Conseil national professionnel infirmier : contribution du CNPI pour le "Ségur de la santé"

26 juin 2020

Lors de son der­nier Conseil d’admi­nis­tra­tion, le Conseil natio­nal pro­fes­sion­nel infir­mier a déter­miné 3 axes prio­ri­tai­res au regard des mis­sions d’un CNP asso­ciant à la fois la vision du ser­vice rendu au regard des besoins de la popu­la­tion, les com­pé­ten­ces métiers de la pro­fes­sion insé­rées dans le par­cours de soins des popu­la­tions et les évolutions tant inter-pro­fes­sion­nel­les que socié­ta­les (démo­cra­tie sani­taire).

1/ Améliorer l’accès aux soins des populations notamment par l’accès à des soins infirmiers en 1ère recours

 Evaluation ini­tiale de pre­mier recours et suivi des per­son­nes dans le champ des soins cou­rants et de la chro­ni­cité (éducation à la santé, éducation thé­ra­peu­ti­que).
 Développement des consul­ta­tions infir­miè­res de 1ère ligne et de 2ème ligne.
 Introduction de l’infir­mière de famille ou d’infir­mière réfé­rente.

2/ Construire les organisations autour des parcours de santé et de soin des personnes tout au long de la vie

 Organisation du par­cours de santé d’une per­sonne au centre de l’évolution du dis­po­si­tif.
 Réactualisation du décret d’exer­cice de la pro­fes­sion infir­mière basée sur la fina­lité, les moda­li­tés et l’évolution des com­pé­ten­ces pro­fes­sion­nel­les au ser­vice de la popu­la­tion.
 la prise en compte des pro­ces­sus de soins dans la défi­ni­tion des orga­ni­sa­tions en ville et à l’hôpi­tal favo­ri­sant la prise en charge glo­bale et la pré­ven­tion des ris­ques asso­ciés aux soins.
 l’infor­ma­tion des usa­gers de la santé et la co-cons­truc­tion des pro­jets thé­ra­peu­ti­ques per­son­na­li­sés.

3/ Construire les contenus des enseignements universitaires nécessaires à la mise en œuvre sécuritaire et spécifique des interventions infirmières

 Développement ren­forcé d’un corps pro­fes­so­ral uni­ver­si­taire infir­mier.
 Intégration des prio­ri­tés ter­ri­to­ria­les en matière de santé dans l’accès à l’offre de for­ma­tions pour les acteurs de santé du domi­cile, des entre­pri­ses, des milieux d’ensei­gne­ments et des établissements de soins.

La contri­bu­tion inté­grale est en télé­char­ge­ment ci-des­sous, ainsi que sur le site du CNPI https://cnp-infir­mier.fr/

Les orga­ni­sa­tions infir­miè­res fon­da­tri­ces du Conseil National Professionnel Infirmier sont :
 Académie des Sciences infir­miè­res (ASI)
 Association Française des Directeurs de Soins (AFDS)
 Association Française des Infirmiers en Cancérologie (AFIC)
 Association Française des Infirmier(e)s de Dialyse, Transplantation, Néphrologie (AFIDTN)
 Association Nationale des Infirmières et Infirmiers Diplômés et des Étudiants (ANFIIDE)
 Association Nationale des Infirmiers et de sapeurs pom­piers (ANISP)
 Convergence Infirmière (CI)
 Coordination Nationale Infirmière (CNI)
 Fédération Nationale des Infirmiers (FNI)
 Syndicat National des Infirmier.e.s Conseiller.e.s en Santé (SNICS)
 Syndicat National des Infirmiers et Infirmières éducateurs de santé (SNIES)
 Syndicat National des Infirmières et Infirmiers Libéraux (Sniil)
 Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI).

Préambule – Prérequis et métho­do­lo­gie d’élaboration

Contributions s’inté­grant en com­plé­ment de celles for­ma­li­sées par les orga­ni­sa­tions de la pro­fes­sion (asso­cia­tions infir­miè­res, syn­di­cats infir­miers, conseils natio­naux pro­fes­sion­nels de la pro­fes­sion CNP, …) et recher­chant à cibler les prio­ri­tés pour le col­lec­tif infir­mier quel que soit le mode et lieu d’exer­cice.

