Classe moyenne : écrasement des grilles salariales
21 février 2013
Lettre ouverte de la Fédération des Fonctions Publiques CFE‐CGC au Premier Ministre
Monsieur le Premier ministre,
La Fédération des Fonctions Publiques CFE‐CGC attire votre attention sur la gravité de la
situation dans laquelle se trouvent l’ensemble des fonctionnaires et agents des trois
fonctions publiques.
En effet, comme suite à la réunion organisée par la Ministre de la Réforme de l’Etat, de la
Décentralisation et de la Fonction publique, le 7 février dernier, relative aux rémunérations
et carrières des fonctionnaires et des agents publics, la Fédération des Fonctions Publiques
CFE‐CGC tire le signal d’alarme.
Les deux seules propositions faites par Madame la Ministre se cantonnent aux agents de
catégorie C, repoussant aux calendes grecques l’établissement d’un réel plan de
revalorisation des rémunérations et carrières pour l’ensemble des agents publics et des
fonctionnaires :
la seule annonce positive concrète pour 2013 est le décontingentement du 8ème
échelon de l’échelle 6, mais qui concrètement ne concerne qu’une petite partie des
agents de la catégorie C ;
l’annonce d’un calendrier de “négociations” avec les organisations syndicales qui
devrait commencer à partir de mi‐mars pour se dérouler jusqu’à l’été, mais ne
concernant là encore que la catégorie C.
La Fédération des Fonctions Publiques CFE‐CGC dénonce donc un traitement inéquitable et
injuste pour l’ensemble des acteurs du service public.
Le ciblage unique des basses rémunérations va conduire à un nouvel écrasement de la grille
salariale et à celui des agents. En effet, si on augmente les salaires des plus faibles mais
qu’on ne fait rien pour les catégories B et A, nous serons bientôt dans un système absurde
qui ne reconnaît plus aucun niveau de compétences et de responsabilités.
A titre d’information, la paupérisation des jeunes cadres A sur les quinze dernières années
est catastrophique : en 1995, un attaché à l’indice 349 débutait avec un traitement indiciaire
brut équivalent au SMIC+48% ; en 2013, un attaché dans la même situation perçoit un
traitement brut indiciaire égal au SMIC + 13%.
Voilà une bien piètre prise en compte des années d’études supérieures. C’est dire le malaise
qui existe aujourd’hui ! Ce malaise se retrouve également dans certains salaires des
Fonctions publiques qui ne sont parfois pas bien éloignés du seuil de pauvreté, c’est‐à‐dire
964€ par mois pour une personne.
La seule décision juste et équitable serait de revaloriser le point d’indice qui est le seul outil
permettant de maintenir la sauvegarde du pouvoir d’achat des fonctionnaires en activité ou
qui partent à la retraite. La non revalorisation du point d’indice a pour effet direct, lors du
calcul de la pension, de faire baisser le montant des retraites à venir, lui‐même calculé sur un
point d’indice notablement en retard par rapport au renchérissement du coût de la vie.
Monsieur le Premier ministre, vous constaterez comme nous que depuis le 1er juillet 2010
aucune revalorisation du point d’indice n’a été effectuée. Au total, depuis l’année 2000, la
valeur du point d’indice aura été revalorisée de 9% et l’inflation aura atteint 26% !
L’abrogation du jour de carence constitue la seconde exigence de la Fédération des
Fonctions Publiques CFE‐CGC avec les propositions de Madame la Ministre. Celle‐ci nous a
présenté le maintien du jour de carence comme une mesure équitable vis‐à‐vis des salariés
du privé. Cette mesure dont on n’est même pas certain qu’elle fasse quelques économies de
bouts de chandelle ne peut ainsi trouver la justification de son maintien.
Aujourd’hui il n’est
pas utile de jouer sur le clivage public/privé qui est tant nuisible au débat et est toujours
utilisé dans le même sens. D’autant que les employeurs privés prennent très souvent à leur
charge la journée de carence, ce qui n’est pas le cas dans la fonction publique.
Dans l’attente des suites que vous voudrez bien donner à nos revendications, nous vous
prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de nos sentiments respectueux.
Fédération des Fonctions Publiques CFE‐CGC