Des infirmières méprisées et brisées quittent la profession

23 août 2023

Comment s’étonner que des infir­miè­res sous-payées, en sous-effec­tif, agres­sées par des patients et leurs famil­les, et sou­vent vic­ti­mes de mal­trai­tance ins­ti­tu­tion­nelle ne res­tent pas à l’hôpi­tal ?

Près d’une infir­mière hos­pi­ta­lière sur deux a quitté l’hôpi­tal ou changé de métier après dix ans de car­rière, selon une étude de la DREES (direc­tion de la recher­che, des études, de l’évaluation et des sta­tis­ti­ques, le ser­vice sta­tis­ti­que du minis­tère de la Santé) parue en août 2023 :
https://drees.soli­da­ri­tes-sante.gouv.fr/publi­ca­tions-com­mu­ni­que-de-presse/etudes-et-resul­tats/pres-dune-infir­miere-hos­pi­ta­liere-sur-deux

Face à la pénu­rie, pour rendre l’hôpi­tal attrac­tif, le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI demande un « plan Marshall » en trois points : les ratios de patients par infir­mière, les condi­tions de tra­vail, et les salai­res.

1) Les infir­miè­res sont sous-payées

Le Ségur de la santé nous a fait passer de moins 20% sous le salaire infir­mier euro­péen à moins 10%. Nous res­tons exploi­tées, d’où la ten­ta­tion d’aller tra­vailler en Belgique (+30%) ou en Suisse (salaire brut doublé).

"Les soi­gnants, qui tra­vaillent sans relâ­che pour offrir les meilleurs soins à la popu­la­tion, récla­ment une rému­né­ra­tion à la hau­teur de l’impor­tance vitale de leur tra­vail, de leur niveau de com­pé­tence, de for­ma­tion et de res­pon­sa­bi­lité." déclare Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmier SNPI. "Il faut également revoir le finan­ce­ment des contrain­tes (tra­vail de nuit, le week-end,..) : un euro l’heure de nuit, c’est mépri­sant. Nous ne deman­dons pas l’aumône."

2) Les infir­miè­res sont en sous-effec­tif

"Les normes inter­na­tio­na­les sont de 6 à 8 patients par infir­mière. En France nous sommes sou­vent le double. Ces condi­tions de tra­vail indi­gnes font fuir les soi­gnants. Malgré les PowerPoint sur le bien-être au tra­vail, la qua­lité de vie au tra­vail, la bien­veillance…, à l’hôpi­tal la réa­lité est très noire. Alors qu’il y a déjà 60 000 postes infir­miers vacants et que 10% des soi­gnants sont en mala­die, épuisement, dépres­sion, bur­nout, il y a urgence à agir. Nous avons besoin d’un plan Marshall sur sauver l’hôpi­tal, avec des ratios com­pa­ti­bles avec la qua­lité des soins, une reva­lo­ri­sa­tion des salai­res, et une amé­lio­ra­tion des condi­tions de tra­vail" Thierry Amouroux porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.

Certains pen­sent qu’en raison de la pénu­rie, il n’est pas pos­si­ble d’implan­ter des ratios de patients par infir­mière. Au contraire, ces der­niers don­ne­ront l’impul­sion néces­saire pour atti­rer et rete­nir les soi­gnants.

À la suite de l’implan­ta­tion des ratios en Californie, les postes vacants ont dimi­nué de 69%, les acci­dents de tra­vail ont dimi­nué de 31,6% chez les infir­miè­res. De plus, le nombre d’infir­miè­res a aug­menté en moyenne de 10 000 par an.

En Australie, dans l’État de Victoria, la cam­pa­gne gou­ver­ne­men­tale accom­pa­gnant la mise en place d’une loi sur les ratios a permis, après six ans, le retour de 7000 infir­miè­res dans le ser­vice public.