Propositions devant s’inté­grer dans le mandat d’un CNP, notam­ment pour nous CNPI (cf. Article 2 des sta­tuts) : Le CNPI a pour but d’appor­ter la meilleure réponse pos­si­ble aux besoins de santé de la popu­la­tion ainsi que des per­son­nes dans une vision struc­tu­rante et inno­vante de la pro­fes­sion infir­mière. Il contri­bue notam­ment à l’amé­lio­ra­tion des pro­ces­sus de prise en charge, à la qua­lité et à la sécu­rité des soins ainsi qu’à la com­pé­tence des pro­fes­sion­nels tant dans les domai­nes de la pro­mo­tion de la santé, de la pré­ven­tion, de l’éducation à la santé, que dans la dis­pen­sa­tion de soins de base, tech­ni­ques, éducatifs et rela­tion­nels".

Base de la réflexion conduite à partir des notes prises lors la visio-confé­rence de lan­ce­ment du Ségur de la santé le 25.05.2020, des annon­ces et paru­tions asso­ciées depuis, mise en pers­pec­tive au regard :
  des besoins de la popu­la­tion en matière d’accès aux soins, notam­ment dans les contex­tes de pré­ca­rité sociale, de santé men­tale, de chro­ni­cité, de vieillis­se­ment, de la petite enfance et de la santé des jeunes,
  des fon­da­men­taux en soins infir­miers inté­grant la per­sonne, la santé, l’envi­ron­ne­ment, le soin dans le rai­son­ne­ment cli­ni­que à la base des moda­li­tés de l’inter­ven­tion pro­po­sée,
  des argu­men­tai­res d’évolution portés par les dif­fé­ren­tes orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nel­les depuis plu­sieurs années concer­nant le rôle, les mis­sions et l’uti­lité sociale des infir­miè­res dans le sys­tème de santé,
  des com­pé­ten­ces déve­lop­pées (for­ma­tion ini­tiale, for­ma­tion conti­nue, expé­rien­ces et exper­ti­ses cli­ni­ques, ensei­gne­ment, recher­che, mana­ge­ment, inno­va­tions, numé­ri­que, sys­tème d’orga­ni­sa­tions,…) dans les dif­fé­rents modes d’exer­cice des infir­miè­res géné­ra­lis­tes comme des spé­cia­li­sées,
  du ser­vice rendu à la popu­la­tion par les infir­miè­res dans les dif­fé­rents lieux et modes d’exer­cice,
  des dif­fi­cultés de mise en œuvre des dif­fé­rents champs d’inter­ven­tions infir­miè­res inté­grant les domai­nes de la pro­mo­tion de la santé, de la pré­ven­tion, du main­tien, de la res­tau­ra­tion et de l’accom­pa­gne­ment,
  de la sous-uti­li­sa­tion des res­sour­ces infir­miè­res dis­po­ni­bles, notam­ment dans le champ de la pré­ven­tion com­mu­nau­taire, de la pro­mo­tion de la santé, de l’éducation et de l’orien­ta­tion dans le par­cours de soin,
  des évolutions des métiers tant dans le champ sani­taire que médico-social, entraî­nant des com­plé­men­ta­ri­tés béné­fi­ques au pren­dre soin et à l’auto­no­mie des per­son­nes mais aussi des pra­ti­ques pluri-pro­fes­sion­nel­les,
  d’accès aux don­nées de santé d’une per­sonne soi­gnée res­tant aléa­toire entre les dif­fé­rents pro­fes­sion­nels inter­ve­nant dans son par­cours de soin,
  des méconnais­san­ces per­du­rant sur les moda­li­tés d’inter­ven­tions effec­tuées par les pro­fes­sion­nels de ville et par les pro­fes­sion­nels des dif­fé­ren­tes struc­tu­res de soins, notam­ment l’hôpi­tal, impac­tant les orga­ni­sa­tions, la mise en lien, la réac­ti­vité voire la cohé­rence des répon­ses appor­tées en matière de santé,
  de la néces­sité d’œuvrer pour une dyna­mi­que opé­rante de par­cours de santé et de soins, basée sur la per­sonne et non le lieu de soin.

