EHPAD : les compétences soignantes confrontées à la logique comptable

16 avril 2017

En EHPAD, avec l’absence de pré­sence médi­cale conti­nue, l’infir­mière peut donner la pleine mesure de ses com­pé­ten­ces, en auto­no­mie ou sur pres­crip­tion médi­cale.
Hélas, c’est aussi un lieu où des grou­pes finan­ciers recher­chent du profit, et favo­ri­sent glis­se­ment de tâches et sous-effec­tif, aux dépens des rési­dents. Les soi­gnants en souf­france en d’autant plus de méri­tes.

En EHPAD, l’infir­mière se centre sur l’amé­lio­ra­tion de l’état de santé, le main­tien de l’auto­no­mie, tout en pro­di­guant les soins cor­res­pon­dant aux besoins de chacun.

L’EHPAD est un lieu de vie et non un établissement sani­taire. L’infir­mière a un rôle pré­pon­dé­rant dans la défi­ni­tion des objec­tifs à suivre dans le projet d’accom­pa­gne­ment per­son­na­lisé de chaque rési­dent pour conci­lier sou­haits et besoins, pour prio­ri­ser l’auto­no­mie et la qua­lité de vie. Ses connais­san­ces en géria­trie et patho­lo­gies neu­ro­dé­gé­né­ra­ti­ves, lui per­met­tent de pré­ve­nir ou de gérer les trou­bles de com­por­te­ment, et de sti­mu­ler les capa­ci­tés cog­ni­ti­ves.

L’infir­mière doit pou­voir opti­mi­ser son orga­ni­sa­tion pour gérer qua­lité et sécu­rité, pro­mou­voir la bien­trai­tance, la sécu­ri­sa­tion du cir­cuit du médi­ca­ment, l’accueil mais aussi l’accom­pa­gne­ment de fin de vie.

L’Infirmière en EHPAD a des mis­sions com­plexes d’enca­dre­ment, avec un accom­pa­gne­ment des équipes soi­gnan­tes, pour que les pro­jets de soins et de vie de chaque rési­dent cor­res­pon­dent aux recom­man­da­tions de bonnes pra­ti­ques de l’ANESM (Agence natio­nale de l’évaluation et de la qua­lité des établissements et ser­vi­ces sociaux et médi­co‐­so­ciaux).

Travailler en EPHAD, c’est être confronté à de nom­breu­ses mala­dies dif­fé­ren­tes (car­dio­lo­gie, pneu­mo­lo­gie, chi­rur­gie, can­cé­ro­lo­gie…) : cette diver­sité néces­site un esprit d’ana­lyse, et une grande réac­ti­vité. Avec son regard cli­ni­que, l’infir­mière doit juger s’il est néces­saire de faire appel au méde­cin, qui n’est pas conti­nuel­le­ment pré­sent dans l’établissement.

En l’absence de l’infir­mière coor­di­na­trice, les week-ends ou lors des congés, l’infir­mière doit pren­dre les déci­sions et orga­ni­ser la charge de tra­vail de l’équipe, afin d’opti­mi­ser la prise en charge des rési­dents.

Hélas, en rédui­sant les moyens, les action­nai­res et les direc­tions loca­les amè­nent à une mal­trai­tance ins­ti­tu­tion­nelle, qui débou­che sur une souf­france au tra­vail. Faute de bras, de non-rem­pla­ce­ment ou de recours impor­tant aux CDD, les équipes souf­frent.

Malgré leur inves­tis­se­ment, les soi­gnants n’ont plus assez de temps pour aider à la toi­lette. Des per­son­nes âgées doi­vent manger en 10 minu­tes ou porter des pro­tec­tions uri­nai­res alors qu’elles pour­raient aller aux toi­let­tes. Elles sont insuf­fi­sam­ment accom­pa­gnées à la marche et sont contrain­tes de rester en fau­teuils rou­lants ou alors elles sont ali­tées trop d’heures.

Du coté des tutel­les, l’ARS rai­sonne de façon pure­ment comp­ta­ble, alors que 90% des établissements man­quent de per­son­nel. Le méconten­te­ment des famil­les (15%) est d’autant plus fort que le coût de la pen­sion est élevé.

Voir également :
 - Mutualisation : une infir­mière de nuit pour 3 EHPAD soit 300 rési­dents http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Mutualisation-une-infir­miere-de-nuit-pour-3-EHPAD-soit-300-resi­dents.html
 EHPAD et mal­nu­tri­tion : mal­trai­tance ins­ti­tu­tion­nelle http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/EHPAD-et-mal­nu­tri­tion-mal­trai­tance-ins­ti­tu­tion­nelle.html
 Infirmière en EHPAD : fiche de poste http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Infirmiere-en-EHPAD-fiche-de-poste.html
 L’infir­mière coor­di­na­trice ou réfé­rente en EHPAD : http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/L-infir­miere-coor­di­na­trice-ou.html
 Dossier EHPAD : http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/-Nouvelle-Gouvernance-.html

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