cia­li­tés médi­ca­les et asso­cia­tions de patients avaient appelé à la mise en place d’un plan concret et ambi­tieux pour éliminer les can­cers et mala­dies dus aux papil­lo­ma­vi­rus (HPV).

Depuis plu­sieurs mois, les auto­ri­tés de santé ont pris la mesure de l’enjeu de santé publi­que en déployant de nou­veaux dis­po­si­tifs comme la vac­ci­na­tion HPV à l’école pour les jeunes en classe de 5e, des cam­pa­gnes d’infor­ma­tion d’ampleur autour de cette vac­ci­na­tion ou la par­ti­ci­pa­tion ren­for­cée de plu­sieurs acteurs à la poli­ti­que vac­ci­nale glo­bale (infir­miers, phar­ma­ciens et sages femmes).

Ces dis­po­si­tifs, déjà en place chez cer­tains voi­sins euro­péens, sont une excel­lente nou­velle d’un point de vue de santé publi­que et doi­vent être conso­li­dés pour attein­dre l’objec­tif de 80% de cou­ver­ture vac­ci­nale d’ici 2030.

Pour autant, le retard pris par la France depuis 15 ans doit nous amener urgem­ment à œuvrer pour une vac­ci­na­tion pour tous jusqu’à 26 ans pour plu­sieurs rai­sons :

L’URGENCE. Chaque année 250 000 jeunes filles et plus de 350 000 gar­çons pas­sent le cap des 20 ans et ne pour­ront plus béné­fi­cier de la vac­ci­na­tion HPV. Il existe un retard cumulé de 4 mil­lions de non vac­ci­nés chez les 20-26 ans, popu­la­tion qui a pâti d’une défiance vac­ci­nale impor­tante et qui n’a pas pu béné­fi­cier des dis­po­si­tifs récents mis en place en France per­met­tant un accès et une infor­ma­tion faci­li­tée à la vac­ci­na­tion HPV. Parmi cette popu­la­tion, la majo­rité n’ont pas pu non plus béné­fi­cier de la vac­ci­na­tion des gar­çons pro­po­sée à partir de 2021.

Chaque année passée est une PERTE DE CHANCE pour des cen­tai­nes de mil­liers de jeunes adul­tes de ne plus pou­voir se faire vac­ci­ner et donc de ne pas être pro­té­gés.

L’EQUITE. La vac­ci­na­tion de tous les jeunes adul­tes (femmes et hommes) jusqu’à 26 ans per­met­trait également d’assu­rer l’équité des genres et la désexua­li­sa­tion de la vac­ci­na­tion HPV, laquelle n’est recom­man­dée à ce jour dans cette tran­che d’âge uni­que­ment qu’aux « Hommes ayant des rela­tions Sexuelles avec les Hommes ». La vac­ci­na­tion jusqu’à 26 ans per­met­trait également aux jeunes issus de milieux socio-économiques défa­vo­ri­sés de se voir pro­po­ser une oppor­tu­nité d’être vac­ci­nés, cette fois sur la base d’une déci­sion indi­vi­duelle et non plus sur celle de leurs parents ; aujourd’hui, en France, la cou­ver­ture vac­ci­nale des jeunes filles vivant dans un milieu socioé­co­no­mi­que défa­vo­risé est évaluée à moins de 25%.

LES PREUVES. Une étude récente montre que 35% des hommes entre 25 et 29 ans sont infec­tés par l’HPV. Il s’agit de la tran­che d’âge dans laquelle la pré­va­lence des infec­tions HPV est la plus élevée.
Ainsi il nous parait essen­tiel de pré­ve­nir ce pic d’infec­tion en vac­ci­nant hommes et femmes jusqu’à 26 ans révo­lus. Par ailleurs l’effi­ca­cité de la vac­ci­na­tion dans cette tran­che d’âge est étudiée et prou­vée : en Suède, les femmes vac­ci­nées entre 20 et 30 ans avaient un risque réduit de 62% de déve­lop­per un cancer du col de l’utérus en com­pa­rai­son des femmes non vac­ci­nées.

Enfin, de très nom­breux pays pro­po­sent une vac­ci­na­tion en popu­la­tion géné­rale jusqu’à 26 ans, par­fois asso­ciée à la pos­si­bi­lité d’un rat­tra­page au-delà de cet âge, reconnais­sant l’impor­tance et l’urgence de frei­ner la cir­cu­la­tion du virus, qui reste par­ti­cu­liè­re­ment impor­tante chez les adul­tes.

L’année 2023 marque incontes­ta­ble­ment un tour­nant dans le pro­gramme de vac­ci­na­tion HPV dans notre pays, avec la mise en place d’un par­cours vac­ci­nal solide et pérenne. Dans ce contexte favo­ra­ble, nous appe­lons les auto­ri­tés de santé à ouvrir la vac­ci­na­tion HPV jusqu’à 26 ans révo­lus afin de pro­té­ger toutes nos jeunes géné­ra­tions contre des can­cers (col de l’utérus, vagin, vulve, anus, pénis, ORL) et mala­dies évitables. Cette vac­ci­na­tion uni­ver­selle HPV relève d’une néces­sité éthique, indi­vi­duelle et col­lec­tive.

L‘élimination des can­cers et mala­dies liées aux HPV est à portée de main en France.

Strasbourg le 05.02.2024

Voir également :
- Vaccination HPV : les socié­tés savan­tes signa­tai­res d’un appel pour une exten­sion jusqu’à 26 ans
https://www.lequo­ti­dien­du­me­de­cin.fr/actu-medi­cale/sante-publi­que/vac­ci­na­tion-hpv-les-socie­tes-savan­tes-signa­tai­res-dun-appel-pour-une-exten­sion-jusqua-26-ans#
- 47 orga­ni­sa­tions en santé appel­lent à l’exten­sion de la vac­ci­na­tion HPV jusqu’à 26 ans
https://www.infir­miers.com/pro­fes­sion-ide/com­pe­tence-et-role-propre/47-orga­ni­sa­tions-en-sante-appel­lent-lex­ten­sion-de-la-vac­ci­na­tion-hpv-jusqua-26-ans
- Plus de 50 socié­tés savan­tes, aca­dé­mies, col­lè­ges, syn­di­cats et asso­cia­tions se mobi­li­sent pour une vac­ci­na­tion HPV jusqu’à 26 ans pour toutes et tous (Communiqué)

Plus de 50 sociétés savantes, académies, collèges, syndicats et associations se mobilisent pour une vaccination HPV jusqu’à 26 ans pour toutes et tous (Communiqué)
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