Lors du CA du 10 juin 2020, le CNPI a déter­miné 3 axes prio­ri­tai­res au regard des mis­sions d’un CNP asso­ciant à la fois la vision du ser­vice rendu au regard des besoins de la popu­la­tion, les com­pé­ten­ces métiers de la pro­fes­sion insé­rées dans le par­cours de soins des popu­la­tions et les évolutions tant inter-pro­fes­sion­nel­les que socié­ta­les (démo­cra­tie sani­taire).

1/ Améliorer l’accès aux soins des popu­la­tions notam­ment par l’accès à des soins infir­miers en 1ère recours

o Renforcement de la pro­mo­tion de la santé, de l’éducation de la santé et des aspects com­mu­nau­tai­res asso­ciés (indi­vidu, famille, groupe de per­son­nes),

o Accès direct de l’usager pour une évaluation ini­tiale de pre­mier recours et suivi des per­son­nes dans le champ des soins cou­rants et de la chro­ni­cité (patients – public béné­fi­ciaire selon les lieux d’exer­cice), éducation à la santé, éducation thé­ra­peu­ti­que

o Développement des consul­ta­tions infir­miè­res de 1ère ligne et de 2ème ligne (y com­pris en lien avec l’évolution des tech­no­lo­gies – télé­consul­ta­tion/télé exper­tise/télé­sur­veillance/télé soin et régu­la­tion)

o Intégration de l’infir­mière de famille ou de l’infir­mière réfé­rente telle que recom­man­dée dans le pro­gramme « Santé 21 » de l’OMS pour l’Europe et déjà mis en œuvre dans de nom­breux pays, afin d’accom­pa­gner plus effi­ca­ce­ment les patients fra­gi­les et les mala­des chro­ni­ques dans leur par­cours de soins.

o Utilisation des res­sour­ces dis­po­ni­bles au sein de la pro­fes­sion infir­mière acqui­ses par l’expé­rience et les for­ma­tions com­plé­men­tai­res (exper­ti­ses cli­ni­ques infir­miè­res, diplô­mes Universitaires,…)

o Développement d’un socle commun médico-légal per­met­tant de garan­tir de manière sys­té­ma­ti­sée les cons­ta­ta­tions de vio­len­ces intra-famil­lia­les phy­si­ques ou psy­chi­ques (infir­miè­res acteurs sen­ti­nel­les de la société, au même titre que les méde­cins trai­tants et autres pro­fes­sion­nels).

2/ Construire les orga­ni­sa­tions autour des par­cours de santé et de soin des per­son­nes tout au long de la vie

Organiser le sys­tème de santé en inté­grant

o le Parcours de santé d’une per­sonne au centre de l’évolution du dis­po­si­tif, afin d’arti­cu­ler l’accès aux soins avec, en amont, la pré­ven­tion dans le champ de la santé et du champ social et, en aval, l’accom­pa­gne­ment médico-social, sani­taire et social favo­ri­sant l’auto­no­mie, le main­tien et le retour à domi­cile tant en situa­tion aigue qu’en situa­tion chro­ni­que et/ou de fin de vie.

o la proxi­mité ter­ri­to­riale favo­ri­sant le tra­vail en réseau, la com­plé­men­ta­rité des mis­sions et com­pé­ten­ces de chaque pro­fes­sion­nel et la mise en œuvre coor­don­née des par­cours de santé,

o la trans­for­ma­tion des métiers au regard des besoins de la popu­la­tion et leurs évolutions croi­sées tant avec les exper­ti­ses des pro­fes­sion­nels de santé qu’avec celles notam­ment des pro­fes­sion­nels du champ social et l’opti­mi­sa­tion des coo­pé­ra­tions inter­pro­fes­sion­nel­les,

