Interview du Président du SNPI dans "Le Point"

20 janvier 2008

Article paru dans le magazine "Le Point" du 17.01.08.

Interview de Thierry Amouroux, Président du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC) :
Ce n’est pas un métier que l’on fait pour l’argent, mais ce n’est pas du béné­vo­lat non plus. On forme beau­coup d’infir­miers, mais on en use également beau­coup.

Cela vient en grande partie de la non-reconnais­sance des contrain­tes liées à ce métier. Les infir­miers sont de garde un week-end sur deux. Pour cette astreinte, ils sont rému­né­rés 45 euros par pres­ta­tion...

Le tra­vail de nuit est payé 1 euro de plus par heure, soit 9 euros de plus par garde, tandis que, dans n’importe quel autre sec­teur, le tra­vail de nuit ou le tra­vail le diman­che est rému­néré en moyenne le double ou le triple du salaire "normal".

Les jours de congés ou de repos sont cons­tam­ment modi­fiés, dépla­cés. En moyenne, les infir­miers comp­ta­bi­li­sent 14 jours d’heures sup­plé­men­tai­res qu’ils peu­vent rare­ment récu­pé­rer et qui ne sont jamais payées. Selon le rap­port Acker, il n’y aurait pas moins de l mil­lion de jours à récu­pé­rer dans la fonc­tion publi­que hos­pi­ta­lière.

Le gou­ver­ne­ment plan­che sur des solu­tions, car il y a urgence : avec 16.000 infir­miers formés par an, il y a encore 2.500 postes vacants en Ile-de-France. Et près de 600 postes vacants, selon l’Assistance publi­que des hôpi­taux de Marseille.

Le minis­tère doit enta­mer des négo­cia­tions en février sur la reconnais­sance uni­ver­si­taire du niveau bac + 3 et sur une éventuelle reva­lo­ri­sa­tion des salai­res. C’est très urgent : quand tous les infir­miers seniors seront à la retraite, il n’y aura plus de trans­mis­sion du savoir sur le ter­rain et la qua­lité des soins se trou­vera remise en ques­tion.

Témoignate recueilli par Camille Lamotte.

SPECIAL RECRUTEMENT : INFIRMIER

De 23.400 euros brut annuels pour un débu­tant à 34.320 euros pour un confirmé.

C’est la pro­fes­sion coup de cœur par excel­lence. Chaque année, une pro­mo­tion de 16.000 nou­veaux infir­miers et infir­miè­res débar­que sur un marché du tra­vail, extrê­me­ment fluide et poly­va­lent. Hôpitaux, cli­ni­ques, pro­fes­sions libé­ra­les, établissements sco­lai­res, et même l’huma­ni­taire... tous les sec­teurs sani­taire et social se les arra­chent. Car il ne cesse d’en man­quer.

La raison de cette pénu­rie de main-d’œuvre ? Un manque de reconnais­sance réelle, par le salaire et par les condi­tions de tra­vail. Exemple : les infir­miers sont diplô­més bac + 3. Mais, pour des rai­sons bud­gé­tai­res, ils ne sont reconnus qu’à hau­teur finan­cière de bac + 2.

Un salaire de départ cor­res­pond à 1.500 euros net, ce qui peut sem­bler satis­fai­sant. Mais au bout de vingt et un ans de car­rière, un infir­mier a déjà atteint son salaire maxi­mal : il gagnera en moyenne 2.200 euros, soit à peine 700 euros de plus que sa toute pre­mière paie, et ce jusqu’à sa retraite.

Les solu­tions de repli finan­cier sont d’autre part peu nom­breu­ses. Car les établissements privés se sont ali­gnés sur les salai­res du public. Et les dif­fi­ci­les condi­tions de tra­vail se char­gent de balayer la moti­va­tion des der­niè­res trou­pes. Résultat, après quel­ques années d’exer­cice, la grande majo­rité des infir­miers d’une pro­mo­tion jet­tent l’éponge et se recy­clent dans un tout autre métier.

D’ici à 2015, 55% des infir­miers devraient partir à la retraite. Laissant der­rière eux une relève quasi exsan­gue : deux tiers des infir­miers auraient moins de cinq ans d’expé­rience.

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