Ce sont les condi­tions de tra­vail et de pra­ti­que pro­fes­sion­nelle qui font fuir les pro­fes­sion­nels infir­miers ou qui les obli­gent à quit­ter leur pro­fes­sion. Les ratios pro­fes­sion­nels en soins/patients sont la mesure struc­tu­rante pour atti­rer et rete­nir le per­son­nel soi­gnant.

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC alerte régu­liè­re­ment sur le dou­ble­ment de la charge de tra­vail infir­mier depuis 10 ans. "Le tra­vail s’est den­si­fié, au regard de la crois­sance et de la modi­fi­ca­tion de l’acti­vité, carac­té­ri­sée par un virage ambu­la­toire, une aug­men­ta­tion de la sévé­rité des séjours et de l’âge moyen des patients en hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète et une contrac­tion de la durée moyenne de séjour."

Afin de garan­tir la sécu­rité des soins autant que l’égalité de trai­te­ment des patients, cer­tains ser­vi­ces cri­ti­ques sont soumis par le code de la santé publi­que à des ratios normés d’infir­miers au lit, de manière à ne pas dépen­dre de l’appré­cia­tion par chaque hôpi­tal du niveau de pré­sence consi­déré comme normal et suf­fi­sant. Pour fidé­li­ser et recru­ter, il est impé­ra­tif de fixer des ratios au lit de pré­sence infir­mière dans tous les ser­vi­ces.

3) Les condi­tions de tra­vail sont inac­cep­ta­bles

Rappels sur repos, heures sup­plé­men­tai­res, refus de temps par­tiel, chan­ge­ments d’horai­res, etc… Et mise en insé­cu­rité pro­fes­sion­nelle : "Pour pal­lier une absence, un infir­mier peut passer du jour au len­de­main de la cardio à la neuro. Pour la direc­tion c’est la poly­va­lence. Les soi­gnants déjà débor­dés n’ont pas le temps de nous former et une erreur de soins est pos­si­ble. Pour une infir­mière c’est du stress, de l’insé­cu­rité pro­fes­sion­nelle et un mépris des com­pé­ten­ces : nous ne sommes pas des pions. On ne peut plus arri­ver au boulot la boule au ventre avec la crainte de faire un mau­vais geste et de mettre en danger les patients."

Perte de sens : "Chaque patient est unique et doit être traité comme tel. Mais on a trans­formé l’hôpi­tal en usine à soins. Cela nie tout ce qui fait le cœur du métier. Le patient n’est pas un objet de soins : il a des peurs, il a des ques­tions. Nous devons expli­quer la mala­die et le trai­te­ment. Ce tra­vail d’éducation, de rela­tion d’aide, d’accom­pa­gne­ment ne rentre pas dans les cases de l’admi­nis­tra­tion. » Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI

Notre sys­tème de santé souf­fre de dys­fonc­tion­ne­ments impor­tants. Les équipes de soins sont sur­char­gées et épuisées depuis de nom­breu­ses années. Cette situa­tion fait en sorte qu’elles se retrou­vent, bien malgré elles, dans l’obli­ga­tion de prio­ri­ser des soins lorsqu’elles ne sont pas en mesure de tous les donner. Au bout du compte, ce sont les patients et les per­son­nes pro­ches aidan­tes qui en souf­frent. La crise de la COVID-19 a levé le voile sur une situa­tion inac­cep­ta­ble qui per­dure depuis trop long­temps.

35 infir­miè­res sont agres­sées chaque jour dans les hôpi­taux, selon L’obser­va­toire natio­nal des vio­len­ces en milieu de santé (ONVS). Pour le SNPI, il n’est pas admis­si­ble que des soi­gnants soient insul­tés et mal­trai­tés. Les infir­miè­res met­tent également en avant un sen­ti­ment d’insé­cu­rité lorsqu’elles pren­nent ou quit­tent leur poste.

Nous devons pou­voir comp­ter sur une garan­tie de niveau de soins qui ne soit pas tri­bu­taire des com­pres­sions bud­gé­tai­res, avec un ONDAM infé­rieur de moitié au besoin des hôpi­taux, lente asphyxie finan­cière votée chaque année lors de la loi de finan­ce­ment de la sécu­rité sociale LFSS.