o la réac­tua­li­sa­tion du décret d’exer­cice de la pro­fes­sion infir­mière basée sur la fina­lité, les moda­li­tés et l’évolution des com­pé­ten­ces pro­fes­sion­nel­les au ser­vice de la popu­la­tion (rôle auto­nome, sur pres­crip­tion, en col­la­bo­ra­tion) dans les dif­fé­rents domai­nes des soins infir­miers,

o le déploie­ment du dos­sier patient unique opti­mi­sant les répon­ses multi-pro­fes­sion­nel­les,

o l’accom­pa­gne­ment du ren­for­ce­ment des com­pé­ten­ces infir­miè­res leur per­met­tant d’inter­ve­nir dans le cadre des tech­no­lo­gies notam­ment la télé­mé­de­cine, la télé­consul­ta­tion, la télé exper­tise (consul­ta­tion infir­mière de 1ère et de 2ème ligne inté­grées au dis­po­si­tif ren­for­çant les com­pé­ten­ces mobi­li­sa­bles),

o la mise en œuvre de moyens de télé­diag­nos­tic en com­plé­ment de la réa­li­sa­tion d’un examen cli­ni­que infir­mier, notam­ment dans le cadre de l’urgence, favo­ri­sant la pré-orien­ta­tion dans le par­cours de soins et la coor­di­na­tion des prises en charge,

o la prise en compte des pro­ces­sus de soins dans la défi­ni­tion des orga­ni­sa­tions en ville et à l’hôpi­tal favo­ri­sant la prise en charge glo­bale (non la réa­li­sa­tion d’actes en série), la coor­di­na­tion, le temps d’élaboration d’un projet de soin et d’une évaluation cli­ni­que par­ta­gée (temps de trans­mis­sions inter-pro­fes­sion­nel­les notam­ment), l’orga­ni­sa­tion du tra­vail en binôme infir­mière/aide-soi­gnante et la pré­ven­tion des ris­ques asso­ciés aux soins.

o la refonte de la gou­ver­nance des établissements de santé inté­grant un mana­ge­ment hos­pi­ta­lier plus par­ti­ci­pa­tif aidant à recréer la col­lé­gia­lité dans l’élaboration des déci­sions, notam­ment en favo­ri­sant l’évolution des ins­tan­ces en lieux d’échanges, de débats et de concer­ta­tions pluri pro­fes­sion­nel­les. (pour exem­ple, fusion de la CSIRMT et de la CME avec une exten­sion du pou­voir de déci­sion concer­tée).

o le main­tien et le ren­for­ce­ment de la place des cadres de santé (notam­ment de filière infir­mière) afin de pour­sui­vre l’évaluation des pra­ti­ques et le suivi per­ma­nent des condi­tions sécu­ri­tai­res de la pro­duc­tion des soins, dans les établissements de soin (hôpi­taux, cli­ni­ques, EHPAD…).

o l’infor­ma­tion des usa­gers de la santé et la co-cons­truc­tion des pro­jets thé­ra­peu­ti­ques per­son­na­li­sés.

3/ Construire les conte­nus des ensei­gne­ments uni­ver­si­tai­res néces­sai­res à la mise en œuvre sécu­ri­taire et spé­ci­fi­que des inter­ven­tions infir­miè­res

o Développement ren­forcé d’un corps pro­fes­so­ral uni­ver­si­taire infir­mier.

o Alternance théo­ries/pra­ti­ques en stages avec des condi­tions de tuto­rat (temps dédié financé) et de pro­fes­sion­na­li­sa­tion inté­grées quel que soit le niveau de for­ma­tion (ini­tiale, post-DE).

o Construction des plans de for­ma­tions pour les para­mé­di­caux des dépar­te­ments médico-uni­ver­si­tai­res des struc­tu­res hos­pi­ta­liè­res en adé­qua­tion avec le ren­for­ce­ment et l’évolution des com­pé­ten­ces.

o Intégration des prio­ri­tés ter­ri­to­ria­les en matière de santé dans l’accès à l’offre de for­ma­tions pour les acteurs de santé du domi­cile, des entre­pri­ses, des milieux d’ensei­gne­ments et des établissements de soins.

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