LMD : réaction des puéricultrices de l’ANPDE

10 mars 2009

Lettre ouverte du Conseil d’Administration de l’ANPDE, à l’attention de Madame SOUFFLET-CARPENTIER, Chef du bureau de la démographie et des formations initiales DHOS / RH1

Madame,

Suite à votre mail du 4 mars 2009, l’ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiantes) vous fait part de son posi­tion­ne­ment concer­nant les tra­vaux de réflexion du groupe 1 dit Licence, dans la mise en place du sys­tème LMD des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les.

Notre asso­cia­tion adhère et par­tage les mêmes reven­di­ca­tions que le GIPSI et que l’ensem­ble des signa­tai­res de la péti­tion natio­nale inti­tu­lée : « Nous vou­lons un diplôme de Licence, pas seu­le­ment une reconnais­sance de grade ! », dif­fu­sée lors de cette même réu­nion.

Ainsi, nous réaf­fir­mons notre exi­gence d’un véri­ta­ble diplôme natio­nal de Licence Universitaire, dans le cadre d’une filière com­plète en scien­ces infir­miè­res. Ceci pour ouvrir notre pro­fes­sion dans un domaine de recher­ches offrant d’autres pos­si­bi­li­tés de car­riè­res en sus de celles exis­tan­tes, à savoir pué­ri­cultrice, cadre de santé, IADE et IBODE. Ceci condui­rait à la reconnais­sance des consul­ta­tions infir­miè­res, des infir­miè­res cli­ni­cien­nes, des infir­miè­res spé­cia­lis­tes cli­ni­ques, des infir­miè­res de pra­ti­ques avan­cées...

Dans le même temps, nous récla­mons la reconnais­sance finan­cière de nos pro­fes­sions à leur juste valeur. Nos res­pon­sa­bi­li­tés envers les patients et les enfants sont impor­tan­tes et le droit à l’erreur n’est pas pos­si­ble.

Nous tenons à remer­cier l’inter­ven­tion des étudiants, notam­ment de la FNEK (Fédération Nationale des Etudiants en Kinésithérapie), qui, dans son mail du 5 mars 2009, nous permet de régler les dif­fi­cultés de ne pou­voir attri­buer une Licence Universitaire aux infir­miers en for­ma­tion ini­tiale en raison des main­tiens de quotas dans les ins­ti­tuts de for­ma­tion. Il cite l’arrêté du 23 avril 2002 rela­tif aux études uni­ver­si­tai­res condui­sant au grade de licence, dont l’arti­cle 7 sti­pule : "Lorsque la régle­men­ta­tion pré­voit des condi­tions spé­cia­les d’admis­sion pour l’accès à cer­tai­nes filiè­res, les par­cours cor­res­pon­dants sont soumis aux mêmes exi­gen­ces". Ainsi, selon ce texte offi­ciel, nous ne voyons pas en quoi la sélec­tion repré­sente un pro­blème dans l’attri­bu­tion d’un diplôme de licence uni­ver­si­taire.

Nous savons que ces tra­vaux ne sont pas défi­ni­tifs. Cependant, vous impo­sez une mise en place du nou­veau réfé­ren­tiel de for­ma­tion infir­mière en sep­tem­bre 2009 et nous n’avons qu’une idée très floue de la façon dont vont se dérou­ler les épreuves condui­sant à la vali­da­tion des unités d’ensei­gne­ments. Les contrô­les de connais­san­ces sont indis­pen­sa­bles pour la for­ma­tion de futurs pro­fes­sion­nels de qua­lité. Ils doi­vent donc être clai­re­ment décrits dans les tra­vaux que vous pré­sen­tez.