Presse :
 PRÈS D’UNE INFIRMIÈRE SUR DEUX A QUITTÉ L’HÔPITAL OU CHANGÉ DE MÉTIER APRÈS DIX ANS DE CARRIÈRE
https://www.bfmtv.com/sante/pres-d-une-infir­miere-sur-deux-a-quitte-l-hopi­tal-ou-change-de-metier-apres-dix-ans-de-car­riere_AN-202308240031.html
 Santé : près d’une infir­mière hos­pi­ta­lière sur deux a quitté l’hôpi­tal ou changé de métier après dix ans de car­rière
https://www.fran­cet­vinfo.fr/sante/hopi­tal/crise/sante-pres-d-une-infir­miere-hos­pi­ta­liere-sur-deux-a-quitte-l-hopi­tal-ou-change-de-metier-apres-dix-ans-de-car­riere_6021836.html
 Après dix ans passés à l’hôpi­tal, près d’une infir­mière sur deux pré­fère partir
https://www.tf1info.fr/sante/apres-dix-ans-passes-a-l-hopi­tal-pres-d-une-infir­miere-sur-deux-pre­fere-partir-selon-une-etude-de-la-drees-2267500.html
 Près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal au bout de dix ans de car­rière
https://www.lepa­ri­sien.fr/societe/sante/pres-dune-infir­miere-sur-deux-quitte-lho­pi­tal-au-bout-de-dix-ans-de-car­riere-24-08-2023-WMLFN6P7HNANFOHR42DRKJCIZ4.php
 Le SNPI réclame un plan Marshall pour les infir­miè­res
https://www.cadu­cee.net/actua­lite-medi­cale/16190/le-snpi-reclame-un-plan-mar­shaal-pour-les-infir­mie­res.html
 Près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal après dix ans de car­rière, selon la Drees
https://www.sudouest.fr/france/pres-d-une-infir­miere-sur-deux-quitte-l-hopi­tal-apres-dix-ans-de-car­riere-selon-la-drees-16368782.php
 Pourquoi ces infir­miè­res hos­pi­ta­liè­res quit­tent l’hôpi­tal après dix ans de car­rière, selon la Dress
https://www.huf­fing­ton­post.fr/life/arti­cle/pour­quoi-les-infir­mie­res-hos­pi­ta­lie­res-quit­tent-l-hopi­tal-apres-dix-ans-de-car­riere-selon-la-dress_222145.html
 Les infir­miè­res sont de plus en plus nom­breu­ses à quit­ter l’hôpi­tal
https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethi­que/infir­mie­res-sont-nom­breu­ses-quit­ter-lho­pi­tal-2023-08-24-1201279896
 Près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal après dix ans de car­rière, selon la Drees
https://www.lepoint.fr/societe/pres-d-une-infir­miere-sur-deux-quitte-l-hopi­tal-apres-dix-ans-de-car­riere-selon-la-drees-24-08-2023-2532616_23.php
 Près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal après dix ans de car­rière, selon la Drees
https://www.elle.fr/Societe/News/Pres-d-une-infir­miere-sur-deux-quitte-l-hopi­tal-apres-dix-ans-de-car­riere-selon-la-Drees-4145161
 Près d’une infir­mière hos­pi­ta­lière sur deux a quitté l’hôpi­tal ou changé de métier après dix ans de car­rière
https://www.fran­ce­bleu.fr/infos/sante-scien­ces/pres-d-une-infir­miere-hos­pi­ta­liere-sur-deux-a-quitte-l-hopi­tal-ou-change-de-metier-apres-dix-ans-de-car­riere-6567648
 Près de la moitié des infir­miè­res quit­tent l’hôpi­tal après dix ans
https://www.jim.fr/en_direct/pro_societe/e-docs/pres_de_la_moitie_des_infir­mie­res_quit­tent_lho­pi­tal_apres_dix_ans_198579/docu­ment_actu_pro.phtml
