"Big brother" : une maisons de retraite hyper-connectée

21 août 2017

Rêve de geek ou avenir sombre ? Surveillance et robotique : sécurité ou liberté ?

Les cap­teurs ins­tal­lés dans tout le nou­veau centre, com­bi­nés aux mon­tres intel­li­gen­tes que les rési­dents pour­ront choi­sir de porter, per­met­tront à la plate-forme "Livecare 360°" de connaî­tre à tout moment l’empla­ce­ment et le bien-être de ses rési­dents.

Les infor­ma­tions recueillies par les cap­teurs seront conver­ties en don­nées en temps réel et envoyées aux per­son­nes appro­priées, telles que le res­pon­sa­ble des soins dési­gné du rési­dent ou les infir­miè­res et soi­gnants en interne, de sorte qu’ils puis­sent répon­dre aux deman­des.

"Nous four­nis­sons aux par­ties inté­res­sées, aux pro­ches ou au staff du centre la pos­si­bi­lité de consul­ter un por­tail pour savoir ce que fait le rési­dent, s’ils en ont la per­mis­sion, bien sûr. Ils peu­vent ainsi savoir que leur mère est dans sa cham­bre et qu’ils peu­vent donc l’appe­ler, ou bien qu’elle est en train de dîner ou de rece­voir des soins, auquel cas ils l’appel­le­ront plus tard" pré­cise George Lymbers, DSI de Thomas Holt Aged Care.

Les infir­miè­res et autres soi­gnants pour­ront répon­dre aux rési­dents non seu­le­ment en per­sonne, mais également par la voix ou la vidéo. "S’ils ont un appa­reil por­ta­ble, celui-ci affi­chera à l’écran toutes les infor­ma­tions néces­sai­res sur le rési­dent lors de l’appel. La raison de cette appro­che tient au fait que les équipes chan­gent tout le temps, si bien qu’elles ne connais­sent pas tou­jours les besoins spé­ci­fi­ques de la per­sonne", ajoute George Lymbers. "Les infir­miè­res sau­ront tou­jours qui est le rési­dent, peu importe si elles sont nou­vel­les. Si vous prenez la tour­née d’un autre soi­gnant, vous saurez quand même ce que le rési­dent veut ou ce dont il a besoin."

Selon George Lymbers, étant donné toutes les infor­ma­tions bio­mé­tri­ques que les cap­teurs dans les cham­bres, les toi­let­tes et les dis­po­si­tifs por­ta­bles col­lec­tent, le sys­tème saura à l’avance qu’un événement est sus­cep­ti­ble de se pro­duire. Il enverra alors un mes­sage vers la plate-forme Livecare 360° qui le trans­met­tra au soi­gnant le plus proche en mesure de répon­dre aux besoins du rési­dent. Le sys­tème saura également lors­que l’infir­mière à proxi­mité s’est rendue dans la cham­bre du rési­dent, puis­que tous les soi­gnants des per­son­nes âgées dans le centre seront équipés d’appa­reils mobi­les.

En octo­bre 2017, le nou­veau centre de soins aux per­son­nes âgées de Thomas Holt devien­dra l’un des cen­tres les plus moder­nes d’Australie. Baptisé "Seymour Shaw Court", ce centre se situe dans le Comté de Sutherland, au sud de Sydney, et pré­sente une capa­cité de 120 lits.

Source : http://www.zdnet.fr/actua­li­tes/com­ment-les-mai­sons-de-retrai­tes-s-appre­tent-a-heber­ger-des-baby-boo­mers-hyper-connec­tes-39856212.htm

Peut-être que des per­son­nes âgées pas­sion­nées d’infor­ma­ti­que ou de science fic­tion y trou­ve­ront leur compte. Au niveau du SNPI, nous consi­dé­rons que cette ini­tia­tive donne corps au roman 1984 de George Orwell : Big Brother is wat­ching you (Big Brother vous regarde), l’ins­ti­tu­tion a tou­jours un œil sur vous, dans l’inté­rêt géné­ral !

"Après, on peut tou­jours parler d’huma­ni­sa­tion des hôpi­taux, et de res­pect des droits des mala­des ! Si cer­tains peu­vent être admi­ra­tifs devant les pro­grès de la robo­ti­que, nous pré­fé­rons reven­di­quer un posi­tion­ne­ment d’huma­nis­tes archaï­ques !" pré­cise Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC.

Entre la volonté de tout ratio­na­li­ser, pour réa­li­ser tou­jours plus d’économie, et les déli­res tech­no­lo­gi­ques de cer­tains, on cher­che a trans­for­mer l’hôpi­tal en une « usine à soins ». Mais on ne peut rem­pla­cer les humains par des robots comme dans les usines auto­mo­bi­les, car nous ne cons­trui­sons pas des objets, nous soi­gnons d’autres êtres humains.

Les soins infir­miers décou­lent en effet des deux faces du concept « soi­gner » : trai­ter la mala­die, et pren­dre soin de la per­sonne. L’infir­mière repré­sente avant tout une pré­sence, qui défend la valeur et la dignité humaine du malade au sein de l’uni­vers hos­pi­talo-cen­triste, en rap­pe­lant qu’il est en lui-même une fin, c’est-à-dire une per­sonne que l’on doit res­pec­ter et pren­dre en compte, et non une simple chose (organe, patho­lo­gie) dont on peut dis­po­ser. De part sa vision glo­bale et ses capa­ci­tés rela­tion­nel­les, elle permet au malade de conser­ver son huma­nité.

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC estime que face à la dérive tech­ni­cienne, et à la ten­ta­tion de tout stan­dar­di­ser par des pro­to­co­les et des normes, l’infir­mière est là pour garan­tir la per­son­na­li­sa­tion des soins, sa com­pé­tence et sa faculté de juge­ment débou­chant sur une meilleure qua­lité des soins. Pour ne pas perdre le sens de ses actes, l’infir­mière déve­loppe une réflexion de plus en plus vigi­lante sur la tech­ni­que, qui doit rester un ins­tru­ment de l’action.

Chaque année l’ONG Privacy International décerne, dans une quin­zaine de pays, des Big Brother Awards aux ins­ti­tu­tions, socié­tés ou per­son­nes s’étant dis­tin­guées par leur mépris du droit fon­da­men­tal à la vie privée ou par leur pro­mo­tion de la sur­veillance et du contrôle des indi­vi­dus. http://big­bro­the­ra­wards.eu.org/

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