Le pro­blème majeur du pro­gramme pré­senté concerne les stages. 7 stages sur 3 ans répar­tis sur des pério­des de 10 semai­nes nous parais­sent com­plè­te­ment aber­rants, notam­ment avec les exi­gen­ces sur les 4 ter­rains choi­sis. Comment voulez-vous que des étudiants vali­dent leurs com­pé­ten­ces tech­ni­ques sur 2 stages dans ces condi­tions ? Comment voulez-vous que les étudiants acquiè­rent cette dex­té­rité pro­fes­sion­nelle s’ils ne la pra­ti­quent pas régu­liè­re­ment ?

L’ANPDE prend posi­tion en pro­po­sant que ces stages se décou­pent en stages de 5 semai­nes dans des lieux dif­fé­rents, per­met­tant aux étudiants de décou­vrir plu­sieurs ter­rains pro­fes­sion­nels et de par­faire leur dex­té­rité dans les soins, favo­ri­sant la vali­da­tion de leurs com­pé­ten­ces tech­ni­ques dans 2 stages dif­fé­rents. Ceci éviterait également que les étudiants soient de la main d’œuvre bon marché dans cer­tains lieux de stage man­quant cruel­le­ment de pro­fes­sion­nels de santé.

Concernant ces fameux ter­rains de stage, vous n’êtes pas sans igno­rer que les pro­fes­sion­nels de santé sont en grande souf­france. Les condi­tions de tra­vail sont dif­fi­ci­les, les soi­gnants sont épuisés, l’hôpi­tal est en danger. Votre nou­velle orga­ni­sa­tion de l’enca­dre­ment des étudiants en stage, qui paraît idyl­li­que et d’une qua­lité indis­pen­sa­ble pour former des infir­miers de qua­lité, impli­que la for­ma­tion des pro­fes­sion­nels du ter­rain, mais sur­tout un ren­for­ce­ment des effec­tifs dans les équipes.

Quels vont être les moyens mis en place pour un ensei­gne­ment de qua­lité à l’hôpi­tal ? L’ANPDE attire l’atten­tion des minis­tè­res sur le fait que les IFSI sont peut-être prêts à se lancer dans cette réforme, mais que les pro­fes­sion­nels de ter­rain ne le sont pas de leur côté : ils ne sont pas infor­més, ils ne sont pas formés et les condi­tions de tra­vail dans l’hôpi­tal ne per­met­tent pas un tuto­rat de qua­lité pour les étudiants accueillis. Voici venu l’occa­sion pour le Ministère de la Santé d’écouter les pro­fes­sion­nels qui sont sous sa tutelle et de les pren­dre en consi­dé­ra­tion à leur juste valeur.

Enfin, l’ANPDE s’inquiète. Lors de la der­nière réu­nion du groupe 2 de février 2009, nous avons enten­dons votre refus d’une créa­tion de mas­ters dédiés à notre pro­fes­sion. Vous avez annulé la réu­nion du groupe 2 du 5 mars 2009, sans pro­po­ser à ce jour de nou­velle date de ren­contre. Que vont deve­nir les infir­miè­res pué­ri­cultri­ces et les infir­miers pué­ri­culteurs de France ? Comment allez-vous les inté­grer dans le sys­tème uni­ver­si­taire ? Nous main­te­nons notre posi­tion pour laquelle nous exi­geons une reconnais­sance avec un diplôme uni­ver­si­taire Master, comme pour toutes les spé­cia­li­tés infir­miè­res. Nous tra­vaillons en ce moment même sur nos réfé­ren­tiels de for­ma­tion, dont la mise en œuvre est prévue pour la ren­trée 2010. Nous vous invi­tons à pré­voir notre inté­gra­tion à l’uni­ver­sité par la même occa­sion et à nous reconnaî­tre en tant que pro­fes­sion­nels de qua­lité.

Notre asso­cia­tion défend l’avenir de 13 000 pué­ri­culteurs et pué­ri­cultri­ces. Notre diplôme a 60 ans et nous ne le lais­se­rons pas dis­pa­raî­tre sans agir.

Le Conseil d’Administration de l’ANPDE

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