 Près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal après dix ans de car­rière
https://www.infir­miers.com/aides-soi­gnants-ap/actua­li­tes/pres-dune-infir­miere-sur-deux-quitte-lho­pi­tal-apres-dix-ans-de-car­riere
 Près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal après dix ans de car­rière, selon une étude
https://www.nice­ma­tin.com/sante/pres-d-une-infir­miere-sur-deux-quitte-l-hopi­tal-apres-dix-ans-de-car­riere-selon-la-drees-868518
 Santé : près de 50 % des infir­miè­res quit­tent l’hôpi­tal après 10 ans de tra­vail selon une étude
https://www.lade­pe­che.fr/2023/08/24/sante-pres-de-50-des-infir­mie­res-quit­tent-lho­pi­tal-apres-10-ans-de-tra­vail-selon-une-etude-11412353.php
 Près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal après dix ans de car­rière, selon la Drees
https://www.ouest-france.fr/sante/hopi­tal/pres-dune-infir­miere-sur-deux-quitte-lho­pi­tal-apres-dix-ans-de-car­riere-selon-la-drees-0c28f00e-4277-11ee-9ca9-9346887b0aa5
 Près d’une infir­mière sur cinq s’ins­talle en libé­ral après dix ans de car­rière à l’hôpi­tal
https://www.egora.fr/actus-pro/para­me­di­caux/81966-pres-d-une-infir­miere-sur-cinq-s-ins­talle-en-libe­ral-apres-dix-ans-de
 Fuite : Après dix ans de car­rière, près de la moitié des infir­miè­res hos­pi­ta­liè­res ont jeté l’éponge
https://www.libe­ra­tion.fr/societe/sante/apres-dix-ans-de-car­riere-pres-de-la-moitie-des-infir­mie­res-hos­pi­ta­lie­res-ont-jete-leponge-20230824_NVATMZZA5BCBVFIHEZAH4PNOXM/
 Santé : près d’une infir­mière hos­pi­ta­lière sur deux a quitté l’hôpi­tal ou changé de métier après dix ans de car­rière
https://www.msn.com/fr-fr/actua­lite/france/sant%C3%A9-pr%C3%A8s-d-une-infirmi%C3%A8re-hos­pi­tali%C3%A8re-sur-deux-a-quitt%C3%A9-l-h%C3%B4pital-ou-chang%C3%A9-de-m%C3%A9tier-apr%C3%A8s-dix-ans-de-carri%C3%A8re/ar-AA1fHwJ3
 Sous-payées, pas assez nom­breu­ses... près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal après 10 ans de car­rière
https://www.capi­tal.fr/votre-car­riere/sous-payees-pas-assez-nom­breu­ses-pres-dune-infir­miere-sur-deux-quitte-lho­pi­tal-apres-10-ans-de-car­riere-1477189
 Près d’une infir­mière sur deux quitte l’hôpi­tal après dix ans de car­rière
 Pourquoi ces infir­miè­res hos­pi­ta­liè­res quit­tent l’hôpi­tal après dix ans de car­rière, selon la Dress
https://fr.news.yahoo.com/pour­quoi-infirmi%C3%A8res-hos­pi­tali%C3%A8res-quit­tent-l-094116266.html
https://www.lepro­gres.fr/sante/2023/08/24/pres-d-une-infir­miere-sur-deux-quitte-l-hopi­tal-apres-dix-ans-de-car­rie­res
 Grande démis­sion des infir­miè­res : près de la moitié quitte l’hôpi­tal après dix ans de car­rière
https://www.lavoix­du­nord.fr/1365113/arti­cle/2023-08-24/la-grande-demis­sion-des-infir­mie­res-pres-de-la-moitie-quitte-l-hopi­tal-apres-dix
 Le per­son­nel infir­mier déserte l’hôpi­tal public en masse
https://www.lamar­seillaise.fr/societe/le-per­son­nel-infir­mier-deserte-l-hopi­tal-public-en-masse-MH14571793

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